Numéro Février 2016
Éditorial
Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté…
Cet aphorisme, attribué tantôt à Alain, tantôt à Gramsci, pourrait-il s’appliquer à nous ? Voulons-nous malgré tout rester optimistes, résolument, alors que s’achève à peine 2015, année noire, et que 2016 s’ouvre sur le scandale de Cologne qui implique (ce point n’est malheureusement pas contestable) plusieurs dizaines de demandeurs d’asile et d’immigrants « installés » ? Notre Europe encore inachevée est, de toute évidence, devant un crash test. Sauf qu’un crash test, on s’y prépare.
Au cas présent, c’est l’impréparation qui était au rendez-vous. La faute à nos dirigeants, sans doute, quitte à simplifier. Comme le dit avec sa franchise habituelle Jean-Claude Juncker, cette génération n’a plus de géants, plus de Delors, de Kohl ou de Mitterrand. Cette médiocrité des dirigeants est, de fait, le problème principal de l’Union, celle-ci n’étant pas une fédération achevée. Comme le souligne Jean Quatremer (Libération 17/1) : « Que seraient aujourd’hui les Etats-Unis s’ils avaient continué à être dirigés, comme il était prévu au départ, par un collège de 50 gouverneurs statuant à l’unanimité ? » A contrario, c’est bien l’exemple de la BCE qui nous indique le chemin à suivre : sans son indépendance arrachée de haute lutte, la zone euro aurait sans aucun doute explosé en vol en 2010. Mais aujourd’hui, il n’y a aucun Mario Draghi pour contraindre les Etats à coopérer face à la crise des réfugiés ou à la menace terroriste.
C’est pourquoi au Mouvement Européen nous continuerons d’agir pour créer les conditions d’un fédéralisme européen, qui reste encore à inventer même si nous pouvons en deviner les contours : c’est la seule voie de salut, pour l’Europe et surtout pour les Européens, et ce quel que soit le problème.
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