Deux personnalités extérieures à l'Union européenne s'expriment sur l'Europe
Le président Obama et le pape François ont chacun prononcé en avril un discours qui mérite d’être médité par les Européens.
Obama à Hanovre le 25 avril
« Peut-être vous faut-il quelqu’un d’extérieur, quelqu’un qui n’est pas européen pour vous rappeler la grandeur de ce que vous avez accompli. […] Cela n’a pas été facile. De vieilles animosités ont dû être surmontées. La fierté nationale a dû se conjuguer à un engagement pour le bien commun. Il a fallu répondre à des questions complexes de souveraineté et de partage des responsabilités. Et à chaque pas, il a fallu résister à l’envie de faire marche arrière, de rendre à chaque pays la liberté de suivre son propre chemin. Plus d’une fois les sceptiques ont annoncé l’échec […].
Avec force et détermination, grâce à la puissance de nos idéaux et à la foi en une Europe unifiée, nous n’avons pas simplement mis fin à la guerre froide, nous avons fait triompher la liberté. L’Allemagne a été réunifiée. Vous avez accueilli les nouvelles démocraties dans une « union sans cesse plus étroite ». […] Ce que vous avez fait - plus de 500 millions de personnes parlant 24 langues dans 28 pays, dont 19 avec une monnaie commune - est l’une des plus grandes réalisations politiques et économiques des temps modernes.
Oui, l’unité européenne peut parfois exiger des compromis frustrants. Elle crée de nouvelles strates de pouvoir qui peuvent ralentir les décisions. Je le comprends [...]. Et nous autres Américains sommes connus pour être méfiants à l’égard de tout gouvernement. Nous comprenons combien il doit être facile de se plaindre de Bruxelles. Mais souvenez-vous que chaque membre de votre Union est une démocratie. Ce n’est pas par hasard. Souvenez-vous qu’aucun pays de l’UE n’a pris les armes contre un autre pays membre. Ce n’est pas un hasard. […] »
Le Monde du 27 avril 2016
Déclaration du pape à la population de Lesbos le 16 avril :
« Beaucoup de réfugiés qui se trouvent sur cette île et ailleurs en Grèce vivent dans des conditions critiques, dans un climat d’anxiété et de peur, parfois de désespoir, en raison des difficultés matérielles et de l’incertitude de l’avenir.
Ici en Grèce comme dans d’autres pays d’Europe, les préoccupations des institutions et des personnes sont compréhensibles et légitimes. Il ne faut cependant jamais oublier que les migrants, avant d’être des numéros sont des personnes, des visages, des noms, des histoires. L’Europe est la patrie des droits de l'homme, et quiconque pose le pied sur ce continent devrait pouvoir en faire l’expérience. Ainsi sera-t-il plus conscient de devoir à son tour les respecter et les défendre. Malheureusement, certains dont beaucoup d’enfants n’ont même pas réussi à arriver. Ils ont perdu la vie en mer, victimes de voyages inhumains [...]. Vous, habitants de Lesbos, vous montrez qu’en cette terre, berceau de civilisation, bat encore le cœur d’une humanité qui sait reconnaître avant tout le frère et la sœur, une humanité qui veut construire des ponts et qui renonce à l’illusion de construire des murs pour se sentir plus en sécurité. Les barrières créent des divisions, au lieu d’aider le vrai progrès des peuples, et les divisions provoquent tôt ou tard des conflits. Pour être vraiment solidaires avec celui qui est contraint de fuir de sa propre terre, il faut travailler pour supprimer les causes de cette dramatique réalité. Il ne suffit pas de faire face à l’urgence du moment, il faut développer des politiques de longue haleine, qui ne soient pas unilatérales ».
Vatican Information Service. www.vis.va