Numéro Juillet - Août 2016
Éditorial
ETRE OU NE PAS ÊTRE (DANS L’UNION), C’EST LÀ LA QUESTION ! (monologue de Hamlet, de Shakespeare)
Quelles leçons tirer du référendum britannique ?
Tout d’abord, la manœuvre politicienne de Cameron s’est retournée contre lui mais, ce qui est plus triste, contre son pays, et aujourd'hui Cameron essaie de retarder les échéances.
Ensuite, le vote a opposé les jeunes aux plus âgés, les diplômés aux travailleurs peu qualifiés, les villes mondialisées et multiculturelles aux zones rurales et aux régions industrielles en déclin.
Paradoxalement, les Britanniques ont voté pour quitter l’Union juste au moment où l'UE correspond exactement à ce qu’ils ont toujours souhaité : un grand marché commercial élargi aux pays d’Europe centrale et orientale, une gouvernance intergouvernementale, un statut spécial leur épargnant la libre-circulation des personnes et préservant leur souveraineté monétaire, l’abandon de toute ambition de défense commune pour l’Union. Mais la plupart des Britanniques ne connaissent l’UE qu’au travers de ce que leur en disent les tabloïds.
Enfin, comme antidote aux difficultés du moment, certains électeurs se réfugient dans un passé mythifié, une Grande Bretagne avec peu d’immigrés, riche de son charbon, de son empire et de sa flotte !
Mais laissons les Britanniques à leur nostalgie, à leurs problèmes internes et parlons d’Europe.
L’Union européenne, telle que nous la connaissons actuellement, est certainement imparfaite, inachevée mais on ne détruit pas une maison imparfaite et inachevée, on l’améliore.
Dans ce monde incertain et dangereux, nous serons plus forts ensemble pour négocier des accords avec le reste de la planète, nous préserver des menaces extérieures, garder nos frontières extérieures communes, traiter dignement les réfugiés, relancer la machine économique, préserver notre environnement…
Il ne faut pas en rester là et nous devons aller plus loin dans un certain nombre de domaines : harmoniser la fiscalité pour éviter une concurrence stérile entre Etats membres de l’Union européenne, mettre en place un socle commun de droits sociaux transférables d’un pays à l’autre, donner un contenu plus tangible à la citoyenneté européenne, donner à l’Union un budget permettant des transferts conséquents entre régions, mettre sur pied une politique énergétique commune, construire une défense européenne, surmonter nos égoïsmes nationaux, démontrer que l’Union protège ses citoyens…
Le « Brexit » doit être un électrochoc salutaire qui amène nos dirigeants à avoir enfin une vision d’avenir pour l’Europe.