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L’institution la plus démocratique de l’Union européenne est aussi capable de beaux dénis de démocra


La preuve ? Voici une idée qui circule depuis mal de temps et qui avait acquis une crédibilité nouvelle avec le départ prochain des 73 eurodéputés britanniques : celle de listes transnationales destinées à pourvoir à la proportionnelle une partie de ces sièges lors des élections européennes de 2019, une fois tournée la page du Brexit. Le risque était minime, le symbole était fort.

La majorité du Parlement (368 voix contre 274) n’en a pas voulu. La proposition était soutenue par les écologistes, les libéraux, une large partie du groupe socialiste, une petite partie de la gauche radicale et le Mouvement 5 étoiles (hé oui!). Elle a été rejetée par l’extrême-droite (logique…) par une majorité de la Gauche Unitaire Européenne - GUE (logique aussi, quoique…) et par la quasi-totalité des élus du PPE (centre droit) qui ont pris part au vote, voilà qui est plus dérangeant.

Même sur une petite partie de l’effectif des députés, l’établissement d’une circonscription commune à toute l’Europe aurait de fait encouragé les partis à construire des projets vraiment européens, à prendre en compte les besoins et les situations de toutes les citoyennes et citoyens et non plus seulement des seuls électeurs de leur pays. Lorsqu’on doit se faire élire par tout un continent, on commence à s’intéresser à lui et on cesse d’adapter son discours à des réalités nationales totalement déconnectées du mandat qu’on aura à exercer -une tentation à laquelle nombre de députés français continuent de céder.

Il y avait un espoir -bien faible- que le Conseil européen du 23 mars reprenne l’idée, puisqu’il en avait la compétence, et l’impose au Parlement comme il en a le pouvoir. Non seulement cet espoir a été déçu (le dossier sera retravaillé en vue des élections 2024 : autant créer une Commission pour enterrer le projet !) mais le Conseil européena retoqué le système du « Spitzenkandidat » pour ne pas « se lier les mains » s’agissant de la désignation du prochain président de la Commission.

Un système qui pourtant « a bien marché en 2014 » selon Jean-Claude Juncker (on le comprend !) mais que peut-être le Parlement réussira à imposer malgré tout. Les prochains épisodes ne manqueront pas de sel !

Comme quoi le triangle institutionnel européen peut parfois connaître des faiblesses sur l’un ou l’autre de ses côtés, voire sur les trois !

Jean-Luc Bernet, président du MEF-30

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