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L’Europe de la défense : y penser toujours et n'en parler jamais ?

Nous pourrions reprendre une expression utilisée entre 1871 et 1918 vis à vis de l'Alsace-Moselle et l'appliquer à l'armée européenne : ne pas trop en parler pour éviter les réactions de ceux qui ont toujours combattu cette idée soit par atlantisme soit par pacifisme béat mais y penser toujours pour faire avancer concrètement le dossier au-delà des déclarations.

Réunis le 7 novembre à Paris, les neuf ministres de la défense des pays membres de l’Initiative européenne d’intervention (I.E.I.) ont entériné l’adhésion de la Finlande. L’objectif du groupe est de promouvoir l’autonomie militaire de l’Europe.

Cette réunion a été la première du genre depuis le lancement de l’I.E.I, le 25 juin. Elle réunissait les neuf représentants des ministères de la Défense de leurs pays (France, Allemagne, Danemark, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Estonie, Portugal et Royaume-Uni), et le nouveau membre. L'ordre du jour a porté sur la définition des orientations politiques pour les travaux à venir. La réunion a été précédée par des discussions stratégiques militaires entre les états-majors des pays concernés

La coopération structurée permanente, ou PESCO, déjà adoptée par l’U.E, fournissait un premier cadre de coopération, dans laquelle s’inscrit l’initiative d’intervention militaire à 10. La France, qui souhaite aller plus loin dans la coopération, représente l’armée la plus importante des 27 après la sortie de l’U.E du Royaume-Uni.

Les déclarations en faveur d'une armée européenne se multiplient : après celle de Emmanuel Macron le 6 novembre, on trouve celle d'Angela Merkel le 14 novembre devant le Parlement européen. On ne peut que se réjouir d'entendre parler d'un sujet que les atlantistes balayaient du revers de la main depuis longtemps, plus précisément depuis août 1954 et l'enterrement du projet français de Communauté européenne de défense par l'Assemblée nationale française !

Le manque de fiabilité du président américain Donald Trump a montré enfin aux Européens qu'il fallait se prendre en charge. Mais il reste un long chemin à parcourir :

[if !supportLists]– [endif]Convaincre les Allemands d'abandonner pour la bonne cause un pacifisme viscéral qui les empêche d'envisager leur défense autrement que sous forme d'une sous-traitance à l'OTAN ;

[if !supportLists]– [endif]Rassurer les pays d'Europe centrale et orientale et leur démontrer qu'une armée européenne les protégerait mieux contre les menaces russes que l'installation de bases américaines sur leur territoire et l'achat de matériel militaire américain.

[if !supportLists]– [endif]Amener les pays neutres de l'Union (Autriche, Chypre, Finlande, Irlande, Malte, Suède) à réviser leur doctrine stratégique.

[if !supportLists]– [endif]Montrer aux Américains qu'une armée européenne n'est pas incompatible avec l'OTAN, sous réserve d’acquérir une réelle autonomie stratégique européenne.

[if !supportLists]– [endif]Enfin, définir ce que l'on entend par armée européenne : Politique commune d'achat d'équipements ? Simple addition de contingents nationaux ? Commandement intégré? Armée commune ? Et qu'en est-il du bouton nucléaire ?

Les tweets rageurs de Trump, l'éloignement du Royaume-Uni, les menaces terroristes et les agissements de Poutine en Europe orientale seront les meilleurs carburants pour faire avancer un dossier encalminé depuis plus de 60 ans.

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