La Grèce en chemin vers la laïcité
Au moment où la crise de la dette grecque occupait le devant de la scène, les avantages dont bénéficiait l'Eglise orthodoxe grecque avaient souvent été évoqués: popes payés par l'Etat, pas d'impôt foncier sur les biens de l'Eglise, y compris les biens (importants) sans vocation religieuse: immeubles de bureaux, etc.
Le 6 novembre un accord a été signé à Athènes entre le premier ministre Alexis Tsipras, du parti d'extrême gauche Syriza, et l'archevêque Ieronymos, chef de l'Eglise orthodoxe de Grèce.
Cet accord met fin au statut de fonctionnaires pour les membres du clergé orthodoxe et établit un fonds de gestion des biens de l'Eglise, seuls les lieux de culte restant exonérés de l'impôt foncier. Il doit être approuvé par le Parlement et par le synode de l'Eglise orthodoxe de Grèce.
Alexis Tsipras veut aller plus loin, dans le cadre d'une réforme de la constitution, en supprimant la qualification de "religion dominante" pour la religion orthodoxe, l'Etat devant "être neutre et garantir la liberté de culte de tous les citoyens". En France un tel débat a été tranché depuis longtemps avec la loi de 1905 de séparation entre les églises importantes à l'époque (catholique, protestante, israélite) et l'Etat.
La population grecque est en majorité (57 % d'après les sondages) favorable à cette évolution.
Depuis plus de 30 ans la Grèce a déjà fait des pas successifs vers la laïcité:
- en 1982 introduction du mariage civil
- en 2001, sur demande de l'Union européenne, suppression de la mention de la religion sur les cartes d'identité
- en 2009, suppression de l'obligation des cours de religion orthodoxe pendant la scolarité.
En 2015, acte symbolique: Alexis Tsipras, non marié et dont les enfants ne sont pas baptisés, prête serment sur la constitution plutôt que sur les évangiles comme ses prédécesseurs.