Hongrie: l'Université d'Europe centrale quittera Budapest pour Vienne
L'université fondée en 1991 par George Soros, milliardaire américain né en Hongrie, déménagera à Vienne pour la rentrée 2019. "Un jour noir pour la liberté académique" a déclaré son président le 3 décembre.
Cette "Université d'Europe centrale" est une institution américaine, accréditée à la fois en Hongrie et aux Etats-Unis, qui offre un diplôme américain. L'enseignement est en anglais, il est axé sur le libéralisme économique, la démocratie et les droits de l'homme. L'Université compte 1 500 étudiants d'une centaine de nationalités.
Elle tombe sous le coup d'une loi hongroise d'avril 2017 obligeant les universités étrangères installées en Hongrie à disposer d'un campus avec un enseignement similaire dans leur pays d'origine... une loi taillée sur mesure par Viktor Orban contre George Soros, devenu depuis plusieurs années la cible préférée d'Orban. George Soros, 88 ans, est accusé de vouloir "détruire la civilisation européenne en soutenant l'immigration illégale".
L'Université d'Europe centrale a signé un accord avec le Bard College à New-York pour tenter de se mettre en conformité avec la loi hongroise, mais le gouvernement hongrois refuse de lui donner l'agrément pour maintenir ses activités en Hongrie. C'est pourquoi elle trabsfèrera rapidement ses activités à Vienne, en Autriche.
La Commission européenne s'est dite profondément préoccupée par par ce départ forcé de Hongrie; elle a rappelé avoir en son temps saisi la Cour de justice de l'UE au sujet de la loi hongroise de 2017 sur les universités étrangères, procédure toujours en cours.
Manfred Weber, chef de file actuel du PPE (Parti poupulaire européen) auquel appartient le Fidesz, parti de Viktor Orban, s'est déclaré déçu et a jugé inacceptable que la loi hongroise ait chassé cette université de Hongrie.
Le Département d'Etat américain a qualifié ce départ de perte pour la Hongrie et pour les Etats-Unis.
La députée européenne néerlandaise Judith Sargentini, auteur du rapport par lequel le Parlement européen a récemment demandé le déclenchement d'une procédure de sanctions contre la Hongrie pour "risque de grave violation des valeurs fondatrices de l'Union européenne", a regretté la timidité des réactions des Etats membres de l'UE.