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Retour sur la Coupe du monde de football 2018: un événement très européen!


Excès d'orgueil des Européens, au motif que les demi-finales (Angleterre-Croatie et Belgique-France) et la finale (Croatie-France) ont été entre équipes européennes?

Il y a une autre raison.

Des 22 joueurs qui sont entrés sur le terrain pour la finale:

- les 11 joueurs croates jouaient tous habituellement dans des clubs d'autres pays d'Europe: 4 en Italie, 3 en Espagne, 2 en Angleterre, 1 dans un club "français" (Monaco, il participe au championnat de France) et 1 en Turquie (la Turquie participe à la Coupre d'Europe de football)

- 10 des 11 joueurs français jouaient aussi dans des clubs d'autres pays d'Europe: 4 en Angleterre, 4 en Espagne, 1 en Allemagne et 1 en Italie. Seul Kylian Mbappé joue dans un club français.

Des joueurs sont entrés sur le terrain en cours de match:

- pour la Croatie: 2 joueurs, tous les deux dans des clubs allemands

- pour la France, 3 joueurs, 1 d'un club allemand, 1 d'un club espagnol et 1 d'un club français (Lyon).

Qu'en conclure? Que le "marché" (le fameux "mercato"...) des joueurs de football professionnels est très largement ouvert dans l'espace européen.

Normal direz-vous: c'est une application des quatre libertés de circulation à l'intérieur de l'Union européenne: circulation des personnes, des capitaux, des services et des travailleurs citoyens européens. Or les joueurs professionnels sont légalement des "travailleurs" puisqu'ils sont employés par leurs clubs...

Pourtant jusqu'en 1995 les Fédérations de football des pays européens limitaient le nombre de joueurs étrangers qu'un club professionnel pouvait aligner pour un match de 1ère division: 3 joueurs étrangers + 2 autres joueurs étrangers "ayant joué pendant une période continue de 5 ans dans un club du pays de la Fédération nationale concernée".

C'est un joueur belge, Jean-Marc Bosman, qui a contesté à la fois cette limitation et les règles appliquées jusque-là aux transferts de joueurs d'un club à un autre. Ce joueur, pourtant en fin de contrat avec le club de Liège, se voyait refuser un transfert vers un club français, le club de Liège exigeant du club français une indemnité que ce dernier jugeait au-dessus de ses moyens. Un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne, dit "arrêt Bosman", lui a donné raison, le 15 décembre 1995.

Depuis lors les clubs européens peuvent recruter sans limites des joueurs professionnels citoyens de l'UE, et la France est un "exportateur" important de joueurs... et la Croatie aussi.

Pourquoi autant de joueurs français vont-ils dans des clubs d'autres pays européens? Simplement parce que ces clubs leur offrent des salaires encore plus élevés (et même stratosphériques!) que les clubs français. D'où vient l'argent? Pour la plus grande partie, des droits de diffusion des matchs achetés par les chaïnes de télévision.

Vous ne pensiez pas qu'un joueur gagnant des millions d'€ par an était un "travailleur"? Il l'est au sens du droit du travail...

Pour terminer sur une note plus altruiste: depuis trois ans le club amateur belge Royal Kraainem (près de Bruxelles) accueille et entraîne dans ses équipes des migrants mineurs non accompagnés, le roi de Belgique est venu afficher son soutien à cet accueil en octobre 2018. Ce club n'est sans doute pas le seul parmi les innombrables clubs amateurs de l'Union européenne.

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