Editorial: Les quatre étages
L'heure est à la contestation tous azimuts des pouvoirs et des élites.
Tous les États traversent actuellement des turbulences car l'utilisation massive des réseaux sociaux bouleverse les rapports entre gouvernants et gouvernés. Chacun a l’impression d'obtenir immédiatement ce qu'il veut avec son « smartphone », depuis n'importe quel lieu et à n'importe quelle heure. Les citoyens exigent désormais des relations directes, immédiates et horizontales entre eux et les pouvoirs et que les élus soient « à portée de baffe » !
Ils veulent des réponses immédiates à toutes leurs attentes, comme on l'obtient avec Internet : une pizza à 3 h du matin, la liste des prix Nobel au cours d'un dîner familial... Cela explique le succès des recettes simplistes et à très court terme des populistes. Cette immédiateté des résultats et cette exigence de démocratie directe ne sont pas l'ordinaire d'une machinerie telle que l'Union européenne qui travaille sur le temps long, avec des processus de décision forcément lents pour arriver à mettre d'accord des États n'ayant pas forcément les mêmes intérêts.
Le citoyen peut interagir directement avec le 1er étage de pouvoir, l'étage municipal, en rencontrant assez facilement le maire ou un conseiller municipal, en participant à un conseil de quartier. Le 2ème étage, l'étage régional, est déjà plus difficile à percevoir, surtout avec des régions devenues immenses. Le 3ème étage, le gouvernement national, peut très vite être coupé des citoyens s'il n'y prend pas garde, en raison de la distance géographique et surtout psychologique entre Paris et certaines zones périphériques. De plus le rôle des parlementaires en tant qu’interface est désormais déprécié.
L'Union européenne se situant au 4ème étage de l'édifice démocratique, le citoyen se sent très loin de ce centre de pouvoir dont il connaît mal les compétences et le mode de fonctionnement ; il en conteste même parfois l'utilité.