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" L'Autriche et son action pendant son semestre de présidence du Conseil de l'Union eur


L'ambassade d'Autriche avait depuis longtemps répondu positivement à l'invitation du Mouvement européen Gard, qui tous les 6 mois organise une soirée consacrée au pays qui termine sa présidence du Conseil de l'UE (conseils des ministres européens, par domaines de compétences).

Aucune date n'avait pu être trouvée pour décembre 2018, malis début 2019 le 28 février a été fixé, avec l'avantage que le bilan du semestre est ainsi mieux établi et qu'il y a plus de liberté pour trouver une date, sans la pression et les risques d'annulation pour réunions politiques de la fin de semestre.

Arrivé le 27 au soir, l'ambassadeur Michael LINHART a consacré toute la journée du 28 à sa visite à Nîmes, à la fois studieuse et touristique:

- dès 8h30, rencontre avec le président de la CCI du Gard et l'élue chargée du tourisme, à la CCI

- à 10h, visite des Arènes et aperçu sur la partie ancienne de la ville

- à 11h30, rencontre avec le maire de Nîmes à l'hôtel de ville

- visite du musée de la Romanité

- à 17h rencontre avec le Mouvement européen et l'équipe de la Maison de l'Europe, au local de la Maison de l'Europe, puis à 18h présentation et débat, devant 40 personnes environ. L'ambassadeur a quitté Nîmes en train un peu après 20h.

Au cours de la rencontre avec la CCI, l'ambassadeur a exposé certains caractéristiques de l'Autriche:

- un pays "petit/ moyen" (9 millions d'habitants, 84 000 km2), prospère (n° 3 européen en PIB par habitant), où l'industrie est très présente (machines, chimie, pharmacie...), avec des pépites de renommée mondiale (skis Atomic, transports par câble Doppelmayr, cristaux Swarovski, et de façon plus surprenante: boisson Red Bull, équipement d'embouteillage de Coca-Cola, tondeuses de talus autoroutiers)

- l'importance du partenariat social, avec très peu de mouvements sociaux dans les entreprises. Les CCI (une CCI pour chacune des 9 régions) interviennent dans les négociations sociales, contrairement à ce qui se passe en France

- un pays en pointe pour l'agriculture bio (25 % des terres cultivées sont en bio) et pour les énergies renouvelables

- une organisation globale du tourisme très performante (transports, loisirs, cours de sport, etc), adaptée à l'évolution des attentes des clients tant pour l'été que pour l'hiver (le temps consacré au ski dans la journée est maintenant de 3 ou 4h au lieu de 5/6h il y a 20 ans)

- un commerce avec la France (3ème partenaire commercial de l'Autriche) très positif pour l'Autriche: 6 Mds € exportés et 4 Mds importés par l'Autriche.

La CCI Gard est intéressée par des échanges d'expériences dans trois domaines:

- les énergies renouvelables (le contrat de transition écologique pour le reconversion en Clean Tech Vallée de la zone d'Aramon après fermeture de la centrale EDF au fioul a été signé le 31 janvier 2019)

- l'organisation globale du tourisme, y compris la commercialisation

- l'organisation de l'ensemble de la chaîne de valeur pour l'agriculture biologique.

A l'hôtel de ville le maire de Nîmes a mis en avant les richesses touristiques de Nîmes et sa région et les perspectives de classement au patrimoine mondial pour la Maison carrée (l'ambassadeur d'Autriche en France est également Délégué permanent de l'Autriche auprès de l'UNESCO)

Au local de la Maison de l'Europe la rencontre s'est d'abord faite autour de quelques gâteaux autrichiens préparés avec amour et talent par Colette Mayerl, que l'ambassadeur a félicitée. Tobias, jeune autrichien en Service volontaire européen, a pu dialoguer avec l'ambassadeur.

Ensuite le public a été invité à participer par petites équipes, avec chacune un smartphone, à un jeu de questions sur l'Autriche. L'équipe "Alès" l'a emporté de peu!

Présentation de l'ambassadeur

L'Autriche est très internationalisée: elle a sur son sol 1,4 million d'étrangers et s'est longtemps (jusqu'en 1989) située à l'est de l'Europe occidentale: en distance Vienne est beaucoup plus prés de l'Ukraine que de Paris, Prague est plus à l'ouest que Vienne. Elle est limitrophe de pays qui ont subi des crises importantes et souvent tragiques: Hongrie 1956, Tchécoslovaquie 1968, ex-Yougoslavie 1991-95 (elle a accueilli beaucoup de réfugiés).

Elle est maintenant redevenue un carrefour central pour l'Europe. Elle ne fait pas partie de l'OTAN: sa neutralité a été exigée par l'URSS pour qu'elle soit libérée de l'occupation par les alliés, en 1955.

La population est très attachée à son appartenance à l'UE et le pays a participé aux consultations citoyennes sur l'Europe en 2018. les sondages indiquent: 73 % d'opposition à un éventuel "Östxit" (Österreich exit, sortie de l'Autriche de l'UE), 12% pour... mais une majorité se dit insatisfaite de l'UE. L'ambassadeur en conclut qu'il faut accroître la subsidiarité (décider à l'échelon le plus efficace, ne pas toujours remonter à Bruxelles) pour accroître la confiance de la population dans l'UE et ses institutions.

L'Autriche a présidé le Conseil de l'UE dans un contexte lourd:

- la préparation du Brexit "sur lequel il n'y a plus rien à dire, après le travail remarquable fait par Michel Barnier"

- nombreuses crises au voisinage de l'UE: Ukraine, Transnistrie, Syrie, avec des ambitions nouvelles de certains Etats (Arabie saoudite, Iran, Turquie)

- rivalités économiques USA-Europe, USA-Chine.

Sur le plan strictement européen le contexte n'était pas simple non plus, avec la préparation du prochain cadre financier pluriannuel (2021-2027), sur lequel il y a eu des progrès. Sous le titre général "L'Europe qui protège" les objectifs de la présidence autrichienne étaient: la sécurité et la migration, le maintien de la prospérité et de la compétitivité par la numérisation, la stabilité dans le voisinage - notamment le rapprochement de l’Europe du sud-est (Balkans occidentaux) avec l’UE.

La sécurité repose sur la coopération judiciaire et policière entre les Etats de l'UE, notamment pour lutter contre le terrorisme et contre les migrations illégales; il faut une solution européenne pour les migrations (en 2015 l'Autriche a reçu 90 000 demandes d'asile, ce nombre a fortement diminué: 25 000 en 2017); il y a eu des progrès dans les décisions mais certaines restent à concrétiser. Le renforcement de Frontex est un élément positif.

Compétitivité: l'accent a été mis sur la lutte contre la fraude.

Stabilité régionale: pour l'ambassadeur il faut absolument donner aux pays des Balkans une perspective vers l'UE pour résoudre leurs conflits. En Bosnie-et-Herzégovine seule cette perspective empêche l'éclatement du pays: ce n'est pas pour rien que le ministre russe des affaires étrangères est allé en visite officielle en Bosnie-et-Herzégovine et en Republika Srpska (République serbe de Bosnie)! L'accord avec la Grèce sur le nom de Macédoine du Nord est un élément très positif.

Pour le Brexit le succès est l'unité des 27 qui ne s'est pas fissurée.

De même pour l'environnement: en plus de l'interdiction programmée d'objets jetables en plastique, l'UE a eu une position unifiée à la COP24 à Katowice en décembre 2018.

L'ambassadeur conclut que "L'Union européenne est un projet en progression continue, même s'il existe des tensions entre Nord et Sud et entre Est et Ouest. Il faut plus d'Europe plus unie et plus compétitive".

Dans ses réponses à de nombreuses questions il a exposé que:

- la Moldavie (y compris la Transnistrie) est dans les pays prioritaires pour les aides européennes; Il faut que la Moldavie soit soutenue pour pouvoir vivre en bon voisinage avec l'UE et avec la Russie

- la coalition gouvernementale actuelle (qui inclut un parti d'extrême droite) est européenne dans son accord de coalition et son programme de gouvernement. L'accord de coalition est respecté, des réformes importantes ont été adoptées, la population soutient le gouvernement. Contrairement à ce qui s'était passé en 2000 il n'y a pas eu de sanctions de l'UE contre la participation de l'extrême droite: peut-être parce que la Commission et les autres pays ont « appris » qu'il pouvait être difficile de sortir d'une situation de sanctions, et parce que la coalition actuelle n’est pas une menace pour le projet européen ni pour l’euro: "même notre extrême droite est européenne"

- pour juger de la pertinence d'éventuelles entrées dans l'UE de pays des Balkans, il faut bien être conscient que si l'UE ne leur ouvre pas la porte ces pays se tourneront vers d'autres puissances protectrices, pas forcément amicales vis-à-vis de l'UE. Où en serions-nous d'ailleurs si la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie, la Slovaquie et la Tchéquie n'étaient pas dans l'UE?

- l'immigration permet à l'Autriche d'avoir une démographie positive. L'Autriche est contre les passeurs, pas contre l'immigration légale.

- il n'y a en Autriche aucune "nostalgie de l'empire austro-hongrois d'avant 1919", la population ne pense plus du tout dans cette dimension et les relations avec les pays voisins qui faisaient partie de l'empire sont excellentes. Constituer la nation autrichienne dans ses nouvelles limites après 1919 n'a pas été facile: au lendemain de l'armistice de novembre 1918 c'est d'abord sous le nom Deutschösterreich (République austro-allemande) que la République a été créée.

- concernant l'idée de conditionner les aides européennes au respect des valeurs de l'UE (il s'agit de la Hongrie et de la Pologne) il faut bien se rendre compte qu'après des décennies de soumission à l’Union soviétique, ces pays manifestent une affirmation de leur "fierté" en rechignant à l’idée d’être désormais "sous la coupe de Bruxelles", qu'ils peuvent percevoir comme une "puissance étrangère" dirigée essentiellement par l'Allemagne et la France[1]. Il ne faut pas les écarter de l'UE par des sanctions. Il faut plus d'Europe pour les grandes questions comme la sécurité (ces pays sont d'ailleurs très attachés à l'OTAN) et en même temps plus de subsidiarité, pour respecter les souhaits d'autonomie de décision des Etats membres.

- en tant que "petit" Etat membre de l'UE, l'Autriche tient absolument à garder le vote à l'unanimité des Etats membres pour les domaines où elle est nécessaire pour une décision européenne (par exemple une taxation sur le chiffre d'affaires des géants du numérique)

  1. Note du Mouvement Européen Gard: Nous avons entendu le plaidoyer sincère de M. Linhart à l’endroit de Viktor Orban, nous n'en sommes pas moins convaincus que les atteintes au pluralisme politique, à la liberté de la presse et à l’indépendance de la justice n’ont sans doute pas grand-chose à voir avec la fierté nationale

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