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Le couple franco-allemand est-il vraiment en panne ?

Voilà une question qui est tout sauf nouvelle. Un petite recherche d’archives permettrait certainement de montrer que même les épisodes les plus glorieux de la relation franco-allemande de ces 50 dernières années ont toujours suscité ce même questionnement sourcilleux : et si tout ça n’était que de la poudre aux yeux ?

Dans les turbulences actuelles, dont le feuilleton du Brexit est sans doute le remous le plus violent, rien d’étonnant à ce que la question revienne avec force. L’essayiste Coralie Delaume va jusqu’à proclamer que « Le couple franco-allemand n’existe pas » (titre de sa dernière publication), ce qui lui vaut aussitôt la complaisance de certains médias. À l’écouter ou la lire, on ne découvre pourtant qu’un propos tristement et résolument souverainiste qui reconnaît - mais pour les déplorer - les nombreuses avancées dans le sens d’un fédéralisme qu’elle qualifie de « furtif », qu’il s’agisse du vote à la majorité au Conseil de l'UE, ou des pouvoirs accrus du Parlement (qui n’en est pas un, à l’en croire) pour ne prendre que ces deux exemples. Quant au « couple » franco-allemand, ce n’est rien d’autre à ses yeux qu’une simple « relation bilatérale » du même genre que celle qui existe entre la France et le Royaume-Uni.

Il est vrai que nous préférons voir Kohl et Mitterrand se prendre la main, et Merkel claquer la bise à Macron : quelque part, ça rassure. Le théorème selon lequel « quand le moteur franco-allemand marche bien, l‘Europe avance » n’a jamais été démenti, le théorème inverse étant tout aussi vrai. Mais comment s’étonner que la France et l’Allemagne défendent des positions différentes à l’occasion, et comment pourrait-il en être autrement ? Les divergences les plus préoccupantes ne sont d’ailleurs pas forcément celles dont on parle le plus. D’ailleurs, même quand l’Allemagne et la France sont d’accord, cela ne suffit pas toujours à emporter la décision des autres Etats membres... et c'est heureux que l'Union européenne ne soit pas dirigée par seulementl'Allemagne et la France.

Aujourd’hui, alors que le feuilleton du Brexit empoisonne l’atmosphère européenne, il est vrai que Merkel et Macron, sans se déchirer comme on l’a dit, ont défendu des positions différentes : Merkel validant l’idée d’un report jusqu’au 31 octobre alors que Macron préconisait un délai plus long, si report il devait y avoir, pour laisser ouverte la possibilité d’un revirement de l’opinion convaincue par les « remainers » qui gagnent chaque jour en influence. Qui a raison ? Personne sans doute, dans une affaire où il n’y a que des mauvaises solutions - même une annulation du référendum de 2016 ne manquerait pas de faire des dégâts considérables.

En attendant, le Traité d’Aix-la-Chapelle qui a donné lieu à tant de moqueries (au mieux) et de mensonges (au pire) produit déjà quelques effets : par exemple, le 25 mars, 100 députés français et allemands (à parité) se sont réunis en même temps que les deux gouvernements, une habitude déjà ancienne. Cette « Assemblée parlementaire franco-allemande » n’a débouché sur aucune décision, faute de modalités de fonctionnement dont il faut encore convenir. Pur symbole ? Peut-être. Est-ce pour autant sans importance ? Certainement pas. Voyons ce que cela nous réserve pour la suite et quant à nous, agissons auprès de nos députés pour que cette première réunion ne reste pas sans lendemain et donne, qui sait, naissance à de nouvelles coopérations renforcées.

Donnons le mot de la fin à Jean-Louis Bourlanges, européen convaincu s’il en est : « Ce que Français et Allemands ne feront pas pour l'Europe, personne ne le fera à leur place. » À nous de faire en sorte, y compris en étant vigilants à ce qu’ils ne s’endorment pas, que nos élus s’emparent de cette forte pensée. Voir ci-dessous la liste des députés français participant à cette Assemblée franco-allemande (Nota: on peut regretter de ne voir figurer aucun député du Gard, du Vaucluse ou de Lozère dans cette délégation).

Richard Ferrand - Sabine Thillaye - André Chassaigne - Jean-Michel Clément - Antoine Herth - Patrick Hetzel - Danièle Obono - Cécile Untermaier - Sylvain Waserman - Patrice Anato - Pieyre-Alexandre Anglade - Christophe Arend - Jean-Louis Bourlanges - Jean-Jacques Bridey - Pascal Brindeau - Fabienne Colboc - Yolaine de Courson - Marc Delatte - Marguerite Deprez-Audebert - Pierre-Henri Dumont - Pascale Fontenel-Personne - Jean-Jacques Gaultier - Éric Girardin - Joël Giraud - Carole Grandjean - Christine Hennion - Michel Herbillon - Alexandre Holroyd - Marietta Karamanli - Constance Le Grip - Martine Leguille-Balloy - Gérard Menuel - Thierry Michels - Jean-Michel Mis - Sandrine Mörch - Christophe Naegelen - Catherine Osson - Frédéric Petit - Isabelle Rauch - Laurent Saint-Martin - Laetitia Saint-Paul - Raphaël Schellenberger - Éric Straumann - Bruno Studer - Liliana Tanguy - Jean-Louis Thiériot - Alice Thourot - Michèle Victory - Éric Woerth - Martine Wonner.

L’Assemblée commune a été instituée par l’accord parlementaire franco-allemand approuvé le 11 mars 2019 par l’Assemblée nationale.

Composée de 50 membres de l’Assemblée nationale et de 50 membres du Bundestag, l’Assemblée parlementaire franco-allemande se réunira au moins deux fois par an.

Ses compétences sont de veiller à l’application des traités franco-allemands de l’Élysée (1963) et d’Aix-la-Chapelle (2019), de suivre les activités des Conseils des ministres franco-allemands et du Conseil franco-allemand de défense et de sécurité ainsi que les affaires internationales et européennes présentant un intérêt commun, et de formuler des propositions sur toutes questions intéressant les relations franco-allemandes.

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