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Le 11 juin 2019, "La culture tchèque au vent de l'histoire du XXe siècle" conférence-d


Le Centre culturel tchèque à Paris avait mis à la disposition de la Maison de l'Europe depuis plusieurs semaines un ensemble de panneaux sur le "printemps de Prague", période de "socialisme à visge humain" à laquelle la répression soviétique avait mis fin en août 1968.

Le Centre culturel tchèque organise notamment des expositions d'artistes tchèques et des rencontres de jazz d'Europe centrale; il accueille des artistes en résidence. Il est 18 rue Bonaparte, lieu de mémoire important: c'est là qu'a été fondé en 1916 le Conseil national tchécoslovaque, prélude à l'indépendance.

M. Hnilica est venu parler de la culture tchèque dans le siècle qui vient de s'écouler depuis la création de la Tchécoslovaquie indépendante en 1918, en insistant surtout sur les 50 dernières années.

Dans le public venu l'écouter, 9 élèves tchèques du lycée Daudet, avec Mme Ludmila Penickova qui les encadre au quotidien, M. Jean-Louis Leprêtre qui a été conseiller culturel à l'ambassade de France à Prague (et dans d'autres capitales européennes) et M. Jacques Denis, descendant d'Ernest Denis, né à Nîmes, un des artisans de l'indépendance de la Tchécoslovaquie (voir le monument qui lui est dédié place d'Assas, du côté de la rue Gaston Boissier)... et source des relations entre Nîmes et Prague, tant les élèves tchèques à Nîmes (depuis 1923) que le jumelage des deux villes. Les élèves tchèques avaient amené des gâteaux qu'elles avaient préparés.

La culture tchèque, c'est "la modernité ancrée dans le passé", à l'image de la cathédrale de Prague qui n'a été terminée qu'il y a 90 ans, en 1929.

Ce sont aussi des composantes (allemande, juive) aujourd'hui passées sous silence: Kafka était de langue allemande. Au début du XXe siècle Prague était un carrefour culturel de l'Europe centrale. Milan Kundera a émigré en France et a adopté le français comme langue d'écriture, refusant même que les oeuvres écrites en français soient traduites en tchèque. "L'école tchèque" a très vite adopté le cubisme en architecture.

La 2ème guerre mondiale a été une coupure profonde et très longue pour les Tchèques et elle s'est prolongée avec la mainmise soviétique (Prague a eu la statue de Staline la plus tardive d'Europe centrale et orientale: elle n'a été détruite qu'en 1963).

Ce qu'on a appelé le "printemps de Prague", avec un air de liberté soufflant par la culture, a débuté en 1958 avec l'exposition universelle à Prague. Le très beau pavillon de la Tchécoslovaquie a été conservé, et privatisé dans les années 2000.

Ce souffle de liberté s'est manifesté en particulier par une "nouvelle vague" dans le cinéma (Milos Forman notamment) et beaucoup de films d'animation, ou dans la photo (Josef Kudelka). 3 films tchèques étaient dans la sélection pour le Festival de Cannes de 1968... qui n'a pas eu lieu!

L'intervention armée en août 1968 a mis un terme brutal au "printemps de Prague". Elle a été suivie d'une grande vague d'émigration, surtout parmi les intellectuels, et de ce qu'on a appelé la "normalisation" politique. La "normalisation" a orienté la population vers la consommation, pour la détourner de la politique... et ça a marché: aujourd'hui la majorité des Tchèques ne croient plus aux valeurs politiques.

Cependant malgré la "normalisation" une culture souterraine a subsisté: les "samizdat" (écrits auto-édités distribués par des réseaux personnels), la musique underground... c'est l'interdiction d'un groupe de musique underground qui a été l'origine de la Charte 77 (242 signataires, dont Vaclav Havel). Cette Charte est restée limitée aux milieux intellectuels.

Le sens politique de Vaclav Havel a permis en 1989 un changement de régime en douceur, par la "révolution de velours", mais "après Vaclav Havel il n'y a plus de personnalités politiques qui puissent lui être comparées: il a été une exception".

Certains intellectuels qui avaient émigré sont revenus, mais en général sans succès: par exemple l'architecte Jan Kaplicky, dont le projet avant-gardiste de grande bibliothèque à Prague (en 2007) a été abandonné.

M. Hnilica termine par une anecdote peu connue en France. Charles Aznavour était à Prague en janvier 1969 pour donner un concert, le 16 janvier Jan Palach s'immole par le feu place Venceslas et meurt le 19. Charles Aznavour a annulé son concert et a participé aux obsèques du jeune étudiant.

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