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Le pays du Brexit sous-traite sa chirurgie ou Le Brexit vu par le petit côté de la lorgnette

Une anecdote qui en dit plus que de longues explications, et qui a de bonnes chances d’être toujours actuelle même si sa source a déjà quelques mois (c’est le New York Times du 10/4/2018 qui la raconte).

L’histoire se passe à Calais. Serge Orlov, sujet de sa très gracieuse Majesté, fut en 2016 un partisan acharné du « Leave ». L’est-il toujours ? La question se pose.

Car Serge Orlov a attendu pendant plus d’un an une prothèse du genou, que le NHS (National Health Service) considère bien comme indispensable, mais pas « urgente ». Or, au NHS, on sait que ce n’est pas demain qu’on va voir arriver les 350 millions de livres (par semaine!) que les Boris Johnson et autres Nigel Farage ont promis sitôt le Brexit réglé. Du coup, au NHS, on a cherché d’autres solutions. Une de ces solutions, toute trouvée, est de suggérer aux patients trop pressés d’aller se faire opérer ailleurs.

Ailleurs, c’est-à-dire pas très loin, puisqu’il suffit de traverser la Manche pour trouver à Calais un hôpital parfaitement équipé où les Britanniques peuvent se faire soigner vite et bien - et gratuitement pour eux : en dernier ressort c’est le NHS qui paie.

C’est ce qu’a fait Serge Orlov, qui à force de rouspéter s’est vu proposer cette solution. Sitôt dit, sitôt fait : 10 jours d’attente et le voilà sur le billard, avec en prime son prochain rendez-vous pour le remplacement de l'autre genou, lui aussi en mauvais état.

Avec son sens très britannique de l’understatement (dire moins pour faire comprendre plus...), Serge Orlov trouve la situation « paradoxale » (le terme exact est « ironical »). Mais ce qui n’est ni ironique, ni paradoxal, mais bien réel, c’est la qualité des soins, la chambre à un lit avec même, s’extasie-t-il, « de la bonne bouffe ! »

Désormais requinqué, Serge Orlov se demande pourquoi diable le NHS met si peu d’empressement à faire la publicité de ce « partenariat » entre hôpitaux français et britanniques. Un partenariat qui, notons-le, ne peut fonctionner que grâce aux accords de compensation entre les systèmes de santé des États membres de l'UE. Qu’en adviendra-t-il demain si le Brexit finit par voir le jour (la question se posera jusqu’au dernier moment, vu les innombrables rebondissements du feuilleton) ? Mystère et boule de gomme.

« Peut-être, hasarde-t-il, y a-t-il un manque de communication ? À moins que le NHS ne soit un peu réticent à mettre la main à la poche ? » Tu brûles, Serge. Et voici la morale de l’histoire, formulée par Serge en personne : « Dans tous les cas, observe-t-il, c’est shocking ! ». On ne saurait mieux dire. Alors, Brexit, or not Brexit ? That is the question.

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