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La Grèce en meilleure forme économique et financière, mais encore fragile


Tout le monde s'en souvient, la Grèce a particulièrement souffert depuis la crise économique et financière de 2008 et celle de la zone euro qui s’en est suivie. Le pays a connu 9 années de récession. Mais l’Europe s’est montrée solidaire: les pays de la zone euro ont prêté plus de 250 milliards d’€ à la Grèce pour lui venir en aide, alors que le pays ne pouvait plus se financer sur les marchés financiers.

En contrepartie de ce soutien, les prêteurs ont demandé à la Grèce d’engager des réformes pour assainir ses finances publiques, moderniser le fonctionnement de l’État ou créer un filet de sécurité sociale. Certaines réformes ont été difficiles, mais elles ont porté leurs fruits : l’économie grecque est à nouveau sur de bons rails. La Grèce est ainsi sortie de son programme d’assistance financière en août 2018, retrouvant la possibilité d'emprunter sur les marchés financiers.


Une crise de la dette

En 2010, la crise de la dette grecque a été provoquée par un très gros déficit public, accumulé depuis plusieurs années de manière peu transparente (c'est un euphémisme!). Dès mai 2010 la Grèce s’est trouvée en risque de défaut de paiement (c’est-à-dire ne pouvant plus rembourser ses créanciers). Elle s’est tournée vers les États membres de la zone euro et le Fonds Monétaire International (FMI) pour demander une assistance financière.

Les dirigeants de l’UE se sont alors trouvés confrontés, pour la première fois depuis la mise en place de l’euro, à une situation où des pays utilisant l’euro (la Grèce, si elle a été la première, n'était malheureusement pas la seule) perdaient leur capacité à se financer sur les marchés financiers et donc à mener leur politique budgétaire de manière autonome.


La solidarité européenne

Depuis 2010, la Grèce a reçu des prêts en provenance des États membres de la zone euro, des fonds de stabilisation européens (Fonds européen de stabilité financière et Mécanisme européen de stabilité) et du Fonds Monétaire International (FMI), à hauteur de 288,7 milliards d’€, le FMI ayant de son déboursé 32 milliards d’€. La solidarité européenne s’est donc traduite par l’injection dans l’économie grecque de 256,7 milliards d’€ (soit 145 % du PIB de la Grèce).

Concrètement, les États membres de la zone euro et le FMI ont accordé des prêts à la Grèce en contrepartie d'engagements de réformes structurelles et d’assainissement des finances publiques. Ces réformes visaient à la fois à garantir une trajectoire budgétaire soutenable et à moderniser l’économie du pays, afin de permettre le retour de la croissance et des investisseurs.


Des réformes nécessaires

Des réformes importantes ont permis de moderniser l’administration du pays et de rendre plus efficace le système de collecte de l’impôt, en créant par exemple un cadastre qui n'existait pas.

Des mesures ont également été prises afin d’améliorer la protection sociale des Grecs. Un revenu minimum de solidarité a été mis en place pour la première fois en Grèce. Il bénéficie à près de 650 000 personnes.

Un réseau de premiers soins de santé a également été instauré et permet à l’ensemble des citoyens grecs d’avoir une couverture maladie universelle.

Certaines de ces réformes n’ont pu se faire qu’au prix d’efforts importants, durement vécus par les Grecs.

La Cour des Comptes européenne a constaté que les programmes gérés par la Commission européenne avaient permis de faire progresser les réformes en Grèce et d’éviter au pays de faire défaut, contribuant ainsi à la stabilité financière dans la zone euro.

Les Fonds structurels et d’investissement européens et d’autres fonds européens ont également soutenu l’investissement public en Grèce. La Grèce a été le premier État membre à avoir entièrement absorbé tous les fonds européens disponibles pour la période 2007-2013.

La situation s’est améliorée...

La Grèce a enfin vu le bout du tunnel. Le pays a renoué avec la croissance en 2017, à 1,4 %, après neuf ans d’une récession profonde, la croissance s’est accélérée en 2018 (+2,0 %) et a continué en 2019 autour de 1,5 %, niveau supérieur à la moyenne de la zone euro.

En 2009, la Grèce avait le plus gros déficit public en Europe, plus de 15 % de son PIB. Depuis 2016, elle enregistre chaque année un excédent budgétaire primaire (avant paiement des intérêts de la dette), 0,6 % du PIB en 2018. Elle a même dépassé les objectifs fixés par ses créanciers.

Le taux de chômage, qui avait atteint un pic de 28 % en juillet 2013, reste à des niveaux encore trop élevés, à environ 17 % en 2019, le plus haut de la zone euro et très loin des 8 % enregistrés en 2008. La tendance à la baisse devrait se poursuivre en 2020 grâce, notamment, aux mesures prises pour réduire le travail non déclaré et améliorer le fonctionnement du marché du travail. Ces performances permettent d’entrevoir un rétablissement lent mais durable de l’économie grecque.

Le pays a recommencé à se financer sur les marchés financiers en émettant des obligations, démontrant ainsi que les créanciers lui faisaient de nouveau confiance. Les agences de notation financière ont revu à la hausse leur évaluation de la santé économique et financière de la Grèce, qui profite d'ailleurs de la baisse généralisée des taux d'intérêt pour emprunter à des taux plus bas et diminuer ainsi le coût de sa dette.

Lors de la réunion de l’Eurogroupe de juin 2018, les ministres des finances de la zone euro sont parvenus à un accord pour alléger le fardeau de la dette de la Grèce et mettre fin au programme d’assistance financière, le 20 août 2018. La dette de la Grèce reste cependant à près de 180 % de son PIB, niveau en très légère baisse depuis 2012. Cette dette est en grande partie détenue par la BCE et le FMI, ce qui réduit l'exposition de la Grèce aux marchés financiers.

Le SMIC grec est de 750 € par mois, contre 900 € en 2010, mais en pouvoir d'acahat il a retrouvé le niveau de 2010.


... mais elle reste fragile.

Aux élections législatives de juillet 2019, le parti d'extrême gauche Syriza a été très largement battu, payant probablement le fait d'avoir finalement consenti à appliquer des réformes douloureuses exigées par les prêteurs à la Grèce. C'est le parti conservateur Nouvelle Démocratie qui l'a largement emporté, conquérant la majorité absolue à l'assemblée nationale.

Le chemin n'est cependant pas pavé de roses pour le nouveau premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

Après 2010 de nombreux Grecs - peut-être les plus dynamiques - ont émigré et la population, qui était en croissance avant 2010, a diminué depuis d'un peu plus de 3 %, à 10,7 millions d'habitants.

L'industrie reste peu présente dans l'économie, le tourisme a une place importante mais peut varier fortement.

Et le pays est soumis à une très forte pression d'immigration illégale, qui recommence à croître depuis que la Turquie menace de ne plus appliquer les accords de 2016 avec l'Union européenne si l'UE prend des sanctions à son égard suite à son engagement militaire contre les Kurde.

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