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Brexit: dernière ligne droite ou début d'une course de fond?

Boris Johnson, contrairement à ses prédécesseurs David Cameron et Theresa May, a largement gagné son pari lancé avec une élection législative anticipée.

Au lendemain de cette élection (qui est uninominale à un seul tour: dans chaque circonscription la majorité simple suffit pour être élu), le parti Conservateur a une confortable majorité absolue, avec 365 sièges sur les 650 de la Chambre des communes. Le parti Travailliste a subi un recul majeur (203 sièges, soit une perte historique de 42 sièges), les Lib-Dem (libéraux-démocrates, qui étaient clairement pour rester dans l'Union européenne) sont au tapis avec 11 sièges. Le Brexit Party de Nigel Farage n'a aucun siège (Nigel Farage avait déclaré qu'il soutenait Boris Johnson mais restait en faveur d'un Brexit dur).

Même ceux qui depuis des mois manifestaient contre le Brexit devant le palais de Westminster, drapeau européen sur le dos, sont abattus et résignés. La promesse de campagne de Boris Johnson, "Get Brexit done" - "Votez pour que le Brexit se réalise", a clairement fait mouche, probablement les électeurs du Royaume-Uni ont-ils voulu mettre fin à ce mauvais feuilleton, et sortir au plus vite de l'UE "puisque cette sortie a été votée".

Le premier ministre devrait pouvoir se passer des voix des Brexiters les plus durs (partisans d'une sortie sans accord) et avoir les coudées franches pour faire ratifier par les députés l'accord avec l'UE qu'il a renégocié. La sortie de l'UE devrait donc pouvoir se faire à la dernière date prévue, le 31 janvier 2020.

Bien, mais après ? And now what ?

Il reste un gros, un très gros morceau à définir et négocier avec l'Union européenne: celui des relations futures entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Il faudra que le Royaume-Uni définisse comment il souhaite transformer tous les accords entre l'UE et des pays tiers (UE - Japon, UE - Corée du sud, UE - Canada, ...) dont il était partie prenante en tant que pays membre de l'UE, et négocie éventuellement des accords particuliers sous son nom.

La frontière douanière virtuelle avec l'Irlande du nord (frontière reportée au milieu de la mer d'Irlande, entre l'île d'Irlande et la Grande Bretagne) devra démontrer son efficacité...

Une montagne de questions à résoudre en quelques mois!

Un caillou confirme sa présence insistante dans la chaussure de Boris Johnson: les Ecossais ont massivement voté pour leur parti indépendantiste, le SNP (Scottish National Party), dirigé pat Nicola Sturgeon. Le SNP a raflé 48 des 59 sièges écossais à Westminster! Un nouveau référendum sur l'indépendance de l'Ecosse risque donc de devoir être organisé, pas tout de suite bien sûr; il nécessiterait de toute façon l'accord du Parlement britannique pour pouvoir se tenir. Une Ecosse indépendante demanderait-elle son adhésion à l'Union européenne? Possible et même probable mais pas immédiatement: elle serait traitée comme les autres pays candidats.

En Irlande du nord, les unionistes du DUP, farouchement opposés à tout ce qui pourrait entamer le rattachement au Royaume-Uni, ont perdu leur majorité parlementaire face aux partis nationalistes (en faveur de l’unification de l’Irlande) : les premiers ont huit sièges, les seconds en ont neuf (un siège va au parti Alliance, non communautaire). A court terme cela simplifiera le vote positif du Parlement sur l'accord avec l'UE (qui introduit des particularités pour l'Irlande du nord par rapport aux autres parties du Royaume-Uni) mais à plus long terme cela reflète comme pour l'Ecosse une tendance à se détacher du Royaume-Uni pour rejoindre la République d'Irlande.

Il y a donc encore beaucoup d'incertitudes sur l'avenir à court et moyen terme du Royaume-Uni, qui risque de voir dans quelques années se détacher des territoires importants: le Royaume-Uni pourrait alors se voir réduit à l'Angleterre plus le Pays de Galles, et ne plus mériter son nom de Royaume-Uni.

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