L’UE donne son feu vert à la création d’un "Airbus des batteries"
Avec la hausse progressive du nombre des voitures électriques, le marché mondial de la batterie devrait peser plus de 100 milliards d'€ par an d’ici une dizaine d’années.
Face à ces perspectives, la France et l’Allemagne se sont lancées dans la création d’une filière européenne de fabrication de batteries afin de rattraper leur retard sur ce marché, actuellement dominé par les fabricants asiatiques. Aujourd’hui, sept pays membres de l’Union Européenne sont associés dans ce partenariat industriel hautement stratégique.
Ce consortium européen de la batterie vient d’obtenir les autorisations nécessaires pour son envol. La Commission Européenne a notamment autorisé les sept États membres à mobiliser des fonds publics.
Un projet économiquement et écologiquement stratégique
Le 9 décembre 2019, la Commission européenne a autorisé les Etats à consacrer 3,2 milliards d’euros d’aides publiques au développement d’une filière européenne de production de batteries pour véhicules électriques. En raison de son caractère transfrontalier et stratégique, cette coopération industrielle a été reconnue comme étant un Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIIEC).
Ce dispositif européen vise à autoriser les États membres à soutenir financièrement les initiatives privées en faveur de l’innovation qui présentent des risques technologiques et financiers importants susceptibles d’engendrer des défaillances ou des retards importants. “La production de batteries en Europe revêt un intérêt stratégique pour notre économie et notre société compte tenu de son potentiel en termes de mobilité propre et d’énergie, de création d’emplois, de durabilité et de compétitivité. Nos projets importants d’intérêt européen commun donnent la possibilité aux pouvoirs publics et aux industries de plusieurs États membres de se rencontrer et d’élaborer des projets innovants ambitieux ayant des retombées positives dans l’ensemble des secteurs industriels et des régions. L’aide autorisée permettra de garantir que ce projet important ira de l’avant sans fausser indûment la concurrence”, a estimé Margrethe Vestager, commissaire européenne chargée de la politique de concurrence.
En vertu des règles de l’UE en matière d’aides d’État, les gouvernements des sept pays à l’origine du projet ont donc été autorisés à mobiliser des fonds publics pour stimuler la réalisation de cet Airbus de la batterie. C’est l’Allemagne et la France qui ont été autorisées à mobiliser les sommes les plus importantes : Berlin et Paris pourront investir respectivement 1,25 milliard et 960 millions d’euros dans le projet. Viennent ensuite l’Italie (570 millions), la Pologne (240 millions), la Belgique (80 millions), la Suède (50 millions) et la Finlande (30 millions).
Favoriser la coopération des acteurs industriels européens
Ces aides publiques sont destinées à soutenir les activités de recherche, de développement et d’innovation des 17 partenaires directs du projet, parmi lesquels figurent les français PSA et Saft, l’allemand BMW ou encore le belge Umicore. Les retombées économiques devraient bénéficier à plus de 70 partenaires externes (PME, groupes industriels, organismes de recherche…) avec qui les partenaires directs seront amenés à collaborer tout au long du projet.
L’autorisation de la Commission Européenne est un signal fort qui devrait également rassurer les capitaux européens. La Commission estime à ce titre que l’enveloppe de 3,2 milliards d’€ des pays porteurs du projet devrait permettre de mobiliser 5 milliards d’€ supplémentaires auprès d’investisseurs privés.
Élaborer des processus sûrs et innovants pour l’ensemble de la chaîne de valeur des batteries
Ces fonds seront consacrés au développement des prochaines générations de batteries Lithium-ion, qui offriront une plus longue durée de vie et un temps de recharge plus court que les batteries actuelles. Ces futurs modèles devraient également être plus sûrs et plus respectueux de l’environnement. Les acteurs industriels impliqués dans le projet devront maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur des batteries: il faudra donc dépasser les niveaux actuels d’exigence en matière d’extraction et de transformation des matières premières et de production des matériaux chimiques, mais également porter une attention particulière au recyclage et à la réaffectation des batteries usagées.
Bruno Le Maire, ministre français de l’Économie, a salué une “bonne nouvelle pour l’emploi et pour la souveraineté économique et technologique de l’Europe”.
Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, l’émergence d’une filière européenne de la batterie devrait également contribuer à l’atteinte de l’objectif que s’est fixé l’UE : devenir le premier continent neutre en carbone d’ici l’horizon 2050.