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Soirée finlandaise à la Maison de l’Europe jeudi 16 janvier

Deux fois par an, le Mouvement européen du Gard et la Maison de l’Europe mettent à l’honneur le pays qui achève son semestre de présidence du Conseil de l’Union européenne. Ce 16 janvier, c’est donc Mme Anna Esko, représentant l’Ambassade de Finlande en France, qui nous a fait le plaisir de venir présenter son pays et brosser un tableau des résultats acquis entre juillet et décembre 2019 sous présidence finlandaise.

Reconnaissons d’abord que la Finlande, qui offre mille beautés au visiteur (ses forêts, ses lacs, ses aurores boréales en Laponie, ses nuits blanches en été) après avoir paru très lointaine aux Latins que nous sommes, plus tournés vers nos voisins immédiats que vers les paysages nordiques, est aujourd’hui beaucoup mieux connue, et toujours appréciée, par les touristes, notamment français, qui s’y pressent de plus en plus nombreux. Et de plus en plus souvent, car le tourisme attire presque autant en hiver qu’en été, effet « père Noël » et autres obligent…

Malheureusement, la Finlande est particulièrement touchée par le réchauffement climatique (déjà + 2°C en Finlande !) : ce qui conduit au rétrécissement de la couverture neigeuse dans l’ensemble du pays. Avec une conséquence peu connue, et navrante : l’albédo, c’est-à-dire l’effet réfléchissant de la neige même en présence d’une faible quantité de lumière, n’adoucit plus comme autrefois l’obscurité des longues nuits d’hiver. Cela ne manque pas d’avoir un impact sur le moral de la population : sans la neige, l’obscurité paraît encore plus intense et plus déprimante.

Cela n’empêche pas les Finlandais de faire preuve d’une remarquable résilience. Par exemple, le pays vise la neutralité carbone en 2035, et envisage, au-delà de cette date, de poursuivre par une « négativité carbone » : qui dit mieux ? Ils disposent pour y parvenir d'une abondante réserve de biomasse, certes, mais ils comptent aussi, et c’est plus surprenant pour nous Français (même si, au prix de bien des discussions, nous restons en pointe dans ce domaine) sur l’énergie nucléaire dont ils apprécient avant tout le faible impact carboné. Sans pour autant négliger les énergies renouvelables : la Finlande est aussi très avancée sur l’éolien et même sur le solaire.

Cette réponse opiniâtre à une situation dont les Finlandais, petit peuple de 5,5 millions d’habitants seulement, ne sont qu’en faible partie responsables, s’est aussi retrouvée dans leur manière d’assurer leur présidence européenne. Ainsi, d’après les explications de Mme Esko, le gouvernement finlandais a introduit dans sa gestion des réunions européennes du 2ème semestre 2019 une « touche » finlandaise dont il faut espérer qu’elle fera école. Citons entre autres innovations la compensation des émissions de CO2 liées aux déplacements par un budget de 500 000 € affecté à la transition écologique, le remplacement des traditionnels cadeaux à visée promotionnelle (cravates, foulards et autres menus symboles) par le financement d’un « cours en ligne » gratuit, accessible à tous les Européens, pour l’instant en trois langues mais sous peu dans toutes les langues officielles, destiné à enseigner les bases de l’Intelligence artificielle, sans oublier l’éviction de tous produits à usage unique lors des réceptions ainsi que la priorité accordée aux transports en commun.

Mais l’important est de souligner que, dans un contexte particulièrement instable marqué par l’entrée en fonctions d’un nouveau Parlement et d’une nouvelle Commission (retardée d’un mois, comme on s’en souvient), sans oublier les péripéties du Brexit, la Finlande a su conduire une présidence qui a, entre autres choses, établi des bases solides pour la mise au point finale du cadre financier pluriannuel 2021/2027 - le budget européen, donc- et transmis des dossiers bien ficelés au pays qui lui succède, en l’occurrence la Croatie.

À charge pour ce dernier pays de faire fructifier l’héritage et de parvenir à surmonter les réticences - voire les résistances de pays comme la Pologne ou la Hongrie - face aux évolutions pourtant inéluctables imposées par l’urgence de la transition écologique et énergétique.

De tout cela, nous aurons l’occasion de reparler fin juin ou début juillet, à l’occasion du bilan de la présidence croate de janvier à juillet 2020. Mais ceci est une autre histoire.

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