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L’agriculture de demain, un enjeu européen

Claire Sarda-Vergès est directrice de l’Agence de développement rural Europe et territoires (Adret) des Pyrénées orientales. Cette association est labellisée comme relais officiel de l’Union européenne Europe Direct. Dans une interview, Claire Sarda-Vergès aborde la question du bio, du local...d’un point de vue de l’Europe.



Propos recueillis par Alexandra Portlock (AP)


A.P. : Quelles sont les particularités de la région Occitanie, en termes d’agriculture, à l’échelle de l’Europe ?


Historiquement, ce n’était pas une des régions les plus dotées. A la fin des années 60, les filières privilégiées de la Politique agricole commune (PAC) étaient la viande et les produits laitiers. Ce ne sont pas des filières dominantes en Occitanie. Mais au fur et à mesure des réformes, ça a changé.

Au sein de la région, il y a une plus forte disparité d’un département à l’autre. Certains agriculteurs vont toucher des aides destinées à un milieu avec un handicap naturel (territoires de montagne par exemple, NLDR).

La typologie de nos filières, à savoir la viticulture et l’arboriculture, nous rend très sensibles à la concurrence des pays du sud de l’Europe.


A.P. : L’agriculture est soutenue par l’Europe à travers la PAC. Comment fonctionne le financement ?


Il y a deux piliers dans le financement de la PAC. Le premier pilier, c’est le FEAGA (fonds européen agricole de garantie), c’est à dire des aides directes aux exploitations. Le second c’est le FEADER (fonds européen agricole pour le développement rural), des mesures agricoles telles que l’aide à la conversion bio ou la compensation des handicaps naturels.


A.P. : Nous sommes en transition vers la nouvelle PAC, qui entre en vigueur en janvier 2023. Quelles sont les grands changements pour les agriculteurs ?


Ce qui change dans les orientations, c’est une plus grande prise en charge de la dimension environnement. Il y a une volonté de valoriser la place des exploitations agricoles dans la chaîne alimentaire et de dynamiser les circuits courts.


A.P. : Justement, ça paraît un peu paradoxal d’imaginer que l’Union européenne, une instance internationale et à grande échelle, veuille soutenir des actions de proximité, très localisées…


C’est justement un point fort de la nouvelle PAC. Un accent est mis sur le développement du circuit court et la proximité. Avec le développement par exemple des produits locaux dans les cantines scolaires, les marchés, les caveaux...Là, ce sont des axes de la Commission européenne dans le Pacte vert (stratégie de l’UE destinée à réduire les émissions de gaz à effet de serre, présentée en 2019, NDLR).


A.P. : L’Europe va-t-elle privilégier les circuits courts au détriment de l’exportation ?

L’Europe a toujours eu vocation à être exportatrice. Là encore, ça dépend des filières. En viticulture, heureusement que les exploitants peuvent exporter. Suivant les filières on ne passe pas forcément par des circuits courts.


L’un n’empêche pas l’autre. Mais il y a cette idée de privilégier les circuits courts.

La difficulté avec l’exportation, c’est que si on veut exporter, il faut accepter d’importer d’un pays tiers. Mais dans la mesure où il respecte les normes environnementales. Le but c’est d’avoir des exportations agricoles durables sur le plan environnemental, mais aussi sur le plan économique. Quand l’agriculteur développe plus de revenus à travers le circuit court, c’est plus intéressant. L’Europe a intérêt à ce que les agriculteurs puissent vivre de leur exploitation.

A.P. : Donc l’Union européenne a-t-elle intérêt à soutenir le circuit court ?


Il faut rappeler que la pandémie est passée par là. On a vu l’importance des agriculteurs, dont certains proposaient de la livraison. Et ça a montré la pertinence et la complémentarité avec le consommateur.


Dans des lettres d’observation envoyées par la Commission européenne, il y a quand même cette réflexion sur le problème de l’interdépendance. Nous faisons le maximum pour qu’au moins au niveau européen nous soyons autosuffisants.


A.P. : Et au niveau de l’agriculture biologique, y a-t-il des changements ?


Le cahier des charges du bio a changé récemment. Il y a des points de controverse d’ailleurs. Par exemple, on accepte certains résidus.

Lors de la précédente période de la PAC (2015-2022), il y avait deux types d’aide. Une à la conversion bio, une au maintien. Dans la nouvelle, la France ne retient que les aides à la conversion. Et de nombreux agriculteurs ne sont pas contents.


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