L’Europe impliquée dans les circuits courts : exemple de la ferme du Mazel
La ferme équestre du Mazel (Antrenas, Lozère) étend son offre, toujours dans une volonté de favoriser les circuits courts. Les propriétaires, Céline et Laurent Couve, dévoilent les aides fournies par la Région et l’Union européenne pour financer un projet de plus de 200 000 €.
Alors qu’une truie somnole dans son lit de paille en un début d’après-midi d’été, la chaleur ne semble pas assommer les quelques 31 chèvres qui dévorent leur foin. Comme les autres bêtes de l’étable, elles ont une double fonction. Produire du lait pour le fromage et faire figuration pour les familles curieuses de voir comment vit une ferme.
La partie ferme pédagogique, baptisée L’arche de Noé, a été construite en 2020. C’est à la fois un lieu de visite pour les touristes et de vie pour les animaux. Fourche à la main, Céline Couve, propriétaire de l’exploitation, pointe : « Ce n’est pas une ferme pédagogique comme les gens se l’imaginent. Ils pensent souvent qu’ils vont trouver les animaux alignés, à leur disposition... » Or, voir le lieu dans son authenticité, c’est s’adapter au rythme de l’élevage.
Pour créer cette ferme, Céline et son conjoint Laurent Couve ont bénéficié d’une subvention du Plan de Compétitivité et d'Adaptation des Exploitations agricoles (PCAE). Cet appel à projets vise à accompagner la diversification des activités, et l’investissement dans le secteur de l’élevage. Les agriculteurs ont constitué un dossier avec l’aide de la Chambre d’agriculture. « Sans eux, cela aurait été compliqué » avoue Laurent. Leur interlocutrice, Amandine Masip, précise : « L’Europe donne un cadre, des règles à suivre. Ensuite, chaque région définit des modalités différentes, par exemple les grilles de sélection du dossier. » Une fois leur dossier retenu, les Couve ont obtenu une aide de 50 000 € : 31 500 € de l’Union européenne et 18 500 € de l’État.
« Boucler la boucle »
Adjacent à l’Arche de Noé, un petit musée présente la vie de l’agriculteur d’hier et d’aujourd’hui. Le thème saisonnier de ce musée est le blé. Car la ferme du Mazel cultive des céréales en traction animale, avec l’objectif de développer une production de pain. Laurent Couve insiste sur la volonté de ce couple d’agriculteurs de « boucler la boucle ».
Développer son offre de produits agricoles tout en faisant découvrir aux visiteurs le processus de transformation, tel est l’objectif du futur atelier pain, projet de la ferme du Mazel.
Dans la même logique, un atelier fromage est en cours d’acquisition. Actuellement, les Couve ont la capacité de produire seulement une quantité limitée de produits laitiers, pour leur consommation familiale. L’atelier fromage permettrait de vendre des produits aux touristes et visiteurs du secteur, dans une logique de circuit court. « C’est parti du fait que l’on souhaitait aller vers l’autonomie alimentaire. » explique Céline.
Le financement des ateliers pain et fromage ainsi que le musée s’est fait à travers le Pass rebond créé par la région Occitanie, à hauteur de 100 000 €. Mais les questions d’autosuffisance alimentaire sont également une préoccupation de la nouvelle Politique agricole commune. Les récentes crises, à savoir le Covid et la guerre en Ukraine, ont accéléré cette prise de conscience, selon Claire Sarda-Vergès (Lettre Europe juin - l’agriculture de demain, un enjeu européen -) : « Un accent est mis sur le développement du circuit court et la proximité. »
Zoom sur une exploitation familiale
La ferme, basée sur la commune d’Antrenas, fait près de 40 hectares, plus 20 hectares d’estive.
A l’origine, la ferme équestre du Mazel était essentiellement dédiée à l’élevage et la vente de chevaux de trait.
Depuis qu’ils ont repris cette ferme familiale en 2009, Céline et Laurent Couve y ont élargi les prestations, notamment dans le tourisme équestre. Ils proposent des formations, cours et stages autour du cheval. Depuis 2013, l’exploitation propose un hébergement à la ferme d’une capacité maximale de 20 personnes (gites, roulottes ou yourte).
Alexandra PORTLOCK
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