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L’UE agit pour l'égalité hommes-femmes : comment ?

"L'égalité entre les femmes et les hommes" : une valeur fondamentale de l'UE depuis 1957.

Au niveau international, l’Union européenne est l’organisation qui fait le plus pour la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes même s’il reste encore de nombreux progrès à faire.

État des lieux. Que disent les textes ?

Les traités européens ont posé une base juridique garantissant l'égalité des genres.

Le traité de Rome de 1957 fait de l'égalité femmes-hommes une valeur fondamentale de l'Union européenne. Selon l'article 2 du traité de Maastricht (1992), "l'Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d'égalité, de l'État de droit, ainsi que de respect des droits de l'Homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l'égalité entre les femmes et les hommes".

Le traité de Rome établit aussi le principe de salaire égal pour un travail égal, inscrit aujourd'hui à l'article 157 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE). Le champ d'action de l'UE dans ce domaine qui parcourt toutes les politiques européennes est élargi par l'article 153. En outre, l'article 19 permet l'adoption d'actes législatifs en vue de lutter contre toutes les formes de discriminations, dont les discriminations fondées sur le sexe.

Depuis 1984, la Commission des droits des femmes et de l'égalité des genres du Parlement européen, actuellement présidée par la sociale-démocrate Evelyn Regner (Autriche), est chargée de tout ce qui touche aux droits des femmes.

En 2000, la Charte des droits fondamentaux de l'Union européen offre une nouvelle base aux revendications des femmes de l'UE. Juridiquement contraignante depuis le traité de Lisbonne de 2007, son article 23 proclame que "l'égalité entre les hommes et les femmes doit être assurée dans tous les domaines, y compris en matière d'emploi, de travail et de rémunération. Le principe de l'égalité n'empêche pas le maintien ou l'adoption de mesures prévoyant des avantages spécifiques en faveur du sexe sous-représenté".


Tour d’horizon

Dans l'Union européenne, comme dans le reste du monde, les femmes demeurent très peu nombreuses en comparaison des hommes à être ou avoir été cheffe d’État ou de gouvernement. A l’heure actuelle, seules 3 femmes président un État membre de l'UE (hors têtes couronnées). Il s’agit de Kersti Kaljulaid (Estonie depuis 2016), Zuzana Čaputová, (Slovaquie à partir de 2019) et Ekateríni Sakellaropoúlou (Grèce depuis 2020).

Cinq femmes sont chefs de gouvernement : Angela Merkel, chancelière fédérale de l’Allemagne depuis 2005, Mette Frederiksen, Première ministre du Danemark à partir de 2019, Sanna Marin, cheffe du gouvernement finlandais depuis 2019 également, Ingrida Šimonyte, Première ministre de la Lituanie depuis 2020, et Kaja Kallas, à la tête du gouvernement de l'Estonie depuis janvier 2021. Ce dernier pays est le seul au monde à être dirigé par une présidente et une Première ministre !


Bien sûr, la nomination au poste de présidente de la Commission européenne d’Ursula von der Leyen et de 13 femmes commissaires sur 27 (contre 9 sous la présidence de Jean-Claude Juncker) constitue en soi un grand progrès. C’est aussi un signal fort pour les autres institutions comme le Parlement européen. En 2020, il comptait 39,5 % d'élues parmi ses députés, une part en constante augmentation depuis 1979, année des premières élections européennes alors que dans les parlements nationaux de l'UE, seuls 28,6 % des élus étaient des femmes en mars 2020, selon la Fondation Robert Schuman. En 2017, les femmes représentaient 59% du personnel des services des institutions européennes, mais étaient toujours sous-représentées dans les postes de direction, puisque formant seulement 15,4% des directeurs généraux.

Même constat à la Banque centrale européenne, Christine Lagarde en est la présidente mais l’Espagnol Luis de Guindos a été nommé à la Vice-présidence, l’Italien Andrea Enria est président du conseil de surveillance et José Manuel Campa a été nommé à la tête de l’autorité bancaire européenne (ABE).


Les avancées

Stratégie en faveur de l’égalité hommes-femmes 2020-2025

Bien que des inégalités subsistent, l’UE a réalisé des progrès importants en matière d’égalité hommes-femmes au cours des dernières décennies grâce à :

- la législation concernant l'égalité de traitement,

- l’intégration de la dimension de genre dans toutes les politiques,

- l'adoption de mesures spécifiques en faveur de l’émancipation des femmes.

Parmi les tendances positives, on note une augmentation du nombre de femmes dans le monde du travail et des progrès en termes d'éducation et de formation.La disparité entre les sexes demeure toutefois bien réelle et les femmes sont toujours surreprésentées dans les secteurs les moins rémunérés et sous-représentées aux postes à responsabilités.


La stratégie de l’UE pour l’égalité entre les hommes et les femmes répond à l’engagement pris par la Commission von der Leyen de parvenir à une Union de l’égalité. Elle présente des objectifs et des actions visant à accomplir, d’ici à 2025, des progrès significatifs vers une Europe respectueuse de l'égalité entre les hommes et les femmes. Le but est de parvenir à une Union où les femmes et les hommes sont libres de suivre la voie qu'ils ont choisie avec les mêmes chances de réussite.


Les principaux objectifs sont de mettre fin aux violences à caractère sexiste, de bousculer les stéréotypes sexistes, de combler les écarts hommes-femmes sur le marché du travail, de parvenir à une participation égale dans les différents secteurs de l’économie, de remédier à l’écart de rémunération et de retraite entre les femmes et les hommes, de combler l’écart hommes-femmes en matière de prise en charge des responsabilités familiales et de parvenir à un équilibre hommes-femmes dans la prise de décision et en politique.

Un des premiers résultats attendus de la stratégie est l’obligation de transparence salariale pour les employeurs.


Peut mieux faire...

Globalement, la place des femmes s'améliore mais reste plus précaire que celle des hommes.

Que ce soit au travail ou à la maison, l'égalité hommes-femmes est encore à atteindre. Si les écarts sont plus ou moins importants selon les États membres, les réduire est de manière générale un long processus.

En 2020, les États membres de l'UE ont obtenu une note moyenne de 67,9 sur 100 en termes d'indice d'égalité de genre, outil de mesure conçu par l'Institut européen pour l'égalité entre les hommes et les femmes. Une note qui n'a progressé que de 5,9 points en 15 ans. (Source : Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes)


On peut illustrer la situation avec quelques chiffres (source : Eurostat) :

  • Le taux d’emploi

68,2 % des femmes de 20 à 64 ans occupaient un emploi en 2019 dans l'UE (à 28, avec le Royaume-Uni). Ce taux n’était que de 62,1 % en 2010. Mais il reste inférieur de plus de 10 points à celui des hommes : 79,6 % d'entre eux avaient un emploi dans l'UE en 2019.

  • Les écarts de salaire

Les inégalités hommes-femmes se reflètent également dans les salaires. En 2018, les hommes gagnaient en moyenne 15,3 % de plus que les femmes dans l'UE-28. La France, quant à elle, elle se situe au-dessus de la moyenne européenne, à 16,7 %.

  • La pauvreté

Liée en partie à l'emploi et au salaire, la pauvreté touche, elle aussi, davantage les femmes : 17,6 % devaient faire face à la pauvreté (moins de 60 % du revenu médian) en 2019 contre 16 % des hommes. En France, la part de travailleurs pauvres est la même pour les deux sexes, soit 7,4 %.

  • Les violences

Les femmes sont bien plus souvent victimes de violences physiques et sexuelles que les hommes. Une étude publiée en 2017 estimait ainsi que 45 à 55 % des femmes de l'UE ont été victimes de harcèlement sexuel (au moins temporairement) après l'âge de 15 ans, soit un nombre très inquiétant représentant 83 à 102 millions d'Européennes.

  • L’impact de la Covid-19

Dans son rapport 2021 sur l'égalité hommes-femmes dans l'UE, publié le 5 mars, la Commission européenne fait savoir que la pandémie a exacerbé les inégalités de genre dans la majeure partie des domaines de l'existence, et remis en cause des améliorations obtenues au cours des dernières années. "Les docteurs, infirmiers, enseignants, vendeurs (métiers souvent exercés par des femmes) se sont retrouvés en première ligne de la pandémie. Et tout cela en assumant plus de responsabilités au sein du foyer, en raison des stéréotypes autour des responsabilités familiales et domestiques", explique l'exécutif européen dans un communiqué.

Si les femmes étaient majoritaires parmi les travailleurs en première ligne pour les soins de santé, elles ont cependant été très peu représentées dans le processus décisionnel relatif à la pandémie. A titre d'exemple, dans 87 pays dont 17 de l'UE, les task forces nationales consacrées au Covid-19 étaient à 85,2 % dirigées par des hommes.


Des situations alarmantes

Lors du webinaire sur « L’Europe et les femmes » organisé par le CIED Pyrénées le 12 mars, Sylvie Guillaume, députée européenne, faisait remarquer que « rien n’est définitivement acquis, il faut rester vigilant » car on voit une tendance à la régression dans certains pays de l’est de l’Europe.

En Pologne, à présent, l’avortement ne restera légal qu’en cas de menace pour la vie de la mère ou si la grossesse est le résultat d’un viol ou d’un inceste.

En Hongrie c’est une politique « des petits pas en arrière ». Suppression des subventions aux associations féministes, enseignement à l’école des valeurs traditionnelles de la famille, obstacles administratifs pour obtenir un avortement. Lors d’une visite en Hongrie, la commissaire aux Droits de l'Homme du Conseil de l’Europe a estimé que « la Hongrie était en train de régresser en matière d’égalité des genres et de droits des femme ».


Malgré les lenteurs, les obstacles, on peut cependant constater qu’au regard de l’Histoire et des avancées de ces 60 dernières années, il y a de quoi se réjouir : l’Union européenne va dans le bon sens.

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