Nancy, 29 ans, volontaire européenne en Pologne, apporte son témoignage
Nancy est assistante pédagogique dans un lycée de Nîmes. Elle a pris une année sabbatique pour pouvoir vivre une expérience de 10 mois dans un autre pays européen, dans le cadre du Corps européen de solidarité. Son volontariat est à Szczecin, ville de 400 000 habitants du nord de la Pologne, toute proche de la frontière avec l’Allemagne.
Ses missions sont d'ordre éducatif, dans une école: promouvoir le volontariat, la mobilité, la solidarité, développer et/ou soutenir des activités de développement social (jeux, arts plastiques, musique, …) et des activités culturelles (parler de son pays, de sa culture, soutien linguistique en français ou en anglais…).
Partie seule, elle a rejoint d'autres volontaires de divers pays, qui ont des missions différentes. Elle travaille cependant en binôme avec un de ces volontaires, qui est ukrainien.
Elle nous apporte son témoignage sur ses premiers mois en Pologne, en répondant aux questions de Léonie Ritter, de la Maison de l‘Europe.
1) Depuis ton arrivée à Szczecin fin août 2020, ton projet a eu quelques rebondissements liés à la crise sanitaire actuelle...peux-tu nous en parler ?
Le premier mois a été consacré aux ateliers et activités de cohésion pour nous permettre de mieux nous connaître et créer un esprit d'équipe entre nous car nous sommes 21 volontaires sur ce projet. Les missions de volontariat au sein de nos différentes structures d'accueil devaient démarrer début octobre. De mon côté, cela n'a pas été possible. Début octobre, Szczecin est passée en zone jaune. La plupart des cours sont passés en ligne. Une première rencontre a eu lieu mi-octobre, en visio, avec deux enseignantes d'anglais avec lesquelles nous allons majoritairement travailler avec le deuxième volontaire.
Notre planning hebdomadaire devait être le suivant : 2 jours en présence physique à l'école et 3 jours en télétravail avec les cours en visio. Nous devions démarrer la semaine suivante et nous rendre à l'école pour la première fois. Cependant, dans le week-end, l'ensemble de la Pologne est passée en zone rouge. Les écoles ont été fermées et tous les cours ont maintenant lieu en visio. Le temps que les cours en visio se mettent en place pour tous les élèves, nous avons fait notre première présentation (sur nous-mêmes et nos pays respectifs) à deux classes aujourd'hui (début novembre) et nous commencerons à participer aux cours en ligne la semaine prochaine. Certains élèves sont volontaires pour participer à des ateliers supplémentaires avec nous. Ces différentes activités ne remplissant pas une semaine de travail, nous allons également avoir des missions auprès de notre structure coordinatrice qui est également structure d'accueil.
2) Malgré l'incertitude de la situation à l'époque, tu avais quand même décidé de partir alors comment vis-tu la situation actuellement ? Te sens-tu soutenue dans ton pays d'accueil ?
Lorsque j'ai postulé et été retenue pour participer à ce projet au mois de juin, la situation était en effet incertaine pour les semaines/mois à venir mais j'ai décidé de partir car je ne voulais pas rater cette opportunité. De manière optimiste, je voulais croire que la situation allait s'améliorer.
Le mois d'octobre a été rempli de contretemps. Nous attendions des nouvelles instructions au jour le jour. Je pense que le plus difficile pour moi a été l'annonce que l'école devait fermer. Nous étions à 2 jours d'une rencontre réelle et d'un démarrage des missions. J'étais très déçue de ne finalement pas pouvoir rencontrer réellement les personnes et de ne pas voir l'école. De plus, ça a encore repoussé de quelques jours le démarrage des missions.
Malgré tout, le moral reste bon. La structure coordinatrice est très présente et a essayé de trouver des solutions pour que nous ne restions pas sans rien faire le temps que la situation s'améliore.
3) Dans l'organisation de la vie de tous les jours, quelles sont les choses qui te marquent le plus et qui peut-être diffèrent de celles en France ? (mesures mises en place, comportements des personnes, vision des choses des personnes – polonais et/ou volontaires étrangers...)
A mon arrivée en Pologne fin août, alors qu'en France le port du masque était obligatoire dans les lieux clos mais également dans la rue pour certaines villes et notamment à Nîmes, les mesures ici étaient inexistantes. Les restaurants et bars étaient ouverts normalement et plusieurs marchés/foires ont eu lieu sans aucune règle de distanciation ou port du masque. Celui-ci était obligatoire uniquement dans les commerces/centres commerciaux. Malgré cette obligation, tout le monde ne le portait pas. Nous nous sommes d'ailleurs fait accoster une fois par un homme en sortant d'un commerce car nous avions le masque et qu'à son sens c'était totalement inutile.
Globalement, c'était un peu comme s'il ne s'était rien passé depuis 6 mois. Lors d'une discussion avec l'un des coordonnateurs du projet, courant septembre, nous avons échangé sur la situation sanitaire car nous étions beaucoup à être étonnés du peu de mesures mises en place et appliquées ici. Il nous a expliqué qu'à Szczecin il y a eu très peu de cas à l'échelle de la population pendant la 1ère vague, de mars à juin. C'est pourquoi la population n'était pas très concernée ni inquiète.
Depuis que nous sommes passés en zone jaune puis rouge en raison du nombre de cas toujours plus élevé, plusieurs mesures ont été mises en place : le port du masque est devenu obligatoire partout (extérieur et lieux clos), les rassemblements du plus de 5 personnes sont interdits, les écoles primaires, collèges et lycées sont fermés, etc. Ces mesures sont maintenant respectées.
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