Nord Stream 2 : le nouveau gazoduc Russie-Allemagne est terminé
- ciednimes
- 4 oct. 2021
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Gazprom a annoncé cet été la fin des travaux sous la Baltique. Ce gazoduc dont la construction a coûté 10 milliards d'€ doublera les capacités de Nord Stream 1, en service depuis 2012, pour acheminer davantage de gaz russe vers l'Allemagne puis le reste de l'Europe. Il doit entrer en service avant fin 2021.

Le chantier de ce nouveau gazoduc de 1 230 kilomètres sous la mer Baltique pour approvisionner l'Allemagne et de là le reste de l'Europe en gaz russe avait subi des retards depuis le lancement des travaux en avril 2018. Il a un temps été bloqué par des sanctions américaines contre les entreprises associées à ce projet ; ainsi, à l'hiver 2019, un bateau de la compagnie suisso-néerlandaise Allseas qui posait les tuyaux avait dû se retirer du chantier par crainte des sanctions américaines.
Les Etats-Unis s'étaient opposés à Nord Stream 2 car ils estimaient qu’avec ce projet l'Europe dépendrait trop de Moscou. La Russie assure déjà plus du tiers de la consommation du Vieux continent, une proportion qui augmente avec le déclin de la production des Pays-Bas.
Le gazoduc passe au fond de la mer Baltique, contournant donc l'Ukraine, alliée des États-Unis, et menace de priver ce pays d'une partie de ses revenus (au moins 1,5 milliard de dollars par an qu'elle touche actuellement pour le transit du gaz russe par son territoire vers l'Union européenne). Washington pourrait s'être opposé à Nord Stream 2 en partie aussi pour défendre ses intérêts commerciaux : les Américains exportent eux aussi du gaz en Europe, mais sous forme liquéfiée (GNL), donc plus cher que celui de Gazprom…
Le nouveau président américain a fini par renoncer à bloquer le projet, estimant qu'il valait mieux se concerter avec l'Allemagne, qui a besoin de beaucoup de gaz pour faire face à la fermeture de ses centrales nucléaires fin 2022 puis progressivement de ses centrales au charbon d’ici 2038.
Washington et Berlin plaident pour que le gaz continue de transiter par l'Ukraine après 2024, échéance actuellement prévue dans un accord avec la Russie.
A Bruxelles même, la Commission européenne voyait d’un mauvais œil la concentration excessive sous la Baltique des approvisionnements en gaz de l’Europe. Plusieurs pays, dont la Pologne et les pays baltes, n’appréciaient pas un passage direct sous la Baltique sans possibilité de raccordement pour eux. Le Danemark avait de son côté tardé à autoriser la pose dans ses eaux territoriales.
Orchestré par le géant russe Gazprom, le chantier a été financé pour moitié par cinq groupes gaziers européens (dont le français Engie) à hauteur de 950 millions d'€ chacun. Ces partenaires de Gazprom ne sont pas actionnaires du gazoduc, propriété du seul groupe russe.

Comme son aîné Nord Stream 1, de même tracé, Nord Stream 2 pourra transporter 55 milliards de m3 de gaz par an. Gazprom pourra donc fournir 110 milliards de m3 de gaz par an via la mer Baltique, en plus des conduites qui traversent l'Europe orientale et centrale. En 2019, Gazprom avait fourni au total 199 milliards de m3 de gaz naturel à l'Europe via différents gazoducs. A titre de comparaison, la France consomme 40 milliards de m3 par an, son premier fournisseur est la Norvège, la Russie venant en second.
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