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Ukraine et Moldavie : la porte de l’UE s’ouvre… sur un long parcours

Lors du Conseil européen des 23 et 24 juin 2022, les chefs d’État ou de gouvernement des 27 ont accordé à l’Ukraine et à la Moldavie le statut de candidats à l’adhésion à l’Union européenne.

L’Ukraine avait déposé officiellement sa candidature le 28 février 2022, 5 jours après le début de l’invasion russe. La Géorgie et la Moldavie avaient fait de même le 3 mars, craignant d’être de prochaines cibles de la Russie. L’Ukraine et la Moldavie ont donc pris la longue route menant si tout va bien à l’entrée dans l’Union européenne, mais la Géorgie n’a pas encore obtenu ce statut de candidat.

Bien sûr la guerre en Ukraine a précipité les choses pour l’Ukraine et la Moldavie, qui partagent la douloureuse situation d’avoir une partie de leur territoire qui a fait sécession avec l’appui de la Russie et qui « demande » le rattachement à la Russie.

Pour l’Ukraine c’est depuis 2014 une partie du Donbass à l’est et la Crimée au sud, pour la Moldavie c’est la Transnistrie, en rive gauche du fleuve Dniestr. Dans les deux cas, la Russie distribue des passeports russes aux habitants de ces territoires. La Moldavie est un petit pays (2,6 millions), pauvre, coincé entre les fortes influences de la Roumanie (le roumain est la langue officielle) et de la Russie ; sa capitale est Chisinau mais la Transnistrie s’est donné comme capitale Tiraspol, elle a un drapeau… mais elle n’est reconnue que par la Russie et certains de ses satellites.


La route vers l’adhésion à l’UE a plusieurs étapes et peut avoir aussi des obstacles bloquant la situation pour des années.

Après l’obtention du statut de candidat, l’étape suivante est l’ouverture de négociations avec l’UE, qui examine par domaines si la législation et l’organisation économique du pays sont compatibles avec les textes, les valeurs et l’organisation économique de l’Union européenne. Les négociations ne sont ouvertes que si le pays a déjà suffisamment avancé dans cette direction, et cela peut prendre de longues années. Un obstacle fréquent par exemple est la situation du pays candidat par rapport à la corruption, qui est loin d’être absente en Ukraine et en Moldavie.


Un accord d’association entre l’UE et l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie avait été conclu en juin 2014, engageant l’Union européenne et les trois pays à coopérer sur leurs politiques économiques et à établir des règles communes (droits des travailleurs, suppression des visas, accès à la Banque européenne d’investissement…). Cet accord a été ratifié par l’UE le 11 juillet 2017 et il est entré définitivement en vigueur le 1er septembre de la même année. A noter : cet accord aurait dû être signé en 2013 mais le président ukrainien de l’époque, Viktor Ianoukovitch, pro-russe, a refusé de le signer… ce qui a déclenché des manifestations et le mouvement Euromaidan, et finalement la destitution de Ianoukovitch.

Plus récemment, en 2019 le parlement ukrainien avait voté des textes donnant les bases légales à la demande d’une future adhésion à l’UE. En 2021, alarmé par les tensions croissantes avec la Russie, le président ukrainien Zelensky avait plaidé avec vigueur auprès de l’UE pour une adhésion aussi rapide que possible.


L’Albanie et la Macédoine du Nord, elles, avaient déjà depuis longtemps (respectivement 8 ans et 17 ans !) le statut de candidates à l’UE, et elles espéraient que le Conseil européen des 23 et 24 juin donnerait pour elles le point de départ des négociations. Las, ce ne fut pas le cas, la Bulgarie s’étant opposée à cette décision pour la Macédoine du Nord, en exigeant que la minorité bulgare y soit mieux reconnue politiquement.


Un accord en juillet entre la Macédoine du Nord et la Bulgarie a débloqué la situation, et le 19 juillet les négociations d’adhésion ont été ouvertes à la fois pour la Macédoine du Nord et pour l’Albanie, qui ont ainsi rejoint dans cette étape vers l’adhésion leurs voisins la Serbie et le Monténégro.

Dans cette région des Balkans, seuls la Bosnie-et-Herzégovine et le Kosovo (qui a simplement exprimé le souhait de rejoindre l’UE, sans candidature formelle) restent pour le moment sans même le statut de candidats reconnus.




Jean-Jacques SMEDTS

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