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Vignette: Notre sécurité alimentaire, un sujet dont nous allons parler dans les prochains mois

L’invasion de l’Ukraine apporte chaque jour son lot de surprises. En voici une, assez inattendue, qui nous préoccupe déjà : les conséquences de la guerre sur notre quotidien, et même sur notre alimentation de tous les jours.


Nous sommes si habitués à un monde d’interdépendance, qu’il faut une catastrophe (une bonne pandémie, une bonne guerre) pour que nous découvrions les inconvénients de cette mondialisation. Une mondialisation qui d’ailleurs, a aussi des avantages : la baisse générale des prix (contrairement à ce qu’on pourrait penser) et l’élévation générale du niveau de vie de beaucoup de pays qu’on disait jadis « sous-développés » qu’on dit aujourd’hui « en développement ».


Dans le cas présent, après le gaz -ce n’était pas vraiment une surprise -nous découvrons que la production et la vente de céréales sur les marchés mondiaux, blé et autres, venaient pour une bonne part de Russie et d’Ukraine. Ce qui explique des prix relativement bas et surtout assez stables. Aujourd’hui nous boycottons les produits venant de Russie, et quant aux Ukrainiens, ils ne seront sans doute pas au rendez-vous pour les récoltes de 2022.

Il s’ensuivra, sans doute, une pénurie, qui, certes, va nous affecter, mais va surtout affecter de nombreux pays, notamment africains qui ne sont pas, ou plus, autonomes dans la production de céréales vivrières. L’explication de cette situation nous entraînerait trop loin, il suffira de dire que, si elle impacte des pays pauvres, elle nous touchera aussi indirectement.


Mais nous avons, nous Européens, la chance de pouvoir rapidement réorganiser notre production pour faire face à cette situation nouvelle : c’est vrai pour l’énergie, ce sera vrai pour l’alimentation. Les décisions sont déjà sur la table, leur mise en œuvre prendra un peu de temps, mais nous découvrirons une fois de plus les avantages d’une Europe unie dont les membres affrontent ensemble une situation que non seulement ils n’ont pas voulue, mais qu’ils ont tout fait pour éviter.


Une question va néanmoins se poser, qui fera l’objet de débats sans doute houleux dans les opinions : la réorganisation de notre agriculture devra-t-elle se faire en renonçant à certains objectifs -affirmés par exemple dans le Pacte vert- de lutte contre le changement climatique ? Certains soutiennent que l’agriculture productiviste que nous connaissons depuis 50 ou 60 ans doit perdurer, et donc qu’il faut renoncer à certaines ambitions écologistes. D’autres prétendent au contraire que cette évolution vers un modèle agricole plus vertueux est non seulement plus nécessaire que jamais, mais encore qu’elle est possible sans réduction des quantités produites. Qu’en penser ? Le débat est ouvert.

Jean-Luc BERNET, le 28/3/2022



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