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"L'avare n'est généreux que dans une seule posture : celle de donneur de leçons" *


Campons les personnages de la pièce.

Au nord, il y les vertueux qui travaillent dur et gèrent bien leurs finances ; au sud, il y a les inconscients, incapables de mettre de l'ordre dans leur maison et à qui il manque toujours un sou pour finir le mois !

Pas question que les premiers renflouent les seconds, cela pourrait leur donner de mauvaises habitudes !

Sur la scène de l'Union européenne, cette pièce à succès est jouée à guichets fermés depuis 2008 !

En 2008, le thème de la pièce était une histoire de « subprimes » toxiques venus des États-Unis pour ravager les finances des banques et des États européens.

L'ordonnance ? Peu importe qu'il y ait des gens qui souffrent pourvu que les règles soient respectées et que les médications des docteurs de la Troïka soient bues jusqu'à la lie. Le malade grec a failli mourir des saignées mais il a expié la faute de ses gouvernants et aujourd'hui il va un peu mieux.


En 2020, le scénario a été modifié et il s'agit maintenant de l'hydre Corona venant de Chine et qui décime la population. Transfuser de l'argent au profit de voisins attaqués par un virus, que nenni ! A chacun sa cassette et les finances seront bien gardées !

Que fait donc le chevalier au blason bleu à douze étoiles ? Dans sa besace, il n'a que la maigre aumône qu'on a bien voulu lui octroyer, 1% de la richesse commune ; de plus, il n'est pas censé combattre l'hydre Corona, ce n'est pas dans sa mission !

A ce point-là de la pièce, le spectateur est empli de stupeur et d'indignation !

Mais, dans toute pièce, il y a un dernier acte où les masques tombent et la morale triomphe ! Tous les protagonistes prennent conscience que leurs destins sont liés et qu'ils doivent se mettre tous ensemble pour triompher ! D'autant plus que les vertueux ne sont peut-être pas ceux qui se prétendent comme tels: en un quart de siècle, l'Italie a dégagé un excédent de ses finances publiques trois fois supérieur à celui de l'Allemagne et des Pays-Bas !

La première scène du dernier acte s'est jouée le 9 avril lorsque les radins ont accepté qu'une première cassette de 540 milliards d'euros soit ouverte mais avec des conditions drastiques. Est-ce que les poches vont se découdre un peu plus lors des dernières scènes ? En général, le scénario se répète et prévoit un rebondissement au dernier acte: au cours d'une nuit sans lune, un sommet « de la dernière chance » va trouver une solution miracle qui sera annoncée au petit matin aux spectateurs béats !


Frédéric Bourquin, président de la Maison de l'Europe de Nîmes


* Daniel Confland, journaliste économique

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