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Mars 1966 : La France quitte le commandement intégré de l'OTAN

A l'occasion des 50 ans de la Maison de l'Europe, un article de notre Lettre Europe sera dédié à un événement qui s'est déroulé il y a 50 ans, en 1966, mois par mois. Voici ce qu'il s'est passé en Mars 1966.



Par Frédéric Bourquin, Président de la Maison de l'Europe de Nîmes

Le 7 mars 1966, dans un message au président américain Johnson, de Gaulle indique que la France restera dans l’Alliance atlantique mais quittera le commandement intégré : « Aucune réforme de l’OTAN ne pouvant être envisagée, la France rétablira sa pleine souveraineté ».

La France se retire du commandement intégré de l’OTAN; le 31 mars, elle dénonce la convention sur le statut des états-majors intégrés.


Cette brouille entre la France et ses partenaires de l’OTAN (les six membres des Communautés européennes sont alors également membres de l’OTAN) est l’aboutissement d’une longue phase de refroidissement des relations entre la France et l’OTAN.


En octobre 1950, la France propose un projet de Communauté européenne de défense (C.E.D.) qui s’intégrerait dans un vaste ensemble comprenant la toute nouvelle Communauté européenne du charbon et de l’’acier (C.E.C.A.) et qui serait couronné par la Communauté politique européenne. Le traité est ratifié par nos cinq partenaires (Allemagne, Belgique, Italie, Luxembourg, Pays-Bas) mais est rejetée le 30 août 1954 par l’Assemblée nationale (sous la pression des députés gaullistes et communistes). Depuis cet échec, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (O.T.A.N.) est la seule chargée de la défense collective de l’Europe occidentale contre la menace soviétique. Elle est de fait dirigée par les Etats-Unis qui, par ailleurs, entretiennent des bases militaires en Europe.

De Gaulle revient au pouvoir en juin 1958 ; dès le 8, il annonce que la France refuse la présence d’armes nucléaires américaines sur son sol.


En septembre 1958, de Gaulle adresse un mémorandum à Eisenhower et à Macmillan : L’OTAN ne correspond plus aux nécessités de défense de l’Europe contre le danger soviétique ; il faut la remplacer par un Directoire à trois, Etats-Unis, Royaume-Uni et France. Le 20 octobre, le président américain Eisenhower refuse ce directoire.


En mai 1959, les forces navales françaises de Méditerranée sont soustraites du commandement intégré de l’OTAN et la France refuse désormais la présence d’armes nucléaire américaines sur son territoire.


En juillet 1959, la France ayant refusé l’installation de rampes nucléaires américaines, plusieurs bases de l’OTAN situées en France sont évacuées.


En mai 1961, le président américain Kennedy propose aux Européens la constitution d’une force multilatérale de sous-marins sous contrôle américain.


En janvier 1962, Kennedy propose une association commerciale USA/CEE (le « partnership »)

En mai 1962, le Conseil atlantique, réuni à Athènes, défini un nouveau concept stratégique, la riposte graduée, qui définit les circonstances dans lesquelles l’Alliance pourrait avoir recours aux armes nucléaires. Concrètement, cela signifie que les Etats-Unis pourraient ne pas riposter massivement à une invasion de l’Europe par l’armée soviétique ; cela est interprété comme un relatif désengagement des USA.


En mai 1962, le président Kennedy déclare son opposition à l’existence de forces nationales de dissuasion alors même que la France est en train de constituer la sienne.


En décembre 1962, à Nassau, Kennedy et Macmillan (premier ministre britannique) conviennent d’affecter une partie de leurs forces nucléaires stratégiques à l’OTAN. Les sous-marins britanniques seront équipés de fusées américaines Polaris avec double contrôle américain et britannique.


Le 14 janvier 1963, lors d’une conférence de presse, De Gaulle rejette l’adhésion du Royaume Uni aux Communautés européennes (la demande avait été déposée dès le 9 août 1961 par Macmillan), considérant qu’il est devenu le cheval de Troie des USA en Europe. Il rejette l’idée du « partnership » américain et les accords anglo-américains de Nassau.


En août 1963, le Président Kennedy lie la communication de secrets nucléaires à la France pour la construction de sa force de dissuasion nucléaire à l’acceptation par celle-ci du concept d’intégration atlantique.


Cet éloignement relatif entre l’O.T.A.N. et la France (elle reste membre) prendra fin le 4 avril 2008 lors du sommet de l’OTAN à Bucarest lorsque Nicolas Sarkozy annoncera le retour de la France dans les structures intégrées de l’organisation.

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