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Editorial: Un nouveau sport à la mode : défier « Bruxelles »


Depuis quelques années, certains gouvernements s'adonnent à un sport très populaire (pour ne pas dire populiste) : défier « Bruxelles ». Ce raccourci sémantique laisse supposer qu'il faudrait se défendre contre une sorte de Léviathan malfaisant. Mais qu'est-ce qu'il y a derrière « Bruxelles » (prononcé de préférence avec une expression de mépris et de dégoût) ? Le Parlement européen élu au suffrage universel, le Conseil de l'UE, réunissant les ministres des pays membres ou le Conseil européen, réunissant les chefs d’État ou de gouvernement; la Commission n'est que l'exécutant des décisions prises par ces organes.

Le gouvernement hongrois refuse d'appliquer les règles de répartition des migrants, celui de Pologne passe outre aux recommandations de la Commission sur l'indépendance de la justice, le gouvernement de Sa Majesté s’accroche à un projet de sortie de l'Union qui mettrait en pièces les principes du marché européen, celui de Roumanie ignore les avertissements sur la mise au pas de la justice, la coalition italienne présente à la Commission un budget trop déséquilibré....

A cette occasion, le principe de la souveraineté populaire résultant des élections est mis en avant: le peuple a décidé donc « Bruxelles » doit s'incliner !

C'est oublier que l'Union est une vaste copropriété dont le règlement a été voté par tous les copropriétaires que sont les États. Est-ce que je peux jeter mes ordures dans les parties communes simplement parce que ma famille l'a décidé à la majorité ? Non !

Des traités ont été signés librement, ratifiés par les Parlements ou par référendum et ils engagent les signataires et ceux qui leur succèdent. Il serait trop facile de répudier le règlement de copropriété sans l'accord des autres, de s'affranchir seul d'une règle parce que celle-ci ne conviendrait plus à un des membres.

L’État de droit, la séparation des pouvoirs et le respect des minorités font partie du socle commun auquel on souscrit en entrant dans l'Union; l'équilibre budgétaire et la limitation de l'endettement sont des critères auxquels on adhère en adoptant l'euro comme monnaie.

Il est parfaitement légitime de s’interroger sur la pertinence de certaines règles et d'en proposer d'autres mais elles ne peuvent être modifiées qu'avec l'accord des autres copropriétaires.

En copropriété, cela s'appelle le savoir-vivre, au niveau des États c'est le respect des engagements pris et des traités signés.

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