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Relations UE/Chine : Chapitre II

Les évolutions géopolitiques récentes depuis 2022 ont considérablement réduit la marge de manœuvre qui existait pour une coopération positive entre l’UE et la Chine. Dans ce contexte, trouver des terrains d’entente est très délicat.


Source : Toute l’Europe


Cela va à l’encontre des objectifs de l’UE de 2019. De nouveaux objectifs doivent être fixés très rapidement, ce qui est particulièrement difficile avec un partenaire adepte du « temps long ». De plus les nouvelles priorités de l’UE s’inscrivent dans le respect réel de la réciprocité des normes, et des procédures établies.


Sur la base de ces normes, l’UE affirme actuellement poursuivre sa coopération avec la Chine pour promouvoir un système commercial multilatéral règlementé. Elle insiste sur la réalisation des Objectifs de développement durable (O.D.D.) et la recherche de nouvelles façons de réduire les risques sanitaires et numériques dans le monde. Sur cet axe, il est particulièrement difficile de trouver des convergences avec la Chine dans le cadre des infrastructures stratégiques, des réglementations sur les plateformes qui sont aussi puissantes que les GAFAM américains (BAIDU, ALIBABA, XIOMI, HUAWEI …) ou les systèmes de protection des données.


l’U.E. et la Chine pourraient sans doute établir une coopération bilatérale plus étroite dans deux domaines où chacune possède des intérêts majeurs que les autres régions du monde ne partagent pas aussi étroitement :

  • Le réchauffement climatique et la décarbonation des systèmes énergétiques et de production,

  • Ainsi que le manque de financement des infrastructures en Afrique, que ce soit en matière d’énergie propre ou de transport.

Le réchauffement climatique


En train de devenir la première puissance économique mondiale, la Chine affirme avec force son intérêt pour la bataille climatique voulant en faire un enjeu stratégique et de suprématie mondiale. Territoire particulièrement vulnérable et exposé aux désastres environnementaux, force est pourtant de constater le véritable paradoxe dans lequel se positionne le pays. L’extraction de charbon (4 milliards de tonnes extraites en 2022), le recherche continuelle de pétrole et de gaz montre un appétit féroce pour les énergies fossiles malgré des investissements majeurs dans le cadre des ressources renouvelables.


Selon une étude du Massachusetts Institute of Technology (M.I.T.) datant de 2018 : « la plaine du nord de la Chine, région la plus densément peuplée et la plus importante sur le plan agricole, pourrait devenir inhabitable d’ici la fin de ce siècle, en raison de la combinaison mortelle de chaleur et d’humidité ». D’après le professeur Elfatih Eltahir du MIT, « la Chine est actuellement le plus grand contributeur aux émissions de gaz à effet de serre, avec des implications potentiellement graves pour sa propre population. À moins que des mesures drastiques ne soient prises pour réduire les émissions de carbone, cette région qui s’étend de Pékin à Shanghai et abrite 400 millions d’habitants pourrait être confrontée à de telles conditions mortelles à plusieurs reprises entre 2070 et 2100 ».



L’ambition de la Chine de devenir leader en énergies vertes s’inscrit dans une véritable stratégie d’innovation de Pékin. À ce titre, si les objectifs climatiques de la Chine ne sont pas remis en cause, selon certains observateurs, ils seront en revanche de plus en plus coûteux. Rappelons qu’une grande partie des émissions chinoises sont liées à des produits exportés vers l’Europe ; à ce titre, il est également de notre responsabilité de raccourcir et optimiser nos chaînes d’approvisionnement.

Comme le précise la directrice d’Oxfam-France Cécile Duflot, si ses habitants sont exposés au scénario gravissime d’extrême température combinée à une extrême humidité, « la Chine serait capable de faire un virage d’une grande rapidité » car elle bénéficie d’une marge de manœuvre qu’un système démocratique n’admet pas. C’est en effet une possibilité. Mais face à cette affirmation, la question se pose : pourquoi attendre d’être confronté au pire scénario possible pour n’avoir d’autre choix que d’engager une diminution drastique de ses émissions de gaz à effet de serre ?


L’Organisation mondiale du Commerce


Au point de vue de l’Organisation mondiale du Commerce (O.M.C.), beaucoup de questions se posent, sans réponse à ce jour.


Si L’U.E. souhaite garantir la coopération de la Chine au sein de l’OMC et d’autres enceintes multilatérales dans le but d’éviter sa marginalisation et qu’elle ne devienne plus agressive, elle devra également continuer à coopérer avec les États-Unis sur une réforme de l’O.M.C. Un scénario encore peu plausible compte-tenu de la position de Washington sur le sujet.

Comment peut-on justifier à terme que la Chine bénéficie toujours des avantages propres à une économie en voie développement - droit de protéger certaines filières, de ne pas ouvrir totalement la propriété de ses entreprises, limitations dans les services et pour les marchés publics… - alors même qu’elle a atteint un stade de développement élevé ?

Comment lutter contre la "subventionnite" propre au système chinois et à son recyclage de l’épargne et des excédents extérieurs ?

Au regard de la mainmise de l’État chinois sur les entreprises publiques et hybrides, comment éviter que la Chine ne siphonne les technologies étrangères pour monter en gamme au moindre coût humain ?


Conclusion


Hormis le plan commercial déjà évoqué, la coopération U.E./Chine peut se résumer en trois axes :

La coopération à l’intérieur des grandes structures internationales (O.M.C., O.N.U., O.M.S. …) où les objectifs de multilatéralismes tendent à rapprocher un peu les deux entités malgré des visions très différentes.

La bataille des normes et de la protection des données personnelles, industrielles et des brevets où la guerre fait rage. La position des USA sera certainement déterminante à terme.

La lutte contre le réchauffement climatique qui est certainement la préoccupation commune véritable, mais dont les environnements politiques et géographiques sont si divers que les approches bilatérales sont difficiles.


Charles-Antoine ROUSSY


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