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Irlande du Nord : qu’en est-il de l’identité nationale ?

Le 10 avril, c’est le 24e anniversaire du « Good Friday agreement ». Cet accord a mis fin aux années de guerre entre unionistes et nationalistes. Aujourd’hui, la société nord-irlandaise évolue, les idéologies aussi. “C’est comme si elle n’existait pas”. Qu’ils soient du Nord ou du Sud, les Irlandais parlent ainsi de la frontière.

Source : Wikipedia


L’une des conséquences des Accords du vendredi saint, signés le 10 avril 1998, est la libre circulation entre l’Irlande du Sud, indépendante, et l’Irlande du Nord, sous l’égide de la couronne britannique. Ce principe perdure alors même que le Royaume-Uni ne fait plus partie de l’Union européenne. Le Brexit a d’ailleurs réveillé des tensions et des craintes vis à vis de la paix entre les deux Irlande. D’ailleurs, un des enjeux cruciaux dans les négociations était de préserver les accords du vendredi saint, et de ne surtout de ne pas revivre les “troubles” des dernières décennies du XXe siècle.

Si ces tensions historiques se sont apaisées depuis 1998, des oppositions politiques sont toujours présentes. D’un côté, les unionistes, favorables au maintien du territoire dans le Royaume-Uni. De l’autre, des nationalistes revendiquent l’indépendance vis à vis de la Couronne britannique. Des différences confessionnelles s’y ajoutent : les unionistes sont majoritairement protestants et les nationalistes catholiques. Sharon C., originaire d’une ville frontalière en Irlande du Nord, affirme : « je me sens britannique car je suis protestante. » Une étude du Northern Ireland life and times survey, menée sur plus de 2000 sujets, confirme cette tendance. En 2019, 69% des protestants se considéraient comme britanniques et 2% se considéraient comme irlandais. Chez les catholiques, la tendance est inversée : 5% se définissent comme britanniques alors que 62% des catholiques se voient comme irlandais.


L’émergence d’une identité nationale spécifique

Le choix nord-irlandais a commencé à être inclus dans les sondages à partir de 1989. Selon une étude politique administrative sur le territoire, le nombre de personnes s’identifiant comme “nord irlandaises” augmente au début des années 2000, puis stagne à partir de 2011.

Jon Tonge, professeur de politique britannique et irlandaise à l’université de Liverpool, pointe que « les identités nationales auraient besoin de temps pour se cristalliser ». Dans l’étude du Northern Ireland life and times survey, les données de 2019 n’indiquent pas d’augmentation significative du sentiment d’identité nord-irlandaise, exprimé par 27% des plus de 1200 sujets. En revanche, 42% des personnes interrogées ne se considèrent ni unionistes ni indépendantistes. Si l’identité nord-irlandaise est variable et complexe, elle est marquée d’une certaine neutralité politique, selon Jon Tonge.

Cette tendance est plus souvent observée chez le jeunes. À l’université Queens à Belfast, Roisin Muir, responsable de la commission “Égalité et diversité” au bureau des étudiants, le confirme. Comme grand nombre de ses camarades, elle se sent plutôt nord-irlandaise. Dans son université, des étudiants venant d’Irlande, du Royaume-Uni et du monde se côtoient et beaucoup ignorent les tensions passées. Roisin qualifie le campus de plutôt « cosmopolite et nationaliste », malgré quelques petites controverses sur le nom “Queen’s university”.



Implications pratiques du “Good Friday agreement”

Cette référence à la couronne britannique ne serait qu’une apparence. Au niveau administratif, il n’y a aucune différence de traitement entre les étudiants britanniques et irlandais. Ailbhe R., étudiante venant d’Irlande du Sud, a pu s’inscrire à Queens sans frais supplémentaires. Elle avoue toutefois qu’elle n’oserait pas divulguer qu’elle est catholique. « Il y a encore du chemin à faire en ce qui concerne la paix entre les catholiques nationalistes et les protestants unionistes. » confie -t-elle. Les Nord-irlandais sont éligibles aux passeports des deux nations, conséquence de l’accord de paix signé en 1998. En 2019, le département des Affaires étrangères en République d’Irlande enregistre un essor des demandes de passeports. Fait singulier, en milieu d’année 2021, le nombre de résidents d’Irlande du Nord et du Royaume Uni, ayant fait une première demande de passeport irlandais, dépasse celui des citoyens irlandais…de presque 20 000.

Une question d’ordre pratique, surtout depuis l’avènement du Brexit, semble-t-il.


Alexandra PORTLOCK



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