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La Banque centrale européenne lance son projet d’Euro numérique ou e-euro

Pressée par les Etats dont la France et la Suède, en compétition avec la Chine et les USA et sous la menace du Bitcoin et des crypto monnaies*, la Banque centrale européenne (BCE) entre dans l’ère des monnaies numériques.


« Un euro numérique serait un symbole de progrès et d’intégration européenne », a déclaré Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, lors de la présentation du rapport sur l’euro numérique.


L'euro « numérique » serait une forme électronique de monnaie de banque centrale. Il existerait toujours en parallèle des pièces et des billets. Une monnaie numérique est une unité de compte (un fichier électronique) qui se transmet sur un réseau informatique (Internet), d'utilisateur à utilisateur. Les participants au réseau créent des échanges entre eux en-dehors de toute monnaie physique. L'euro numérique permettait donc à tous, ménages comme entreprises, d'effectuer des paiements quotidiens rapidement, facilement et en toute sécurité, affirme la BCE. Le mécanisme de « l'euro numérique » pourrait par exemple reposer sur la technologie blockchain**, un protocole informatique réputé infalsifiable, sur laquelle s'appuient déjà des monnaies virtuelles comme le bitcoin.

La BCE vient de publier une analyse complète de sa consultation*** publique sur un euro numérique. Cette analyse confirme les premiers constats s’agissant d’un euro numérique : la protection de la vie privée est la principale préoccupation du public et des professionnels (43 %), suivie de la sécurité (18 %), de la possibilité de payer dans toute la zone euro (11 %), sans frais supplémentaires (9 %) et hors ligne (8 %).


Pourquoi un Euro « numérique » ?


En fait, La BCE veut accompagner l'explosion des paiements dématérialisés, qui s'est amplifiée avec la pandémie de Covid-19. Même en Allemagne, pays où le liquide a longtemps été roi, les consommateurs ont, en 2020, pour la première fois, dépensé plus d'argent par carte qu’en papier. La BCE craint que cet engouement ne profite à des monnaies virtuelles privées ou à des devises étrangères. En 2019, le projet de Facebook de créer une monnaie virtuelle, le Libra, "a précipité la réflexion des banques centrales", affirment les experts du secteur.

Le président du groupe de travail, Fabio Panetta, estime ainsi qu'un euro numérique renforcerait la souveraineté financière de l'UE. Cet euro numérique serait également un nouveau canal pour les politiques monétaires de la Banque centrale qui disposerait d'un accès direct aux citoyens pour gérer facilement la création de monnaie (exit la planche à billets !).


Deux gros problèmes restent à régler :


Le principal risque est la fuite des épargnants vers cette nouvelle forme de monnaie, qui permet d'éviter les frais d'un compte de dépôt classique, ce qui fragiliserait les banques. Un risque important "en période de crise", où les épargnants, pourraient convertir leurs comptes courants, selon la BCE. Pour éviter cet écueil, la BCE propose notamment de limiter le nombre d'euros numériques que chacun pourrait posséder ou échanger, ou d’imposer un taux négatif d’intérêt annuel sur les dépôts d’euros « numériques ».

En outre, "quel est le degré d'anonymat**** souhaité ? On touche à la fois au respect de la vie privée et à la lutte contre le blanchiment, qui sont des objectifs légitimes de la société. Il faudra donc une discussion politique au niveau européen.

L’urgence est bel et bien à l’innovation. Si l’UE n’avance pas sur ce sujet rapidement, elle en paiera le prix dans quelques années, probablement en perdant du terrain face aux Etats-Unis ou à la Chine ou même au Bitcoin en termes de souveraineté monétaire. Nous risquons en effet d’être - encore une fois - soumis aux politiques d’extraterritorialité juridique américaines, ou à la jungle des crypto-monnaies.




* Selon l'Institut national de la consommation (INC), une crypto-monnaie désigne « une monnaie virtuelle qui repose sur un protocole informatique de transactions cryptées et décentralisées, appelé blockchain ou chaîne de blocs »., Plus largement, les crypto-actifs représentent « des actifs virtuels stockés sur un support électronique permettant à une communauté d’utilisateurs les acceptant en paiement de réaliser des transactions sans avoir à recourir à la monnaie légale. » La plus connue est le Bitcoin, mais il en existe plus de 10 000, avec une valeur boursière supérieure à 2 500 milliards de $.


**Selon Bercy la blockchain est une technologie qui permet de garder la trace d'un ensemble de transactions, de manière décentralisée, sécurisée et transparente, sous forme d'une chaîne de blocs ? Vous n’y comprenez toujours rien ? Pas de panique, on vous explique tout ! https://www.economie.gouv.fr/entreprises/blockchain-definition-avantage-utilisation-application


***La consultation a été lancée le 12 octobre 2020 et s’est achevée le 12 janvier 2021, avec plus de 8 200 réponses, une participation record à une consultation publique de la BCE. La grande majorité des participants ont été des particuliers (94 %). Les autres étaient des professionnels, notamment des banques, des prestataires de services de paiement, des commerçants et des sociétés technologiques.


****Même le Bitcoin n’est pas en réalité anonyme, car la totalité des échanges sont conservés dans un journal, cependant l’architecture elle-même permet facilement de s’anonymiser pour les fraudeurs, raison pour laquelle les malfrats de tous genres se font de plus en plus payer en Bitcoin.

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