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Les relations UE – Chine

Ce dossier traite des relations entre l’Union européenne et la Chine sous trois aspects : Les relations commerciale UE-Chine, Les relations de coopération UE-Chine, UE-Chine des rivaux systémiques ? Ce mois-ci, c’est l’approche économique qui est abordée.


Avertissement : Je ne suis ni un économiste ni un spécialiste de la Chine. Le but de cet article est de synthétiser et de rendre compréhensibles un certain nombre de documents récents (2022 pour la plupart) dont je cite les sources à la fin de ce texte. Ceux qui sont intéressés pourront les lire avec un grand bénéfice.

Le texte sera publié en trois parties :

  • Les relations commerciale UE-Chine

  • Les relations de coopération UE-Chine

  • UE-Chine des rivaux systémiques ?



Chapitre I : les relations Commerciales


En 2022, les relations bilatérales UE-Chine se sont détériorées, notamment en raison du positionnement de la Chine sur la guerre en Ukraine et d'un nombre croissant de contre-mesures de la Chine aux sanctions de l'UE sur les droits de l'homme et la coercition économique.

L'équilibre des défis et des opportunités présentés par la Chine a changé au fil du temps, cependant l'approche de l'UE à l'égard de la Chine, exposée dans la communication conjointe "Perspectives stratégiques" du 12 mars 2019, reste valable. L'UE continue de traiter avec la Chine à la fois comme un partenaire économique, un coopérateur dans les négociations, et un rival systémique.

Cependant la rivalité systémique prend aujourd’hui le pas sur les deux autres axes.


La situation actuelle des échanges commerciaux UE/Chine



Source EUROSTAT 2021


En 2022 l’Allemagne représente presque 43 % des exportations de l’UE vers la Chine, ce qui explique sa position très pro-active (voir la visite du chancelier Scholz à Pékin en octobre 2022).


Qu’exportons-nous et qu’importons-nous ?


Nous importons des machines, de l’électronique, des vêtements et des jeux en plastique, nous exportons des voitures, des avions et des produits pharmaceutiques. Il existe aussi un solde positif pour l’UE en ce qui concerne les services.


Les équilibres entre importations et exportations pour chaque pays de l’UE vis-à-vis de la Chine en 2021

Sources EUROSTAT 2020


Par conséquent, les échanges commerciaux sont de plus en plus déséquilibrés :

L’Europe dépend de plus en plus de la Chine, à la fois comme marché d’exportation et pour des intrants stratégiques tels que les équipements de télécommunication, les machines de traitement de données, les terres rares et autres métaux stratégiques.


L’UE continue tout de même à exporter plus de valeur ajoutée que la Chine, mais l’écart se réduit rapidement, sans compter que la République populaire semble déterminée à se passer des importations européennes dans des secteurs clés. Les récentes crises ont exacerbé ce phénomène. Entre janvier et mai 2022, les exportations allemandes et françaises vers la Chine ont respectivement reculé de 6,3 % et 10,1 %, tandis que les importations de biens chinois vers l’Allemagne et la France ont augmenté de 8,9 % et 10,6 %.


Les équilibres entre Investissements Directs Extérieurs (IDE) pour les pays de l’UE et la Chine sur 200-2021


Sources EUROSTAT 2020


Globalement l’UE est à peu près équilibrée entre IDE vers la Chine et IDE de la Chine en Europe. Cependant, les situations sont extrêmement variées. Pour la Finlande, les investissements chinois approchent 6%, alors qu’ils sont presque nuls pour le Portugal, la Grèce, la Slovénie, la Croatie, la Roumanie, la Lituanie et l’Estonie. A l’inverse, Malte investit près de 10% de son PIB en Chine, Les Pays -Bas, le Luxembourg et la Finlande investissent plus de 2% de leur PIB vers l’Empire du Milieu.


Même si la Commission s’en défend, le cadre de la politique commerciale de l’UE reste l’extension du libre-échange en tant que tel et plus particulièrement, la prolongation du marché unique vers l’extérieur. La vision de la Chine, telle que la présente Sun Yan (2019), du département d’études européennes de l’Académie chinoise des sciences sociales, est plus conforme au point de vue traditionnel : « En réalité, dans ce monde, il n’y a pas de justice absolue dans les règles internationales, et aucun système international n’est capable de satisfaire pleinement toutes ses parties prenantes ». La meilleure approche est de bien saisir les grands principes directeurs et les tendances des intérêts de toutes les parties prenantes, afin d’établir des règles qui ménagent les intérêts de la majorité des pays ».


Des instruments de régulation des déséquilibres


La stratégie d’autosuffisance et de sécurité économique de la Chine se traduit pour les entreprises européennes par des obstacles supplémentaires et par une forte pression à la localisation sur le sol chinois des activités de production et d’innovation à forte valeur ajoutée.


La concurrence en Chine est faussée par le manque de transparence et d’équité dans l’application des réglementations, et par la persistance de transferts technologiques forcés. Les aides publiques protéiformes sont à l’origine de distorsions massives.



Au contraire, l’UE ne doit pas s’attendre à ce que le rééqui­librage vienne de concessions chinoises, mais plutôt de ses propres initiatives pour défendre ses intérêts et ses valeurs.


Selon la note du conseil d’analyse économique pour « Renforcer la stratégie économique de l’Europe vis-à-vis de la Chine » il convient de :

  • Renforcer la coopération internationale pour obtenir de la Chine une coordination sur les subventions industrielles. Utiliser de manière active mais sélective les instruments de défense commerciale.

  • Ne pas faire de la ratification du CAI (l’accord global sur l’investissement) une priorité dans les circonstances actuelles.

  • Finaliser le règlement sur les subventions étrangères et mettre l’accent sur l’utilisation efficace de la panoplie d’instruments autonomes de rétorsions.

  • En utilisant les politiques commerciales et d’investissement pour lutter contre les violations des droits de l’Homme, s’appuyer sur la coordination internationale et veiller à la proportionnalité des réglementations et l’adaptabilité des actions.

  • Sans différer la mise en œuvre du Marché d’ajustement carbone aux frontières, engager un dialogue sur la prise en compte des politiques climatiques chinoises dans un cadre plurilatéral.

  • Faire des conditions de réciprocité un levier pour aider les entreprises européennes à obtenir la transférabilité des données industrielles depuis et vers la Chine, sous réserve de sécurité et de confidentialité.

  • Nommer d’un « procureur commercial » euro­péen.

Charles-Antoine ROUSSY, président de la Maison de l’Europe


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Sources :

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