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Relations Chine/UE - Chapitre III : des rivaux systémiques




Les modifications des relations géopolitiques entre l’UE et les grandes puissances, Chine d’abord mais aussi Russie et USA bouleversent l’ordre économique et politique. Une nouvelle vision du monde est en train de naitre.


En 2019 l’Union européenne (UE) a publié un papier d’analyse stratégique qui qualifiait la Chine de « rival systémique », reflétant un bouleversement dans la façon d’aborder la relation sino-européenne. Cette qualification de plus en plus fréquente que ce soit de la part de l’UE ou des USA traduit les inquiétudes à la fois d’ordre économique, politique mais surtout de vision du monde, d’opposition entre démocraties et régimes autocratiques.

Vis-à-vis de la Russie depuis la guerre en Ukraine, il est clair que les régimes autocratiques chinois et russes partagent au moins en partie l’impression d’une exclusion plus ou moins rampante du concert des nations. Leur politique africaine assez parallèle en est aussi une preuve. Cependant, les intérêts des deux pays sont loin d'être convergents sur la scène internationale et leur bonne entente de façade ne signifie probablement pas une alliance stratégique.


La Chine veut partager avec l’autre grande puissance mondiale, les Etats-Unis, la domination de l’ordre mondial. De ce point de vue, la Russie et la Chine sont en concurrence par rapport aux Etats-Unis en tant qu’adversaire désigné.


Quant aux « Routes de la soie », actuellement en désaffection à Pékin, la Chine a presque complétement écarté tout passage par la Russie en dehors d’une ligne de chemin de fer vers Saint Pétersbourg, au profit des anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale.


Fait rare, ils ont laissé passer un communiqué du G20, dont ils ne se sont pas désolidarisés, condamnant la menace nucléaire russe. Xi Jinping s’est toujours fermement opposé à la menace, par les Russes, de l’emploi de l’arme nucléaire et l’a encore répété lors de sa visite à Moscou.


La stratégie chinoise déclarée.


Lors du XXème congrès du Parti communiste chinois plusieurs points ont été affirmés et posent la vision actuelle de Xi Jinping.

- La chine doit moderniser le « style chinois »

- La Chine doit viser l’autosuffisance et l’autonomie

- La Chine veut son intégrité géographique (Taiwan) de façon « pacifique »

La Chine est un pays moderne et scientifique. (Une montée en puissance des ingénieurs et scientifiques -au Comité central on en compte maintenant 29- semble logique dans un contexte où la Chine avance à marche forcée vers l’autonomie voire l’autarcie technologique).

On peut noter que les droits humains fondamentaux n’ont pas été cités lors de ce congrès, ce qui affirme encore plus son statut d’autocratie


Les objectifs de l’UE


PLACER LA SOUVERAINETE ET LA SECURITE ECONOMIQUES AU CŒUR DES OBJECTIFS DE L’UE


Les relations écono­miques de l’UE avec la Chine apparaissent désormais expo­sées à des risques significatifs de perturbations majeures, avec des enjeux économiques bien plus élevés que ceux vis-à-vis de la Russie. L’UE estime que mettre fin à l’interdé­pendance économique n’est pas une réponse adaptée : les échanges sont à l’origine de gains économiques significatifs et, malgré les asymétries constatées, ils créent des intérêts communs qui sont indispensables pour nourrir des relations durables et constructives, y compris dans la réponse aux défis communs. Cela justifie toutefois de placer la souverai­neté et la sécurité économiques au cœur des objectifs de la politique de l’UE vis-à-vis de la Chine, afin de minimiser les vulnérabilités, d’avoir les moyens d’agir de manière indépen­dante et de poursuivre des objectifs fondamentaux. Le but d’une telle stratégie est donc de construire une interdépen­dance plus sûre, et non un découplage total.


AMÉLIORER L’AUTONOMIE STRATÉGIQUE DE L’UE POUR ÉVITER UN AFFRONTEMENT ENTRE L’OCCIDENT ET LE « RESTE DU MONDE »


La guerre en Ukraine et la concurrence accrue avec la Chine appellent l’UE à renforcer sa capacité à agir non seulement sur le plan économique, mais aussi géopolitique. Les appels pour plus de souveraineté européenne ou d’autonomie stratégique ouverte de l’UE ne datent pas d’hier. La guerre rend cet agenda plus pressant. La question est de savoir comment l’UE devrait se positionner dans le nouvel ordre mondial qui émerge, bouleversé par les confrontations ouvertes entre l’Ouest d’un côté, et la Russie et la Chine, de l’autre. Du point de vue de l’UE, deux éléments semblent primordiaux. L’UE doit devenir une réelle puissance en matière de sécurité, tout en coopérant étroitement avec les partenaires de l’OTAN. Ainsi l’UE devrait-elle être capable de définir sa propre politique vis-à-vis du « reste du monde ». Pour cela, elle doit établir un nouveau modèle de relations avec des pays développés ou en développement qui doit lui permettre, à l’avenir, de ne pas être prise au piège entre les États-Unis et la Chine. Il est important de noter ici qu’il ne s’agit en aucun cas d’équidistance, mais bien de la capacité de l’UE à choisir stratégiquement au mieux de ses intérêts et ses valeurs.


Charles-Antoine ROUSSY



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