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Tribune : Contre-pied outre-Manche

Décidément Boris Johnson, le blond échevelé premier ministre de Sa Gracieuse Majesté, est un politique en position bien incohérente.


Après avoir, à travers le Brexit, vanté depuis des années aux Britanniques les vertus de l’indépendance à tout crin, le voilà qui essaye de déplacer son archipel aux antipodes via le traité commercial transpacifique ! Le « Trans-Pacific Partnership Agreement » est un traité multilatéral de libre-échange signé le 4 février 2016, qui vise à intégrer les économies des régions Asie-Pacifique et Amérique pour contrer l’ogre chinois. La Grande-Bretagne, depuis son détachement de l’Europe, a donc dérivé bien loin de nos côtes, dans l’océan Pacifique, aux côtés de l'Australie, du Canada, du Japon, du Mexique, de la Nouvelle-Zélande, de Singapour et du Viêt Nam... Les États Unis s’en sont pour leur part retirés en 2018.


Il est aussi de plus en plus difficile à « l’indépendante » Grande-Bretagne de résister aux volontés « indépendantistes » de l’Écosse et de l’Irlande du nord. L’Écosse, qui a voté contre le Brexit à 62%, ne cesse de réclamer son indépendance au nom des mêmes principes que ceux qui ont guidé la sortie de l’UE pour le Royaume Uni. Selon le dernier sondage en décembre 2020, 58% des Écossais soutiennent désormais une rupture avec le Royaume-Uni. Le Brexit n'est pas la seule raison de cette évolution. La Covid-19 est aussi passée par là. Récemment un sondage réalisé par Ipsos créditait la première ministre écossaise, l'indépendantiste Nicola Sturgeon, d'un "très fort" soutien du public, satisfait à 72% de sa gestion de la pandémie. Ce qui diffère largement des scores de « Bo-Jo » concernant sa prise en charge erratique de la maladie. De plus, pour les indépendantistes, Londres a trahi la confiance des Écossais, ignorant la promesse faite en 2014 de respecter leurs droits comme citoyens européens s’ils demeuraient au sein du Royaume-Uni. Après les élections régionales de mai 2021, une forte victoire du parti indépendantiste renforcera très vraisemblablement la pression sur Londres pour accepter un deuxième référendum, déjà surnommé "indyref2".


En ce qui concerne l’Irlande du nord, en signant les accords du Vendredi Saint en 1998, le gouvernement de Sa Majesté s’était engagé à convoquer un référendum sur la réunification de l’Irlande dès lors que les sondages suggéreraient que cette idée puisse l’emporter. Or, lors des dernières élections de décembre 2020, les Nord-Irlandais ont élu moins de députés unionistes protestants (8) que de républicains-nationalistes catholiques (9, dont 7 du Sinn Fein, la branche politique de l’IRA). Lesquels, alliés à « Alliance », le parti anti-Brexit arrivé en troisième place, prônent une évolution vers la réunification de l’Irlande.


Le Brexit pourrait bien sonner la fin de l’intégrité du Royaume, et pour l’UE, un départ et deux retours futurs. A suivre …



Charles-Antoine Roussy, président de la Maison de l’Europe de Nîmes

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