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Roumanie: la lutte contre la corruption perd une bataille


Depuis de longs mois le gouvernement dirigé par le Parti Social-Démocrate, héritier du Parti communiste, demandait la révocation de la procureur en chef de la DNA, Direction Nationale Anti-corruption, Laura Codruta Kövesi.

Le président de la République (libéral de centre droit) refusait de signer le décret de cette révocation. Il a dû céder le 9 juillet, une décision de la Cour constitutionnelle du 31 mai l'obligeant à signer ce décret.

Ce n'est pas une bonne nouvelle pour la séparation des pouvoirs et l'état de droit en Roumanie et la Commission européenne a averti le gouvernement roumain qu'elle serait très attentive à l'évolution de la lutte anti-corruption dans le pays. Le 10 août des dizaines de milliers de manifestants, parmi lesquels de nombreux Roumains résidant hors de Roumanie et rentrés pour les vacances, ont défilé pour réclamer la démission du gouvernement "ennemi de l'état de droit"; la manifestation a été réprimée brutalement.

Mme Kövesi était à son poste depuis 2013 et son action a été souvent spectaculaire car elle n'a pas craint de s'attaquer à des personnalités politiques importantes. Rien qu'en 2017 elle a envoyé devant les tribunaux trois ministres, cinq députés et un sénateur du parti majoritaire. Le président du PSD et de la chambre des députés a été condamné en juin 2018 à de la prison ferme dans une affaire d'emplois fictifs et il a orchestré une campagne de dénigrement de la DNA, comparée à la Securitate de Ceaucescu, et de Mme Kövesi, accusée de vouloir se faire un nom en révélant de fausses affaires. Avant de partir Mme Kövesi s'est interrogée publiquement: "Les procureurs en chef seront-ils soumis au pouvoir discrétionnaire du ministre de la justice?". Pour le moment les candidats à sa succession ont tous été écartés par le ministre de la justice, une nomination (d'un juriste plus docile?) est attendue début septembre.

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