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Conférence-débat: " La Hongrie au coeur de l'Europe " par M. György KAROLYI, ambassade

Cette conférence-débat à la Maison de l'Europe a été proposée par M. Pascal Besson, consul honoraire de Hongrie à Nîmes, pour profiter d'une visite de l'ambassadeur à Nîmes. Rappelons que Nîmes-Métropole et le département hongrois de Bacs Kiskun ont très récemment été engagés dans un "partenariat stratégique" d'une durée de 2 ans, portant notamment sur le développement durable, auquel a participé la Maison de l'Europe, aux côtés de plusieurs autres structures. Une exposition sur les résultats de ce partenariat a été installée à la Maison de l'Europe juste avant la venue de l'ambassadeur. L'assistance était nombreuse (40 personnes environ) pour cette conférence-débat ouverte au public.

Dans ses mots d'accueil Frédéric Bourquin a exprimé l'admiration que nous devons avoir pour le peuple hongrois, qui s'est soulevé à Budapest en 1956, qui le premier a levé une barrière du rideau de fer en 1989, et qui a su mener une restructuration difficile de son économie pour l'adapter à l'économie de marché. Il a également souligné que cela n'empêchait pas de se poser des questions sur la politique actuelle du gouvernement hongrois, qui à plusieurs reprises a eu récemment des "rappels à l'ordre" venant d'organisations européennes ou internationales: Union européenne, Commission de Venise du Conseil de l'Europe, OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).

Dans sa courte présentation, l'ambassadeur a évidemment mis en avant des points positifs pour son pays: - la Hongrie a été la première à ratifier l'accord de Paris de la COP21 - personne ne parle en Hongrie de quitter l'UE: près de 80 % des Hongrois se disent attachés à être dans l'UE - au lieu des "30 glorieuses" de l'Ouest, la Hongrie a vécu des "45 affreuses", et lors du soulèvement de 1956 elle a frappé à la porte du monde libre, qui est restée fermée - les 14 ans entre 1990 et l'entrée dans l'UE en 2004 ont été longs, alors que personne ne doutait que les pays d'Europe centrale et orientale avaient vocation à rejoindre l'UE - l'ouverture de l'économie restée longtemps fermée et non compétitive a entraîné la disparition d'1 million d'emplois (ce qui à l'échelle de la France correspondrait à 6 millions), certains secteurs ont complètement disparu (sucre, tabac). Les Fonds européens de cohésion que reçoit la Hongrie ont accompagné et soutenu l'ouverture de l'économie, ce n'était pas "une aumône" - aujourd'hui la croissance est de 4 à 5 % par an, dans laquelle les fonds européens comptent pour environ 1 %. Le million d'emplois perdus a été regagné à plus de 80 %, le chômage est bas (3,5 %) et des pénuries de main-d'oeuvre apparaissent. La croissance ne peut donc plus être basée sur le nombre d'emplois créés mais sur la valeur ajoutée apportée par ces emplois. - la Hongrie satisfait les critères d'entrée dans la zone €: le déficit public est à moins de 2 % du PIB et la dette publique à 70 % mais en baisse. La Hongrie rejoindra la zone € mais elle s'est donné une condition supplémentaire: attendre que le revenu moyen par habitant soit à 80 % de la moyenne européenne, aujourd'hui il n'est qu'à 50 % de cette moyenne.

Après cette présentation, l'ambassadeur a été soumis à un "feu roulant" souvent très vif de questions sur la politique actuelle de son gouvernement. Il y a répondu avec un art consommé de la diplomatie, dans une langue française parfaitement maîtrisée, en réfutant toutes les informations dont les sources étaient les médias. Les principales questions ont porté sur: - les atteintes à la liberté de la presse. La réponse a été que le quotidien et l'hebdomadaire les plus lus, la chaîne de télé la plus regardée (RTL Hongrie) et le portail Internet le plus fréquenté (Index) sont tous d'opposition. - le refus d'accueillir des migrants et la mise en place de barrières physiques très cruelles aux frontières avec des Etats voisins qui ne sont pas dans l'espace Schengen. La réponse a été d'une part qu'aucun pays n'avait rempli son quota de réinstallation de migrants (la France: 5 000 pour un quota de 30 000) et que de toute façon les migrants ne veulent absolument pas s'installer en Hongrie, d'autre part que la Hongrie sécurise sa part des frontières extérieures de l'UE comme c'est la règle européenne et le fait avec une aide européenne: "c'est une clôture européenne au bénéfice des pays de destination finale des migrants", "lorsque la Croatie entrera dans l'espace Schengen la clôture entre la Hongrie et la Croatie sera supprimée". L'ambassadeur a ajouté que la Hongrie cherche, avec les autres membres du groupe de Visegrad à dissuader les migrants de migrer, en apportant une aide aux pays de départ et aux pays voisins qui accueillent eux-mêmes des réfugiés (comme la Jordanie, le Liban ou la Turquie): voir sur Internet le programme "Hungary helps". - l'obligation de faire des heures supplémentaires pas ou peu payées. L'ambassadeur a contesté l'existence de cette pratique, en expliquant que le code du travail hongrois prévoyait un horaire légal de 40 h par semaine. - l'évolution démographique. Constatant le taux de fécondité très bas le gouvernement hongrois a mis en place un programme d'aide à la natalité, le taux de fécondité est un peu remonté, passant de 1,25 à 1,5 ce qui reste trop bas. Cependant l'avortement n'est pas interdit en Hongrie. - la nature de la démocratie "illibérale" définie et appliquée par le gouvernement de Viktor Orban, et sa compatibilité avec les traités de l'Union européenne. L'ambassadeur a tout d'abord affirmé que la Hongrie avait un système de gouvernement tout à fait démocratique: "par exemple la Cour constitutionnelle est nommée par le Parlement" (petite pique à la France où les membres du Conseil constitutionnel sont désignés respectivement par le président de la République, le président du Sénat et le président de l'Assemblée nationale... cependant avec possibilité de veto par les commissions parlementaires compétentes). Après avoir distingué la démocratie (système de gouvernement) et le libéralisme (ensemble de valeurs), "pas forcément liés", il a souligné qu'il fallait des limites à la liberté individuelle, sinon c'est la jungle. Il a indiqué que le parti Fidesz de Viktor Orban était certes suspendu des activités du groupe politique PPE du Parlement européen, mais qu'il y avait "débat au sein du PPE entre les tendances centre droit et centre gauche" et qu'on verrait "après les élections européennes"; Concernant les remarques de la Commission de Venise du Conseil de l'Europe, il a souligné que cette Commission n'était que consultative et n'imposait donc pas de suivre ses recommandations. Il a d'autre part affirmé de façon très péremptoire que les procédures d'infraction déclenchées contre la Hongrie par la Commission européenne "étaient actuellement closes à la satisfaction des parties".

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