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Lettre Europe Avril 2022

Résilience ! vous avez dit résilience ?




Voilà un mot qui fait fureur dans les médias : la « résilience ». Celle-ci est mise à toutes les sauces pour vanter la capacité des Ukrainiens à se relever malgré le traumatisme de la guerre. Peu nombreux savent qu’il s’agit en physique du degré de résistance d’un métal au choc, que cela représente aussi la capacité des écosystèmes à se régénérer, ou la tolérance aux pannes d’un système complexe.


Suis-je résilient ? Nous nous posons tous la question : et si c’était moi qui étais à Kiev ou à Karkhiv, comment me comporterai-je ? Partirais-je au combat ? C’est cette angoisse qui, s’ajoutant à d’autres générées par les images violentes et les commentaires répétitifs, engendre chez la plupart des européens une culpabilité sourde et une anxiété de plus en plus grande en face de cette guerre insupportable.


L’Union européenne a été créée pour éviter les guerres qui émergeaient régulièrement entre nos peuples jusqu’au milieu du XX° siècle. Nous vivons donc cette guerre en Ukraine comme un échec patent, une verrue dans un XXI° siècle mondialisé et presque en paix sur notre continent.

Nous avons naïvement cru que Donald TRUMP était le champion du monde des « fausses nouvelles ». Mais Vladimir POUTINE est très bien placé pour le titre, lui qui réussit à fait croire à la grande majorité de ses concitoyens que les nazis ukrainiens vont les attaquer, et que donc des « opérations militaires préventives » sont légitimes.

Mais une autre guerre se développe depuis des années, aux USA comme en Russie, en Chine comme au Liban, au Mali comme en Corée du Nord. Elle est plus pernicieuse. Elle fait rage quotidiennement sur Facebook, Twitter, CNN, BFMTV, RUSSIA Today ou le Quotidien du Peuple…

C’est la guerre de l’information.


Nous devons admettre que la diffusion continue de désinformation est capable de créer des affrontements violents, des guerres interminables conventionnelles ou non, mais avec autant de violence et de morts. L’objectif est de déstabiliser l’adversaire en versant de l’huile sur le feu à chaque incident, de saper la confiance des citoyens dans leurs institutions et surtout d’affirmer haut et fort n’importe quoi pourvu que cela déstabilise la population adverse. Tout ce qui peut affaiblir l’autre et le fragiliser est bon à prendre. Cette guerre, qui ne dit pas son nom, a fait des centaines de milliers de morts au cours de révolutions plus ou moins spontanées, de coups d’états télécommandés, de manipulations éhontées des cours des matières premières, entraînant des émeutes de la faim, des exodes de population et des génocides plus ou moins téléguidés. Et le plus beau c’est que nous finançons cette guerre nous-mêmes en grande partie.

L’Europe ne doit pas se tromper de guerre. Un missile de 20 kg détruit aisément un avion ou un char de plusieurs millions d’euros. Une petite armée motivée peut tenir en respect un certain temps l’ours de l’armée rouge. Mais la mise en cause de notre espace démocratique pourra se faire sans armes par le détournement de nos valeurs et la corruption de nos cultures. Tout cela sera organisé par d’autres, grâce à la manipulation performante et itérative de l’information.

L’Europe doit se défendre plus énergiquement, contre les mots comme contre les armes. Elle en a les moyens, il est temps de les prendre.

Charles-Antoine ROUSSY

Président de la Maison de l’Europe de Nîmes


Agenda avril 2022


Jeudi 7 avril, 16h

Conférence de presse & remise des Europass Mobilité Nîmes

8 jeunes des Missions locales de Nîmes Métropole et de la Petite Camargue sont partis travailler dans des entreprises à Kalamata en Grèce grâce au programme Erasmus. Une conférence de presse et la remise des Europass mobilité sont organisées à 16h à la Maison de la Région.

  • 3 Place des Arènes, Nîmes


Lundi 11 avril, 16h

Les langues – ton passeport en Europe, Collège Feuchères

Dans le cadre de la semaine internationale des langues, le collège Feuchères invite la Maison de l’Europe pour une conférence sur le multilinguisme en Europe.

  • 3 Avenue Feuchères, Nîmes


Lundi 11 avril, 18h

Réunion d’info : Partir à l’étranger ?

Présentation des dispositifs européens pour les jeunes et des missions du Corps européen de solidarité.

Volontariat européen, projets de solidarité, stages / emploi, autres…

  • Maison de l’Europe, 46 Rue de la République, Nîmes


Mercredi 13 avril, 9h30 – 12h

  1. Invitation - 2ème anniversaire du Fonds citoyen franco-allemand à Paris

  2. C'est le 2ème anniversaire du Fonds citoyen franco-allemand ! L’équipe du fonds citoyen et son référant Occitanie, Michael Stange vous invitent à célébrer cela le 13 avril 2022 et à oser ensemble l’ « utopie » : celle d’un engagement citoyen et franco-allemand pour l'Europe.


Mardi 19 avril, 16h

Les langues – ton passeport en Europe, collège La Galaberte

Dans le cadre de la semaine internationale des langues, le collège la Galaberte invite une équipe de 3 animateurs et volontaires européens de la Maison de l’Europe pour des ateliers sur le multilinguisme en Europe.

  • 4 Bd du Temple, 30170 Saint-Hippolyte-du-Fort


Jeudi 21 avril, 18h30

Café linguistique

Envie de vous entraîner à parler des langues étrangères avec des locuteurs natifs ? Alors, venez le 21 avril à partir de 18h30 au Spot et profitez de la présence des jeunes de tous les coins de l'Europe !

  • Le Spot, 8 Rue de l'Enclos Rey, Nîmes


Vendredi 22 avril, 9h30

Les langues – ton passeport en Europe, collège Feuchères

Dans le cadre de la semaine internationale des langues, le collège Feuchères invite une équipe de 3 animateurs et volontaires européens de la Maison de l’Europe pour des ateliers sur le multilinguisme en Europe.

  • 3 Avenue Feuchères, Nîmes


Mercredi 27 – Vendredi 29 avril

Point Info Office franco-allemand pour la jeunesse

La Maison de l’Europe participe au séminaire annuel des Points info OFAJ à Aix-la-Chapelle.

  • Forum M, Buchkremerstraße 1-7, Aix-la-Chapelle


Jeudi 28 avril 9h – 17h

Salon Travail – avenir - formation

La Maison de l’Europe sera présente au salon Travail Avenir Formation à Alès.

  • Parc des expositions, Alès


Mardi 3 mai, 11h

Conférence de presse : Le Joli mois de l’Europe dans le Gard et en Lozère

Les régions françaises organisent autour de la Journée de l’Europe, le 9 mai, le dispositif Joli Mois de l’Europe – une belle occasion de parler d’Europe. Mardi 3 mai, nous vous invitons à une conférence de presse collective à la Maison de la Région à Nîmes pour s’informer sur les évènements autour de l’Europe dans les départements du Gard et de la Lozère.

  • 3 Place des Arènes, Nîmes


Qu’apporte la directive européenne de protection temporaire aux réfugiés ukrainiens ?


La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré : « L’Europe se tient aux côtés de ceux qui ont besoin d'une protection. Toute personne qui fuit les bombes de Poutine est la bienvenue en Europe. Nous fournirons une protection à ceux qui cherchent un refuge et nous aiderons ceux qui cherchent à rentrer chez eux en toute sécurité. »

source : vie-publique.fr


Dès les premiers jours de l’invasion, une fois la sidération passée, il a été clair que c’est l’ensemble des pays européens, y compris des non-membres de l’UE comme le Royaume-Uni et la Suisse qui allaient se mobiliser pour offrir aux millions d’Ukrainiens fuyant leur pays un premier refuge. Les populations ukrainiennes ne laissaient d’ailleurs pas d’autre choix, se pressant en masse aux frontières extérieures de leur pays, dans un de ces grands mouvements de foules terrifiées tels qu’on les a connus entre le Cambodge et la Thaïlande en 1979, entre la Macédoine du Nord et le Kossovo en 1999 et, plus près de nous, dans les Balkans ou aux frontières de la Syrie.

Or, voici que devant la soudaineté et l’ampleur d’une situation que personne n’avait vraiment imaginée, l’Europe invente une réponse adaptée. Et elle le fait sans atermoiements ni discussions interminables, comme on peut parfois les déplorer lorsque l’urgence ne l’exige pas. Justement, il y avait urgence, et il fallait répondre tout de suite. L’Europe l’a fait, le 3 mars, une semaine à peine après l’invasion de l’Ukraine.

Il a tout d’abord été dit qu’il s’agissait de dispositions dérogatoires, appliquées spécifiquement au cas des Ukrainiens fuyant la guerre. Vérification faite, les mesures proposées par la Commission et immédiatement adoptées par le Conseil le 3 mars sont à la fois beaucoup plus simples et beaucoup plus ambitieuses. Elles sont un parfait reflet d’un certain fonctionnement de l’Union européenne, avec ses failles et ses vertus. En effet, il s’agit en réalité d’une directive adoptée le 20 juillet 2001 (pour être précis : la directive CE/55/2001) et jamais utilisée depuis.

Les deux points les plus intéressants à souligner à ce sujet sont les suivants.

D’abord, il faut rappeler que cette directive a été adoptée après la guerre du Kosovo de 1999, qui a abouti à l’indépendance de ce pays, jusque-là province de la Serbie. Elle a été adoptée sous un intitulé qui lui est resté, à savoir celui de protection temporaire. C’est en effet très exactement l’objectif qu’elle poursuit, à savoir : assurer une protection temporaire en cas d’afflux massif de ressortissants étrangers contraints de quitter leur pays. Or les discussions traînaient déjà depuis plusieurs années, la question avait été soulevée au cours des guerres de l’ex-Yougoslavie, mais sans qu’aucun texte aboutisse. L’expulsion de centaines de milliers de Kosovars de leur pays par l’armée serbe (yougoslave à l’époque) a été si brutale et si soudaine, presque autant que celle qui pousse aujourd’hui les Ukrainiens à l’exode, que le Conseil ne pouvait faire moins qu’aboutir à un accord pour le cas où une telle situation se reproduirait. Ce qui fut fait, sous la forme de cette directive, restée depuis lettre morte.

Lettre morte ? Pas tout à fait, et c’est le deuxième point qui mérite d’être expliqué. En effet, lorsque des migrants ont commencé à affluer par les mers, avant même le printemps arabe et les évènements de Syrie, l’Italie et Malte, qui se trouvaient en première ligne, ont demandé que la directive 55/2001 soit activée. Nous étions en 2011. Or la Commission (alors présidée par Barroso) n’a pas souhaité donner suite à cette demande, et le Conseil n‘a manifestement pas jugé utile de la pousser dans ses retranchements. Cela peut paraître choquant aujourd’hui, mais les raisons invoquées par la Commission pouvaient s’entendre : il s’agissait alors de mettre sur pied un véritable Régime d’asile européen commun (RAEC), qui devait, en voyant le jour, inclure les dispositions de la directive « protection temporaire ».

Objection, donc, relativement louable, d’autant que ce RAEC connaissait déjà un début de réalisation. D’abord à travers la création de l’EASO (Bureau européen de Soutien à l’Asile), une agence basée à Malte qui devait, par son assistance technique, faire converger les systèmes de traitement des demandes d’asile des différents États-membres. Puis par la mise en place d’un Fonds spécifique dit « Asile, Migration et Intégration », doté de plusieurs centaines de millions d’euros, qui devait faire en sorte que ce RAEC ne soit pas qu’un vœu pieux.



Ensuite ? Ensuite, comme on sait que les choses en Europe vont à la fois très vite et très lentement, ce fut la pitoyable procession de dizaines de milliers de réfugiés syriens et moyen-orientaux déferlant à travers les Balkans, et la tentative louable mais vaine de Jean-Claude Juncker, nouveau président de la Commission élu en 2014, de faire appliquer une des mesures de la directive 55/2001 sans laquelle elle perdait tout son sens, à savoir : « assurer un équilibre entre les efforts consentis par les États membres pour accueillir ces personnes et supporter les conséquences de cet accueil ». On se souvient que malgré l’attitude honorable d’Angela Merkel, cet équilibre ne put jamais être atteint.

Et les choses sont alors restées en l’état jusqu’à ce qu’Ursula von der Leyen succède à Juncker et relance une nouvelle fois, avec l’énergie et le volontarisme qu’on lui reconnaît désormais, l’idée du RAEC. Cette fois, l’impulsion prit la forme du Pacte européen sur l'immigration et l'asile, adopté par le Conseil le 23 septembre 2020, et qui devait déboucher sur un paquet législatif reprenant, amplifiant et consolidant tous les acquis précédents en matière d’asile et d’immigration. C’était, en quelque sorte, la dernière ligne droite, même si elle promettait d’être longue : du moins pouvait-on augurer de ce sur quoi, après des débats à coup sûr houleux, elle déboucherait un jour.

Et voici que Poutine envoie son armée envahir l’Ukraine. Cette fois, il n’est plus temps de tergiverser : il faut appliquer immédiatement la directive 55/2001, seul moyen de montrer à la fois la solidarité qui s’impose envers une population martyre et de prouver à Poutine qu’en défiant l’Europe, il la renforce.

C’est pourquoi, à ces millions d’Ukrainiens qui, au mieux doivent quitter leur province envahie (et dans ce cas on parle de personnes déplacées, dont les besoins devront aussi, tôt ou tard, être pris en charge) ou, au pire se réfugient à l’étranger, on applique immédiatement les dispositions de la directive 55/2001 : droit à une protection complète, avec accès aux soins médicaux et aux aides sociales, accès à l’éducation et à la formation pour les adultes et les enfants, et bien sûr droit à être hébergés et nourris et, surtout, c’est cela qui est le plus remarquable, le droit d’occuper un emploi.


Par la suite, ceux qui le souhaitent pourront demander l’asile politique, mais on sait que ce n’est pas le souhait le plus souvent exprimé : tous ces gens veulent rentrer chez eux dès que ce sera possible.

Voilà donc des personnes, des familles, plus exactement des familles incomplètes -puisque, on le sait, beaucoup d’hommes sont restés en Ukraine pour se battre- à qui on offre immédiatement une solidarité concrète et complète, et cela, dans tous les pays de l’Union européenne puisque, cette fois, la répartition ne pose aucun autre problème que celui de sa mise en œuvre pratique.

Une fois encore, constatons que l’Europe est forte lorsqu’elle est confrontée à une crise. Au cas présent, c’est bien plus qu’une crise, c’est un drame. Mais la réponse de l’Europe est à la hauteur du drame.


Jean-Luc BERNET


L'élargissement de l'UE : pourquoi l'adhésion de l'Ukraine n'est pas pour demain


Poussées par la guerre, l’Ukraine suivie par la Géorgie et la Moldavie ont récemment envoyé leur candidature d’adhésion à l’UE en demandant une intégration « sans délai » via « une procédure spéciale ».


Source : Touteleurope.fr


C’est la première fois que des pays souhaitent intégrer l’UE pour des raisons de sécurité.

En effet, il existe une clause de défense mutuelle. Selon l’article 42 (paragraphe 7) du traité sur l’Union européenne, les Etats membres de l’Union doivent aider un pays membre si celui-ci est victime d’une « agression armée sur son territoire ».

Le Sommet de Versailles qui a réuni, les 10 et 11 mars derniers, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, la Présidente de la Commission européenne et le Président du Conseil européen a tranché : accueillir l’Ukraine, avec 41 millions d’habitants, n’est pas une décision qui se prend dans la précipitation, de plus une procédure d’adhésion ne mettra pas fin à la guerre. Par ailleurs, les 27 chefs d’Etat et de gouvernement l’ont rappelé : il n’existe aucune procédure rapide d’adhésion à l’UE.

Nécessitant l’accord unanime des 27 pays membres, cette intégration est un processus particulièrement long car il faut rapprocher la législation du pays candidat du droit européen. Leur éventuelle entrée dans l’Union s’annonce donc complexe.

Pour exemple, les délais entre le dépôt de candidature et l’adhésion officielle à l’UE pour les derniers entrés ont été :

Pour la Hongrie et la Pologne, 10 ans de 1994 à 2004 ;

La Roumanie et la Bulgarie, 12 ans entre 1995 et 2007 ;

Et la Croatie : 10 ans, 2003 - 2013.


Aujourd’hui quels sont les pays candidats ?

Cinq pays sont des candidats officiels :

La Turquie est officiellement un pays candidat depuis 1999. Les négociations d’adhésion ont démarré le 3 octobre 2005. En 2019, elles étaient officiellement au “point mort” selon le Conseil de l’UE.

La Macédoine du Nord est devenue officiellement candidate en décembre 2005. Le 26 mars 2020, le Conseil européen donne son feu vert pour l’ouverture des négociations d’adhésion.

Le Monténégro s’est vu accorder le statut de candidat le 17 décembre 2010. Les négociations se sont ouvertes en juin 2012.

La Serbie a la qualité de pays candidat depuis mars 2012 et a entamé les négociations en janvier 2014.

L’Albanie est officiellement candidate depuis juin 2014. Le 26 mars 2020, le Conseil européen donne son aval pour l’ouverture des négociations, à la même date que pour la Macédoine du Nord.


Quatre pays ont déposé leur candidature mais n’ont pas encore le statut de candidat:

La Bosnie-Herzégovine (15 février 2016)

L’Ukraine (28 février 2022)

La Géorgie (3 mars 2022)

La Moldavie (3 mars 2022)

La Bosnie-Herzégovine ainsi que le Kosovo, qui n’a pas déposé de demande d’adhésion mais a exprimé sa volonté d’adhérer à l’UE à terme, sont considérés en tant que “candidats potentiels” (depuis respectivement 2003 et 2008) par les institutions européennes.

Un pays a décidé d’abandonner les négociations d’adhésion :

L’Islande : les négociations en vue de l’adhésion de l’Islande à l’Union européenne ont été ouvertes le 26 juillet 2010, cette dernière a finalement retirer sa candidature le 12 mars 2015.



Source : touteleurope.fr


La procédure d’entrée dans l’Union européenne

La Commission européenne doit d’abord rendre un avis sur chacune des demandes d’adhésion après les avoir examinées. Une fois l’avis rendu par l’exécutif européen, les candidatures doivent être acceptées à l’unanimité lors d’un vote au Conseil de l’UE, sous réserve d’approbation du Conseil européen. Le pays obtient alors le statut de candidat à l’adhésion. Le processus d’intégration donne ensuite lieu à des négociations longues et complexes, qui ne peuvent aboutir à une adhésion à l’UE qu’avec l’accord unanime des 27 états membres.


Pour obtenir le statut de candidat à l’adhésion, le pays doit satisfaire aux critères d’éligibilité de l’UE. Il doit respecter trois critères (les “critères de Copenhague”) :

• Des institutions stables garantissant la démocratie, l’état de droit, les droits de l’homme et le respect et la protection des minorités ;

• Une économie de marché viable et la capacité de faire face à la concurrence et au marché de l’Union européenne ;

• L’acquis communautaire, c’est-à-dire la capacité de mettre en œuvre les obligations découlant de l’adhésion, et notamment de souscrire aux objectifs de l’Union politique, économique et monétaire.


Quels sont les freins à l’intégration pour l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie ?

Plusieurs freins importants existent en ce qui concerne ces trois nouvelles candidatures.

Pour l’Ukraine, il s’agit en premier lieu de la guerre qui l’oppose à la Russie. Il apparaît particulièrement difficile de garantir des institutions stables et une économie viable lorsqu’un pays est en proie à un conflit armé.

En outre, les pays de l’ex-URSS subissent une forte corruption.

Enfin, un autre frein encore est celui de la pauvreté. La Moldavie, notamment, apparaît comme l’un des pays les plus pauvres d’Europe.


Pourquoi élargir l’UE ?

L’élargissement permet à l’Union européenne d’agrandir son territoire, sa population, peut l’aider à s’imposer sur l’échiquier géopolitique face aux autres acteurs majeurs mondiaux, mais rend inévitablement le processus décisionnel au sein de ses institutions plus complexe, le nombre de participants aux réunions du Conseil augmente également, tout comme la liste des commissaires européens et des eurodéputés. Deux positions s’affrontent alors : faut-il accélérer l’adhésion de nouveaux États membres ou approfondir l’union déjà créée ?

L’agrandissement constant de l’UE, ne permet pas qu’une véritable cohésion s’établisse entre les Etats membres. De l’autre côté, le gel de cette politique, voulue par Jean-Claude Juncker au cours de son mandat (2014-2019), a provoqué un sentiment de frustration dans les Balkans, contribuant à déstabiliser la région et, indirectement, à rendre plus attrayantes les promesses de la Russie aux yeux de certains pays candidats, notamment la Serbie. Comment faut-il alors gérer l’élargissement et jusqu’où vont les frontières de l’UE ? Les réponses à ces questions définissent le sens même du projet européen.

Source principale : toute l’Europe


Isabelle ROUSSY



Irlande du Nord : qu’en est-il de l’identité nationale ?


Le 10 avril, c’est le 24e anniversaire du « Good Friday agreement ». Cet accord a mis fin aux années de guerre entre unionistes et nationalistes. Aujourd’hui, la société nord-irlandaise évolue, les idéologies aussi. “C’est comme si elle n’existait pas”. Qu’ils soient du Nord ou du Sud, les Irlandais parlent ainsi de la frontière.

Source : Wikipedia


L’une des conséquences des Accords du vendredi saint, signés le 10 avril 1998, est la libre circulation entre l’Irlande du Sud, indépendante, et l’Irlande du Nord, sous l’égide de la couronne britannique. Ce principe perdure alors même que le Royaume-Uni ne fait plus partie de l’Union européenne. Le Brexit a d’ailleurs réveillé des tensions et des craintes vis à vis de la paix entre les deux Irlande. D’ailleurs, un des enjeux cruciaux dans les négociations était de préserver les accords du vendredi saint, et de ne surtout de ne pas revivre les “troubles” des dernières décennies du XXe siècle.

Si ces tensions historiques se sont apaisées depuis 1998, des oppositions politiques sont toujours présentes. D’un côté, les unionistes, favorables au maintien du territoire dans le Royaume-Uni. De l’autre, des nationalistes revendiquent l’indépendance vis à vis de la Couronne britannique. Des différences confessionnelles s’y ajoutent : les unionistes sont majoritairement protestants et les nationalistes catholiques. Sharon C., originaire d’une ville frontalière en Irlande du Nord, affirme : « je me sens britannique car je suis protestante. » Une étude du Northern Ireland life and times survey, menée sur plus de 2000 sujets, confirme cette tendance. En 2019, 69% des protestants se considéraient comme britanniques et 2% se considéraient comme irlandais. Chez les catholiques, la tendance est inversée : 5% se définissent comme britanniques alors que 62% des catholiques se voient comme irlandais.


L’émergence d’une identité nationale spécifique

Le choix nord-irlandais a commencé à être inclus dans les sondages à partir de 1989. Selon une étude politique administrative sur le territoire, le nombre de personnes s’identifiant comme “nord irlandaises” augmente au début des années 2000, puis stagne à partir de 2011.

Jon Tonge, professeur de politique britannique et irlandaise à l’université de Liverpool, pointe que « les identités nationales auraient besoin de temps pour se cristalliser ». Dans l’étude du Northern Ireland life and times survey, les données de 2019 n’indiquent pas d’augmentation significative du sentiment d’identité nord-irlandaise, exprimé par 27% des plus de 1200 sujets. En revanche, 42% des personnes interrogées ne se considèrent ni unionistes ni indépendantistes. Si l’identité nord-irlandaise est variable et complexe, elle est marquée d’une certaine neutralité politique, selon Jon Tonge.

Cette tendance est plus souvent observée chez le jeunes. À l’université Queens à Belfast, Roisin Muir, responsable de la commission “Égalité et diversité” au bureau des étudiants, le confirme. Comme grand nombre de ses camarades, elle se sent plutôt nord-irlandaise. Dans son université, des étudiants venant d’Irlande, du Royaume-Uni et du monde se côtoient et beaucoup ignorent les tensions passées. Roisin qualifie le campus de plutôt « cosmopolite et nationaliste », malgré quelques petites controverses sur le nom “Queen’s university”.



Implications pratiques du “Good Friday agreement”

Cette référence à la couronne britannique ne serait qu’une apparence. Au niveau administratif, il n’y a aucune différence de traitement entre les étudiants britanniques et irlandais. Ailbhe R., étudiante venant d’Irlande du Sud, a pu s’inscrire à Queens sans frais supplémentaires. Elle avoue toutefois qu’elle n’oserait pas divulguer qu’elle est catholique. « Il y a encore du chemin à faire en ce qui concerne la paix entre les catholiques nationalistes et les protestants unionistes. » confie -t-elle. Les Nord-irlandais sont éligibles aux passeports des deux nations, conséquence de l’accord de paix signé en 1998. En 2019, le département des Affaires étrangères en République d’Irlande enregistre un essor des demandes de passeports. Fait singulier, en milieu d’année 2021, le nombre de résidents d’Irlande du Nord et du Royaume Uni, ayant fait une première demande de passeport irlandais, dépasse celui des citoyens irlandais…de presque 20 000.

Une question d’ordre pratique, surtout depuis l’avènement du Brexit, semble-t-il.


Alexandra PORTLOCK



Rencontre solidaire avec le peuple ukrainien à la Maison de l’Europe


La Maison de l’Europe de Nîmes condamne l'agression meurtrière dont l'Ukraine est victime, alors que L’Union européenne s’est construite sur la paix entre les peuples. Samedi 26 mars, elle a organisé une rencontre solidaire à Nîmes pour donner la parole aux Ukrainiens, entendre les personnes bénévoles qui s’engagent en Hongrie et en Pologne auprès des réfugiés et pour faire connaître les services mis en place pour les Ukrainiens qui arrivent à Nîmes.


En effet, depuis début mars, nous proposons aux réfugiés d’Ukraine dans notre région de participer gratuitement à nos cours de français langue étrangère ou d’autres langues européennes (contact : info@maison-europe-nimes.eu), afin de faciliter leur intégration, même temporaire dans la région. Nous proposons également des services de traduction et d’interprétariat aux ressortissants ukrainiens. La Maison de l’Europe propose son aide et se montre ouverte à d’autres actions pour venir en aide au peuple ukrainien.

Sur son site Internet, elle commence à recenser les actions locales de soutien avec les Ukrainiens : https://www.maison-europe-nimes.eu/aux-cotes-du-peuple-ukrainien


Rencontre solidaire avec l’Ukraine le samedi 26 octobre :

Nous avons accueilli une trentaine de personnes à la Maison de l’Europe. Après l’ouverture par le président Charles-Antoine Roussy, Monsieur Remy Chatel, professeur d’histoire à Bruxelles a débuté cette réunion en présentant en visioconférence l’histoire et la géographie de l’Ukraine.



Ensuite, Jean-Luc Bernet, vice-président du Mouvement européen Gard a fait un exposé sur la directive 2005 de protection temporaire des réfugiés qui permet aux réfugiés ukrainiens de séjourner, travailler et se former dans tous les pays de l’UE (voir l’article du même nom dans la rubrique « Nouvelles d’Europe »).


Ensuite, nous étions connectés à distance avec Pascal Besson, Consul honoraire de Hongrie et Erőss Orsolya, enseignante et bénévole pour l’accueil des réfugiés à Budapest.


Pascal Besson, Consul honoraire de Hongrie et Erőss Orsolya, enseignante.


Puis Igor et Maria qui vivent à Cracovie ont présenté la situation désespérante de la Pologne qui accueille actuellement jusqu’à 100 000 réfugiés par semaine et nous ont expliqué comment ils accueillaient chez eux des familles de réfugiés. Salomea Pamula, polonaise et membre du Conseil d’administration de la Maison de l’Europe assurait la traduction dans nos locaux.


Afin de partager avec vous le vécu des réfugiés, nous vous présentons le retour de Salomea sur son séjour du 28 mars au 3 avril dans le Centre Multiculturel de Cracovie ainsi que le récit poignant des trois familles qu’Igor et Maria ont hébergé dans leur famille.

La collecte de fonds organisée à la fin de la réunion a été remise à Salomea pour des familles polonaises qui accueillent actuellement des réfugiés ukrainiens.


Et aussi pour comprendre le dramatique conflit en Ukraine et suivre l’action de l’Union européenne, nous vous conseillons le dossier thématique, mis en place par le Centre EUROPE DIRECT Pyrénées : https://www.europedirectpyrenees.eu/dossier-thematique/ukraine-union-europeenne-information


Salomea Pamula a partagé le quotidien d’une ONG de Cracovie

pendant une semaine


A Cracovie, le Centre Multiculturel apporte une aide concrète aux réfugiés. Salomea Pamula, membre du Conseil d’administration de la Maison de l’Europe y a passé une semaine. Voici son témoignage :

« Aujourd’hui il y a plus de 4 000 000 réfugiés ukrainiens en Europe, dont plus de 2 500 000 ont été accueillis par la Pologne et plus de 100 000 sont hébergés à Cracovie.

Le Centre Multiculturel est une fondation qui, en temps normal, aide à l’insertion des personnes en difficulté ; mais aujourd’hui c’est la plus importante organisation qui aide les réfugiés à Cracovie.

Les réfugiés qui franchissent la frontière polonaise vont là où ils connaissent quelqu’un pour être hébergés, sinon, pour dormir, ils sont accueillis par les municipalités dans divers lieux : salles de sport, écoles, hôtels, bureaux etc. La plupart des réfugiés sont des femmes, des enfants et des personnes âgées, souvent sans moyen financier pour les achats de première nécessité.


La Fondation a mis en place plusieurs points d’information et d’accueil pour les réfugiés :

  1. Un point d’information général (ouvert 7/7, 9h - 19h) où les réfugiés rencontrent un bénévole parlant ukrainien ou russe qui les aide dans leurs démarches pour obtenir le statut de réfugié, voir un médecin, inscrire son enfant à la crèche ou à l’école polonaise, etc. A la pharmacie, les réfugiés peuvent rencontrer un pharmacien ou/et un médecin aidé d’un interprète pour les problèmes de santé et éventuellement la prescription d’un médicament.


2. Un point de distribution de nourriture (ouvert 7/7, 9h-19h), de produits d’hygiène, de couches pour les enfants et d’articles de puériculture.


3.« Une Bonne Garde-Robe » (ouverte lundi-samedi, 9-19) a été organisée dans un centre commercial fermé, où les réfugiés peuvent trouver des vêtements. Elle est organisée comme n’importe quel magasin de vêtement triés selon le type, la taille et la saison sur des portants avec des cabines d’essayage. Mais il n’y a pas de caisse, tout est gratuit.

Tri des vêtements

Centre de distribution des vêtements

4.Dans la crèche, les mamans ukrainiennes peuvent laisser leurs enfants pour quelques heures avec des bénévoles qui parlent ukrainien.


5.La Fondation fournit aussi des interprètes-volontaires qui assistent les juristes mis en place par la municipalité de Cracovie.


6.Enfin les bénévoles téléphonent aux personnes qui potentiellement pourraient devenir des bénévoles. Il en faut du monde pour gérer l’afflux des réfugiés à Cracovie, la Fondation a besoin d’environ 200 bénévoles par jour.

Malgré les déclarations que l’Union européenne donnera 500 millions d’euros aux pays qui accueillent les réfugiés ukrainiens, pour l’instant la Fondation tourne grâce à ses propres fonds et grâce aux dons effectués par des personnes et des organisations du monde entier. Les pharmaciens, les médecins, les interprètes, les personnes qui distribuent des boissons chaudes, des personnes qui trient les vêtements etc. sont tous bénévoles. Les médicaments, les boissons chaudes, les jouets pour les enfants, la nourriture, les produits d’hygiène etc. sont achetés ou fournis grâce aux dons et aux convois humanitaires qui arrivent plusieurs fois par semaine du monde entier.

Pendant mon séjour d’une petite semaine à Cracovie, j’ai géré la queue devant « la pharmacie », j’ai préparé et distribué des boissons chaudes (il neige en Pologne en ce moment) et j’ai trié des vêtements. « La Bonne Garde-Robe » est devenue un véritable « melting pot », où les bénévoles du monde entier viennent pour trier les vêtements. J’y ai rencontré des Anglais, des Allemands et des Canadiens qui sont venus en Pologne exprès pour apporter leur aide. Parmi les bénévoles, il y a aussi des réfugiés qui parlent ukrainien ou russe. J’ai rencontré un médecin nigérien qui a étudié en Ukraine et qui parle ukrainien et russe couramment. Pendant mes permanences, j’ai accueilli un Canadien venu faire un versement d’argent et un Anglais arrivé avec un convoi apportant de la nourriture, des médicaments, des piles et des lampes de poche du Royaume-Uni. Il a collecté la marchandise en Angleterre auprès des particuliers et de 2 associations, puis il a payé le trajet Londres-Cracovie, et a conduit le véhicule.

Salomea au centre multiculturel de Cracovie


Le 9 mai est la journée des victoires en Russie*. A cette occasion, chaque année, il y a des parades en Russie pendant lesquelles les victoires militaires russes sont évoquées. Au mois d’avril on risque d’avoir des attaques russes plus violentes sur les parties est et sud de l’Ukraine. Mon mari et moi, nous avons décidé de contribuer un peu à cette défense ukrainienne et nous avons acheté un 4x4 (Nissan Terrano, 7 places) qui va partir à Odessa pour renforcer l’escouade de défense aérienne d’Odessa. Un Ukrainien viendra de Cracovie en France pour chercher la voiture et l’amener à la frontière ukrainienne à Przemyśl en Pologne. Une femme ukrainienne lui fera franchir la frontière. Une fois en Ukraine, un soldat ukrainien viendra chercher la voiture pour l’amener à Odessa.

Pour ne pas envoyer la voiture vide, je fais appel à tous les bénévoles qui voudraient faire des dons d’argent à déposer à la Maison d’Europe (dans les enveloppes marquées « solidaires avec l’Ukraine ») ou d’amener la marchandise nécessaire si quelqu’un peut avoir les tuyaux intéressants pour les acheter en gros. Voici la liste des produits dont on a besoin :

  • Extincteurs

  • Chaussures militaires ou de trekking, surtout les tailles : 42, 43

  • Boites de Conserves

  • Chocolat noir

  • Café en poudre

À la suite de la « rencontre solidaire avec l’Ukraine » à la Maison de l’Europe le 26 mars, on a collecté 380 euros. Le lendemain, j’ai effectué un virement PayPal de 1000 euros pour Igor et Maria, les Ukrainiens qui vivent à Wroclaw (Cracovie), en Pologne, et qui hébergent les réfugiés.


Salomea PAMULA, membre du Conseil d’administration de la Maison de l’Europe


* Ironie de l’Histoire, le 9 mai est aussi la fête de l’Europe dans les pays de l’UE, date symbole de commémoration de la paix retrouvée, de l’union des peuples et la fin de la seconde guerre mondiale. Le 9 mai 2022 va avoir une signification toute particulière entre l’horreur de cette guerre, la fraternité envers les populations martyres et l’espoir de trouver une solution pacifique.



Voici les témoignages de 3 familles ukrainiennes qui sont ou ont été hébergées

chez Igor et Maria à Cracovie


Je m'appelle Victoria, j'ai 29 ans et peu importe à quel point c'est difficile à dire, je suis une réfugiée ukrainienne.

Je suis née et j'ai grandi à Donetsk, à l'époque c'était l'une des villes les plus grandes et les plus développées de l'Ukraine. Cette ville s'appelait la "Ville aux millions de roses", il y en avait beaucoup. Notre ville était très belle. Je me souviens qu'en 2012, l'Ukraine a accueilli le Championnat de football avec la Pologne, l’Euro 2012. Donetsk était l'une des villes où se déroulaient les matchs de football. Beaucoup les touristes étrangers sont venus dans notre ville, tout le monde était ravi de sa beauté.

Je grandissais, planifiais mon avenir… Et soudain en 2014 la vie de ma ville natale et de sa population a changé - la guerre est arrivée sur nos terres. La vie d’autrefois, prospère et belle, est finie avec des chutes de bombes.

C'était horrible. Celui qui le pouvait est allé chercher un meilleur sort dans d'autres villes. Mais certaines personnes n’avaient tout simplement pas l'argent et la possibilité de déménager. Ensuite, beaucoup de mes amis et connaissances ont quitté leurs maisons.

Jusqu'à récemment, je ne voulais pas quitter ma famille et ma maison, alors je suis restée à Donetsk et j’ai essayé de vivre en quelque sorte. Il n'y avait pas de travail, pas d'argent. Il fut un temps où il n’y avait presque pas de nourriture.

Cela fait 4 ans, et la guerre n'est pas finie, ma ville se fane. Nous devons avancer. Ma famille et moi, nous avons décidé de déménager à Kiev.

Kiev est la capitale de notre pays. Là, j'ai rencontré mes anciens amis qui ont quitté Donetsk. La vie a progressivement commencé à s'améliorer.

Nous avons trouvé un emploi, commencé à voyager, planifié un mariage et fondé une famille.

Mais le 24 février 2022, la guerre a repris. Cette fois c’était bien pire, nous avons ramassé quelques affaires, et sommes partis le jour même. C’était de longues files d'attente jusqu'à la frontière, nous avons vécu dans une voiture pendant trois jours. Puis adieu le marié, car les hommes doivent rester pour aider leur pays. Passer d'une ville en Pologne à l'autre.

Et me voici. Pas de parents, pas de marié, pas d'amis. Tous les rêves et objectifs ne me semblent plus rien, car ce sont des rêves, un seul demeure - que la guerre se termine, que les gens cessent de mourir !

Et après ? Je ne sais pas où je serai dans un an. Je ne peux pas planifier maintenant, parce que mon fiancé est à des centaines de kilomètres de moi.

Il n'y a qu'à espérer que toute cette horreur prendra fin dès que possible, nous nous retrouverons et recommençons au début. Et où sera-t-il, dans quelle ville, dans quel pays ? Cela n'a plus d'importance.. Mon rêve est d'être là où ce sera en sécurité !


Je suis Iryna et je viens de Makeyevka dans la région de Donetsk où la guerre a commencé pour moi en 2014, lorsque du matériel militaire a commencé à être amené à Donetsk. Grâce à mon mari, je n'ai pas entendu les explosions et les tirs, car nous sommes partis pour Kiev. Tous les parents et amis sont restés à Makeyevka, beaucoup y sont encore.

A Kiev, nous avons commencé une nouvelle vie. Nous avons loué un appartement, trouvé un travail, rencontré des gens formidables. Avec ces gens qui sont devenus nos amis, nous avons construit une entreprise prospère à Kiev et avons prévu de la développer dans toute l'Ukraine. La vie a commencé à s'améliorer : nous avons acheté un appartement, des voitures, nous avons commencé à nous reposer davantage et à faire des projets pour l'avenir.

L'appel d'un ami tôt le matin du 24 février a tout changé. Une guerre à grande échelle a commencé. Mon mari a insisté pour que je sois évacuée de Kiev, mais je ne voulais pas, me souvenant du déménagement difficile de 2014. J'étais hystérique. Ensemble avec des amis et des collègues, nous avons décidé d'aller à Lviv. En une demi-heure, on a fait les valises et nous sommes partis. Nous roulions de nuit, c'était probablement la route la plus dure et la plus longue de ma vie. Nous avons encore tout laissé tomber et ne sommes allés nulle part.

De nombreux Ukrainiens ont déménagé à Lviv et il y avait un manque de logements, car la ville est surpeuplée. Nous avons décidé que nous devions aller en Pologne. Nous avons fait la queue à la frontière pendant trois jours sans dormir et dans le froid, car nous économisions de l'essence. Pendant ce temps, les hommes n’ont plus pu quitter l'Ukraine et c'était une décision difficile de partir sans eux. Je suis partie uniquement pour ne pas être un fardeau pour mon mari afin qu'il puisse s'inquiéter que pour lui-même. Ils nous ont escortés jusqu'à la frontière, nous ont dit au revoir rapidement et nous sommes partis.

Grâce au soutien et à l'aide du peuple polonais, nous sommes en sécurité et à l'aise, mais les pensées des êtres chers qui sont restés en Ukraine ne nous permettent pas de vivre en paix. Il n'y a pas un jour où l'un de nous n'a pas pleuré en lisant les nouvelles ou en se remémorant les bons moments, ou parce que nous étions simplement tristes et seuls…

Cela fait un mois que je n'ai pas vu mon mari. Je ne sais pas quand on pourra se rencontrer.

Pour moi, vivre en Pologne n'est pas une opportunité de commencer une nouvelle vie, mais un refuge temporaire où je ne perds pas espoir de rentrer chez moi pour une vie normale.

Un grand merci à toutes les personnes attentionnées qui nous aident maintenant et prennent soin de nous. Nous sommes très reconnaissants envers chacun d'entre vous. Et nous croyons que l'Ukraine survivra à cette terrible guerre.


Je suis Elena. Je suis d'Ukraine.

Le fait que j'étais incroyablement heureuse, je l'ai réalisé au moment quand j'ai dû quitter ma maison…

J'avais 40 minutes pour rassembler toute ma vie. C’étaient surtout les affaires de mon fils et celles de mon énorme chien. Avec un sac, deux sacs à dos de ville, 10 kg de nourriture pour le chien, nous sommes tous les trois montés dans une petite voiture et le soir du premier jour de la guerre, nous sommes partis dans l'obscurité.

C'était incroyablement effrayant et douloureux. Mais je devais aller chercher mon fils. Surtout, je ne voulais pas que Evan sache ce que c'était la guerre, qu'il entende des sirènes et des explosions.

Ce qui m’a brisé le cœur c’est que ma mère n'était pas prête à venir avec moi, qu'elle restait à Kiev…

Nous avions 5 voitures. Amis et collègues, nous avons décidé de nous serrer les coudes.

Je n'oublierai jamais ce long voyage de Kiev à la frontière avec la Pologne.

Nous avons conduit 18 heures jusqu'à Lviv avec la peur constante qu'il n'y aurait pas assez de carburant. Nous avons entendu des explosions. J'ai conduit presque sans arrêt tout ce temps. Tout le monde à Lviv tremblait à cause de l'alarme aérienne. Mais le plus épuisant - c'était trois jours de file à la frontière. S'il n'y avait pas eu des enfants (leurs rires et leurs jeux le long de la file d'attente des voitures) et l'aide de bénévoles, je serais probablement devenue folle.

Et pourtant, les conversations constantes avec maman par téléphone ont gardé le ton. Elle me manquait tellement…

Nous avons économisé sur le carburant, donc la voiture était très froide la nuit. Le soleil nous a sauvé pendant la journée. Et puis il a disparu et la neige est tombée. D'habitude, j'aime la neige, mais cette fois, c’était si froid et si effrayant. Plus nous nous rapprochons de la frontière, plus l'image qui nous entourait était impressionnante. Des gens presque impuissants à marcher des kilomètres dans la neige. Confus, sans espoir, sans abri. Mais avec le plus cher et le plus important pour chacun - les enfants, les animaux de compagnie et le nécessaire dans les valises et les sacs à dos…

Le plus dur était de rester positif pour ne pas faire peur à mon fils, pour le soutenir. J'ai parfaitement compris que si j'étais calme, Evan se sentirait en sécurité. Et je ne pouvais pas me permettre de pleurer quand Evan dormait, car alors mon chien commençait à s'inquiéter, à gémir et à se jeter d'un côté à l'autre.

À la frontière, nous avons dit au revoir à nos gars. Seuls les femmes, les enfants, les chats et un chien sont allés en Pologne.

On a changé de ville et d'appartement, on a cherché une ville où tout le monde pourrait être ensemble. Mais on a encore dû voyager dans différents pays.

Nous étions 9 femmes, 6 enfants, 3 chats et un énorme chien.

Maintenant, dans une ville, nous sommes quatre.

Il y a aussi une excellente nouvelle, j'ai réussi à persuader et à emmener ma mère et ma nièce. On est tous ensemble et ça réchauffe l'âme.

Mais surtout, je rêve de paix sur ma terre. Je rêve de rentrer chez moi. Mon rêve est de voir des amis-défenseurs et ceux qui ont survécu en Ukraine. Mon rêve est de retrouver ma vie, mon travail dans la ville la plus aimée du monde.

Et pourtant, il est impossible de transmettre par des mots l'amour sincère et la gratitude que je ressens pour toutes les personnes que nous rencontrons en cours de route. Être un réfugié est incroyablement difficile et surtout émouvant. Mais, l'aide des gens et leur soutien mettent l'espoir dans notre âme.


C’est au tour du Portugal d’accueillir le projet Erasmus + « My Soft City »


Début mars le Portugal a accueilli le troisième volet du projet Erasmus + « My Soft City ». Quelques membres de la Maison de l’Europe de Nîmes et du lycée de la CCI Gard, notre partenaire nîmois, se sont rendus à Funchal sur l’île de Madère. Ils ont été accueillis par nos partenaires portugais « Arte M » et « Caravel Art Center ». Notre rencontre s’est déroulée sous la forme d’une formation de 3 jours axée sur la « gamification » (ou ludification) à travers des ateliers de découverte de la ville, de création de jeu et de « storytelling » (mise en récit). L’objectif final de cette formation était de doter les travailleurs de jeunesse des connaissances et compétences nécessaires qu’ils transmettront aux jeunes de leurs pays afin de réaliser leur propre jeu de cartes à la découverte de leur patrimoine.


Jour 1:

Retrouvailles avec les participants suédois, portugais, roumains et français dans le cadre artistique de la galerie d’art Caravel et animations « brise-glace » pour renforcer notre esprit d’équipe. Ces activités ont permis d’apprendre à mieux nous connaître à travers l’origine de nos prénoms, nos accomplissements, nos ambitions et notre personnalité, au-delà des nationalités et de la barrière de la langue.


L’après-midi, nous avons participé à un jeu de piste dans la ville à l’aide d’une application. 4 équipes devaient répondre à des questions sur Funchal et la culture portugaise : nous avons découvert les spécialités culinaires, la statue de Cristiano Ronaldo, pris des photos de costumes traditionnels et nous avons même appris des mots en portugais avec des habitants de Funchal !



Jour 2:

On a désigné l’équipe gagnante du jeu de piste et procédé à l’évaluation du jeu et ses possibilités d’amélioration.

Ensuite, Shamila Rahim, consultante en arts, culture et patrimoine nous a proposé un atelier « storytelling » : comment utiliser nos souvenirs visuels, sonores et olfactifs des espaces et lieux où nous vivons et travaillons pour créer une carte.



Nous avons ensuite approfondi nos connaissances sur la gamification : Cette technique d’apprentissage invite les personnes utilisant le jeu à avoir un comportement actif et permet de les motiver pour atteindre des objectifs.

Le dernier atelier de cette journée portait sur l’héritage culturel, le storytelling et la créativité : à partir d’une photo prise par nos soins, nous devions dessiner ou peindre un endroit qui nous avait marqué à Funchal et devions inventer une histoire autour de ce lieu. Nous passions le relais aux participants suivants reprennaient le fil de l’histoire en y intégrant une nouvelle illustration.



Jour 3:

La dernière journée de formation sur la "gamification" a commencé sur une note solidaire : nous avons adressé un message de paix en ces temps tragiques pour l'Ukraine, message qui a été affiché dans les locaux de la galerie.

L’atelier final a été consacré à la création de jeux : après avoir réfléchi et échangé sur les différents types de jeu et leur utilisation à des fins pédagogiques, l'après-midi a été consacré à la création de jeux en équipes internationales, inspirée par le patrimoine de Funchal. Cet atelier a permis de faire émerger notre créativité, de définir les objectifs et le public cible de chaque jeu afin de produire, en 1h30, une ébauche de jeu, testée par chaque équipe internationale.



Enfin, pour conclure la formation, chaque participant a reçu son certificat de participation Youthpass, délivré par le programme Erasmus+.

Les participants des 4 pays du projet emportent ainsi avec eux des connaissances et des compétences développées pendant la formation pour en faire bénéficier, à leur retour, les jeunes de leur territoire avec lesquels ils développeront un jeu autour du patrimoine local.

Rendez-vous est pris pour la prochaine et ultime rencontre à Constantza en Roumanie dans quelques mois.




My soft city, un projet sur trois ans et 4 pays !

Après Lund en Suède, et avant Funchal à Madère et Constantza en Roumanie, ce fut le tour de Nîmes d’accueillir les participants en novembre 2021.

Voici un retour en image sur trois journées bien remplies : Visites de Nîmes et ses lieux emblématiques, rencontre avec les services du patrimoine de la Ville de Nîmes, ateliers organisés par le Lycée CCI de Nîmes sur l'illustration et la création de cartes, présentation des résultats à l’Office du tourisme sans oublier les moments de convivialité !


Vous pouvez revenir en images sur ces moments forts en cliquant sur le bouton ci-dessous


Héloïse et Marie remportent la 1ère édition du Trophée Europa’Table !


Le concours national gastronomique prévu dans le cadre du projet Europa’Table s’est déroulé du 21 au 23 mars 2022 à Louviers (Normandie). Marie et Héloïse, du Lycée Hôtelier du Sacré Cœur de Saint Chély d’Apcher ont remporté le premier prix de ce concours visant à lier gastronomie locale, régionale et européenne !

De gauche à droite : Francesca, Héloïse, Marie et M. Bouffety – Lycée hôtelier du Sacré Cœur Saint Chély d’Apcher


Qu’est-ce que le projet Europa’Table ?

Le projet Europa’Table, lancé par la Fédération française des Maisons de l’Europe (FFME) dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’UE (PFUE), touche aux thématiques de l’alimentation, de l’agriculture, du développement durable, des territoires et de l’éducation.

Il consiste en 3 phases :

  • Phase de sensibilisation aux thématiques du développement durable auprès des établissements hôteliers. La Maison de l’Europe de Nîmes a animé un atelier autour du Pacte Vert et de la Politique agricole commune au Lycée Hôtelier du Sacré Cœur de Saint Chély d’Apcher au mois de janvier.

  • Phase de sélection du binôme participant au concours dans les différents lycées hôteliers partenaires. Le Lycée Hôtelier du Sacré Cœur a sélectionné Marie et Héloïse - 1°BTS 2 MHR.

  • Concours national à Louviers

Un concours national gastronomique après de longs mois de préparation

6 Maisons de l’Europe de toute la France ont accompagné les jeunes chefs et leurs professeurs à Louviers, dans le département de l’Eure.

6 établissements scolaires ont participé au concours national :

  • Lycée Jean Baptiste Decretot (Louviers, Normandie) – accompagné par la Maison de l’Europe de l’Eure

  • LTP Saint Joseph l’Amandier (Saint Yrieix, Nouvelle Aquitaine) – accompagné par la Maison de l’Europe d’Angoulême

  • Lycée Anna Judic, Ecole Hôtelière Bernard Loiseau (Semur en Auxois, Bourgogne-Franche-Comté) – accompagné par la Maison de l’Europe Bourgogne-Franche-Comté

  • LHTR Saint Quentin en Yvelines (Ile de France) – accompagné par la Maison de l’Europe des Yvelines

  • Lycée et CFA Belliard – Paris – accompagné par la Maison de l’Europe de Paris

  • Lycée hôtelier du Sacré Cœur (Saint Chély d’Apcher, Lozère) – accompagné par la Maison de l’Europe de Nîmes


Tous les jeunes ayant participé au concours reçoivent des cadeaux lors de la cérémonie de remise des trophées

Un débat portant sur la stratégie européenne de la ferme à la table a ouvert notre expérience normande. Ce débat, animé par Mikayil Tokdemir, directeur de le Maison de l’Europe de l’Eure, a vu la participation de Frédéric Bourquin, président de la FFME, de Danielle Jeanne, présidente de la Maison de l’Europe de l’Eure, et de Ferran Tarradellas Espuny, chef du secteur communication à la Représentation en France de la Commission européenne.

Un échange fort intéressant pour en savoir plus sur la stratégie européenne de la ferme à la table, sur les labels européens, et sur le rôle international de l’UE en matière environnementale.

La fin de l’attente : le jour du concours

Le mardi 22 mars, après avoir parcouru l’ensemble des dossiers et laissé les concourants s’installer en cuisine, le concours a commencé !

Chaque binôme participant avait 4h30 pour préparer un plat visant à revaloriser les produits du territoire normand, à savoir les bulots de la baie de Granville (AOP) et le loup de mer de la Manche, via une cuisine s’inspirant des 26 pays de l’UE (hors France).



Marie et Héloïse composaient le binôme participant pour le Lycée hôtelier du Sacré Cœur de Saint Chély d’Apcher. Souriantes et dynamiques, elles ont été les premières à passer, par tirage au sort. Après deux mois de préparation avec leur professeur Patrick Bouffety, elles ont présenté le plat suivant : Loup de mer de la Manche et Bulots de la baie de Granville en tartare végétal croquant, accompagnés de mousseline de choux fleur, safran de l’Aveyron, Arancini de Lentilles vertes du Larzac et une émulsion au Pommeau de Normandie !

Un petit clin d’œil à l’Italie, pays originaire de Francesca – leur accompagnatrice de la Maison de l’Europe de Nîmes !


Les plats, la préparation en cuisine et la cohésion d’équipe ont été jugés par un jury « européen » et un jury composé d’invités du domaine gastronomique :

  • Sonia Bouzellatat – Cheffe de 197 Tabliers

  • Raphaël Bonis – Chef du Relais des Chaumières Aizier

  • Kristel Froger – Blogueuse food, entrepreneuse

  • Alexandre Gremont – Chef « au Vieux Morsent »

  • Pierre Plagnet – Chef des Belles Gamelles

  • Gaëtan Perulli – Chef « Domaine de la Corniche »


Le plat réalisé par Marie et Héloïse, leur cohésion d’équipe et la touche européenne qu’elles ont apportée ont été beaucoup appréciés par les membres des jurys qui leur ont décerné la première place lors de la Cérémonie de remise des Trophées, avec M. le Maire de Louviers ! Félicitations Marie et Héloïse et félicitations à leur professeur, M. Bouffety, pour l’accompagnement dans la préparation au concours ! Héloïse et Marie remportent un séjour gastronomique et européen à Bruxelles !

Félicitations également à Léo et Loane de Nouvelle Aquitaine qui remportent le deuxième trophée et un dîner pour quatre dans un restaurant gastronomique, et à Margaux et Anthony de Bourgogne Franche Comté qui remportent la troisième place, avec un dîner pour deux dans un restaurant de caractère !

Mais surtout, félicitations à tous les participants au concours qui ont su sortir de leur zone de confort et se mettre à l’épreuve lors de la compétition ! Nous vous souhaitons une bonne continuation dans vos projets professionnels à venir et nous espérons déguster vos créations dans vos propres restaurants dans les prochaines années !

Nous tenons à remercier la Fédération française des Maisons de l’Europe et la Maison de l’Europe de l’Eure pour leur travail d’organisation de ce concours.



La Maison de l’Europe de Nîmes à Mende dans le cadre de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe


Le 28 mars, l’équipe de la Maison de l’Europe a organisé, avec l’association Terres de Vie en Lozère, un moment d’échange sur la jeunesse dans le cadre de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe.



Une trentaine de personnes ont participé à ce débat, soutenu par la Représentation en France de la Commission européenne et par la ville de Mende et animé par Stéphane Menu. Cet événement a été organisé dans le cadre de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe, un moment de démocratie participative lancé par les institutions européennes pour récolter l’avis des citoyens dans 10 thématiques différentes.


La soirée a été ouverte par Laurent Suau, Maire de Mende, qui a rappelé les attaches européennes de la ville de Mende ainsi que quelques chiffres sur la jeunesse. L’équipe de la Maison de l’Europe a ensuite rappelé les possibilités de mobilité dont peuvent bénéficier les jeunes avec les programmes européens.


Deux jeunes ont témoigné de leurs expériences de mobilité : Liza, jeune lozérienne partie en stage Erasmus+ en Italie avec la Mission locale Lozère et la Maison de l’Europe de Nîmes a répondu à nos questions en visioconférence depuis Brescia, et Sergio, volontaire espagnol dans le cadre du Corps européen de solidarité a présenté ses projets d’avenir devant le public mendois. Comme l’a affirmé la représentante du Département de la Lozère, ces expériences peuvent être bénéfiques pour les jeunes : partir dans un autre pays, effectuer une mobilité, en apprendre plus sur la culture et la réalité d’autres pays pour ensuite revenir en Lozère avec un bagage rempli d’expériences et de nouvelles idées !


L’échange a porté également sur la meilleure façon de mobiliser les jeunes, avec des idées et des retours d’expérience partagés par Betty Zampiello, conseillère municipale – délégations jeunesse et événementiel de la ville de Mende, et par Christophe Henri, directeur de la Mission Locale de la Lozère.


Un échange fort intéressant ! Merci à Pierre-Yves Mazeaud de l'association Terres de Vie en Lozère pour la co-organisation de cette soirée.





Témoignages vidéo: Les aventures de Raphael et Laura


Retrouvez les témoignages de ces 2 français devenus volontaires européens: Raphael en Roumanie et Laura en Grèce.




Témoignages : Les jeunes bougent grâce à l’Europe


Voici le témoignage de Mina en Roumanie


7 mois déjà passés. Je n'arrive pas à croire que j'ai déjà réalisé la moitié du projet. La Roumanie me semble si familière maintenant, comme mon propre pays, j'oublie presque comment est la France. Beaucoup de choses se sont passées en 6 mois, voyager, travailler, de nouvelles expériences, de nouvelles personnes, un nouvel environnement. Je suis reconnaissante pour ce que la Roumanie m'a offert.


A Lepsa, le festival de l'artisanat


Quand je suis arrivée il y a 7 mois, seule, j'étais excitée, mais aussi effrayée. Avais-je choisi le bon pays ? Le bon projet ? Ai-je pris la bonne décision en faisant un volontariat d'un an, loin de tout ? Et si j'étais déçue ? Et si les stéréotypes que l'on a en France sont réels ? Tout cela a disparu dès la première semaine.


L’association d’accueil Voluntariat Pentru Viață avec le directeur et les volontaires


Ce projet était pour moi le moyen parfait de mettre en pratique ce que j'ai appris à l'école : la gestion. Préparer un planning, s'assurer que tout et tout le monde est en place, etc. C'était aussi beaucoup de premières fois : première fois dans une équipe internationale, première fois dans le journalisme, première fois avec une caméra, première fois en écrivant un article, première nouvelle, premier podcast...

Être ici en Roumanie, seule, loin de ma famille, de mes amis, loin de Mina, celle que j'ai laissée derrière moi, en France. Je suis venue avec un nouveau moi pour cette expérience unique, et je suis reconnaissante à ce nouveau moi, autant qu’à l'ancien moi. Je suis reconnaissante pour ces 6 mois et je suis sûre que je le serai pour les prochains.

Commencer un projet de volontariat, c'est commencer une nouvelle vie, dans un nouveau pays, rencontrer des gens extraordinaires du monde entier, être indépendant, essayer de nouvelles choses. Je recommande à tout le monde d'en faire un, car c'est une grande opportunité d'améliorer ses compétences linguistiques, ses capacités de communication, et bien d'autres choses encore.


Mina faisant du stop avec un autre volontaire



Brèves: Cour pénale internationale, Conseil de l'Europe...



Source: Conseil de l'Europe


Guerre en Ukraine : menacée d’exclusion, la Russie quitte le Conseil de l’Europe

Le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a décidé le 25 février 2022 de suspendre la Fédération de Russie de son droit de représentation au Conseil de l’Europe à la suite de l’agression contre l’Ukraine. Seules la Russie et l’Arménie ont voté contre une telle mesure, tandis que les représentants de la Serbie et de l’Azerbaïdjan se sont abstenus. Sans attendre, la Russie a quitté le Conseil de l'Europe, devançant une probable exclusion. Elle était membre depuis 1996.

Principale conséquence concrète de ce retrait : la Russie va sortir de la Convention européenne des droits de l'homme, privant les 145 millions de Russes de la protection de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), le bras judiciaire du Conseil de l'Europe, ultime recours contre l'arbitraire des tribunaux de leur pays. Et les recours venus de Russie représentent, à eux seuls, près du quart du total des affaires portées devant la CEDH !

Source: Conseil de l'Europe


Les responsables de la guerre en Ukraine seront-ils un jour jugés ?

Le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan, a annoncé, le 2 mars, l'ouverture d'une enquête immédiate sur la situation en Ukraine, après avoir reçu le feu vert de 39 Etats parties de la CPI. La traque des preuves est lancée !

« Je suis convaincu qu'il existe une base raisonnable de croire que les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité allégués ont bel et bien été commis dans ce pays…, et j'ai l'intention d'inclure dans cette enquête toute nouvelle allégation de crime relevant de la compétence de mon Bureau, commis par toute partie au conflit sur quelque partie du territoire ukrainien que ce soit. »

Le procureur Karim Khan

Source : Cour pénale internationale


Bien que n’ayant pas signé le Statut de Rome acte fondateur de la CPI, l’Ukraine a formellement reconnu à deux reprises la compétence de la Cour pour les crimes commis sur son territoire.

De facto, les faits commis depuis le début de l'offensive russe sur le territoire ukrainien sont du ressort de la Cour.

Mais la procédure s'annonce longue et la comparution de Vladimir Poutine un jour devant cette cour très hypothétique.


L’Ukraine et la Moldavie connectées en urgence aux réseaux électriques européens


Les réseaux à très haute tension des pays européens sont pour la plupart reliés par des interconnexions et leurs fréquences sont synchronisées, ce qui permet des échanges d’électricité. L’intérêt de ces échanges : à la fois pouvoir apporter un secours à un pays qui aurait une défaillance importante de production et faire profiter l’ensemble des pays des moyens de production les moins chers (s’il y a beaucoup de production solaire en Espagne ou un vent très favorable aux grands parcs éoliens du nord de l’Allemagne, les autres pays peuvent importer une partie de cette production et moins utiliser leurs centrales à combustibles fossiles).


Jusqu’à maintenant l’Ukraine et la Moldavie étaient synchronisées au système russe, même si des lignes existaient physiquement entre leurs réseaux et ceux de pays plus à l’ouest : héritage de l’époque du « bloc soviétique » est-européen. Depuis le 16 mars à 11h03 les réseaux ukrainien et moldave sont synchronisés avec le système d’Europe centrale et occidentale, qui peut ainsi leur apporter un secours en cas de besoin et une plus grande stabilité malgré la guerre. Un pas de plus vers l’UE... Cette synchronisation, demandée depuis l’invasion de la Crimée par la Russie en 2014, était prévuepour 2023. La guerre en Ukraine a précipité les choses et les opérations techniques ont été menées en un temps record.


Les trois pays baltes sont encore synchronisés au système russe et leur connexion au réseau européen est prévue pour 2024. Face à la menace de leur voisin russe, ces pays ont demandé à hâter la connexion.


Grenoble capitale verte européenne 2022


Ce prix de 600 000 € créé à l'initiative de la Commission européenne récompense les efforts des villes européennes (UE et Espace économique européen) de plus de 100 000 habitants qui ont mis en place des actions pour améliorer la qualité de vie de leurs habitants et réduire leur impact sur l’environnement. Elles doivent aussi agir en ambassadrices pour inspirer d'autres villes et échanger les meilleures pratiques au niveau européen.


Un autre prix, celui de la Feuille verte européenne, est ouvert aux villes moyennes, de 20 000 à 100 000 habitants. Les deux villes lauréates de la Feuille verte recevront 200 000 € chacune. Par "ville", on entend une zone urbaine, y compris les zones métropolitaines, et une unité administrative régie par un organe démocratiquement élu.



L’Europe protège la biodiversité dans le Gard : une subvention de 4,6 millions d’euros!


Les gorges du Gardon et les gorges de la Cèze, avec le territoire de garrigues qui les entoure, sont riches en biodiversité, elles comptent d’ailleurs 7 sites Natura 2000. Cependant cette richesse est en diminution, comme c’est malheureusement le cas dans beaucoup de territoires. En cause : la destruction ou réduction de l’habitat des animaux, les pratiques agricoles, le recul du pastoralisme, des proliférations d’espèces invasives et même la pollution lumineuse (trop d’éclairage la nuit).


Un groupement de plusieurs structures (collectivités ou associations) emmené par le Syndicat mixte des gorges du Gardon (SMGG) a élaboré un vaste programme pour mettre fin à cette évolution préoccupante et si possible l’inverser. Il a répondu à un appel à projets du programme européen LIFE consacré à la biodiversité et il est un des 5 projets français retenus, pour un total de 52 dans l’ensemble de l’UE. Le nom du projet : « Terra musiva », Terre de mosaïque.



Le coût total, sur une durée de 5 ans, a été chiffré à 6,1 millions d’€. 75 %, soit 4,6 millions, seront apportés par une subvention de l’Union européenne. Le projet comprend des travaux (création de mares, passages pour les crapauds, protection des forêts des rives, débroussaillement de bois de chênes verts en garrigue pour permettre le retour du pastoralisme et de petits animaux comme les lapins ou les campagnols, ...) et des études préalables, ainsi qu’un suivi pour mesurer les impacts positifs des travaux. Il comprend aussi des actions de communication et de sensibilisation, et l’accompagnement des agriculteurs dans des changements de leurs pratiques, notamment pour protéger l’outarde canepetière.


La contribution européenne de 75 % est exceptionnellement élevée. Une des raisons est que le SMGG est déjà très actif sur la protection de l’aigle de Bonelli et du vautour percnoptère, espèces désignées comme d’intérêt européen. L’aigle de Bonelli en particulier est considéré par l’UE comme une espèce prioritaire. Nos gorges gardoises, avec leurs falaises rocheuses et des replats et les garrigues sont un territoire de vie et de chasse idéal pour cet oiseau, qui vit environ 30 ans et se reproduit peu (à peine 1 aiglon par couple et par an). Les gorges du Gardon abritent également des castors d’Europe, à Collias la Maison du castor présente

cette espèce, sa vie, ses activités et sa protection.




Vignette: Notre sécurité alimentaire, un sujet dont nous allons parler dans les prochains mois


L’invasion de l’Ukraine apporte chaque jour son lot de surprises. En voici une, assez inattendue, qui nous préoccupe déjà : les conséquences de la guerre sur notre quotidien, et même sur notre alimentation de tous les jours.


Nous sommes si habitués à un monde d’interdépendance, qu’il faut une catastrophe (une bonne pandémie, une bonne guerre) pour que nous découvrions les inconvénients de cette mondialisation. Une mondialisation qui d’ailleurs, a aussi des avantages : la baisse générale des prix (contrairement à ce qu’on pourrait penser) et l’élévation générale du niveau de vie de beaucoup de pays qu’on disait jadis « sous-développés » qu’on dit aujourd’hui « en développement ».


Dans le cas présent, après le gaz -ce n’était pas vraiment une surprise -nous découvrons que la production et la vente de céréales sur les marchés mondiaux, blé et autres, venaient pour une bonne part de Russie et d’Ukraine. Ce qui explique des prix relativement bas et surtout assez stables. Aujourd’hui nous boycottons les produits venant de Russie, et quant aux Ukrainiens, ils ne seront sans doute pas au rendez-vous pour les récoltes de 2022.

Il s’ensuivra, sans doute, une pénurie, qui, certes, va nous affecter, mais va surtout affecter de nombreux pays, notamment africains qui ne sont pas, ou plus, autonomes dans la production de céréales vivrières. L’explication de cette situation nous entraînerait trop loin, il suffira de dire que, si elle impacte des pays pauvres, elle nous touchera aussi indirectement.


Mais nous avons, nous Européens, la chance de pouvoir rapidement réorganiser notre production pour faire face à cette situation nouvelle : c’est vrai pour l’énergie, ce sera vrai pour l’alimentation. Les décisions sont déjà sur la table, leur mise en œuvre prendra un peu de temps, mais nous découvrirons une fois de plus les avantages d’une Europe unie dont les membres affrontent ensemble une situation que non seulement ils n’ont pas voulue, mais qu’ils ont tout fait pour éviter.


Une question va néanmoins se poser, qui fera l’objet de débats sans doute houleux dans les opinions : la réorganisation de notre agriculture devra-t-elle se faire en renonçant à certains objectifs -affirmés par exemple dans le Pacte vert- de lutte contre le changement climatique ? Certains soutiennent que l’agriculture productiviste que nous connaissons depuis 50 ou 60 ans doit perdurer, et donc qu’il faut renoncer à certaines ambitions écologistes. D’autres prétendent au contraire que cette évolution vers un modèle agricole plus vertueux est non seulement plus nécessaire que jamais, mais encore qu’elle est possible sans réduction des quantités produites. Qu’en penser ? Le débat est ouvert.

Jean-Luc BERNET, le 28/3/2022




L’économie de la Grèce et l’Europe


La présentation sur la Grèce et l’Europe par Mme Lecointre, qui enseigne l’économie au CADREF (*) à Nîmes, après une carrière universitaire, a enfin pu se faire le 17 mars, après avoir été reportée puis annulée en dernière minute en décembre 2021 pour cause de Covid.


Mme Lecointre connaît bien la Grèce, où elle fait souvent de longs séjours et a même acheté une maison dans une île, à l’écart des plages bondées de touristes. Elle parle d’ailleurs avec un naturel touchant et une grande affection de « son village ». Pour autant elle porte sur les Grecs un regard très lucide, parfois critique, qu’elle nous a fait partager lors de cette soirée, où une partie de l’assistance lui était familière puisque suivant ses cours au CADREF. Une soirée passionnante pour tous, avec un heureux mélange de rigueur scientifique, appuyée sur une gros travail documentaire, et d’impressions et d’expériences personnelles, décrites avec humour et beaucoup d’affection pour la capacité d’accueil chaleureux des Grecs. Un grand merci à l’association franco-hellénique nîmoise « Les Argonautes », qui a mis en relations Mme Lecointre et la Maison de l’Europe de Nîmes et le Mouvement européen du Gard.


La décision d’intégrer la Grèce dans l’Union européenne (ce qui a été effectif début 1981) a été prise à la fin des années 70 en partie sur des sentiments vis-à-vis du « berceau de la démocratie » (à l’époque antique, il est vrai, limitée à une petite partie de la population !), peu de temps après la fin de la dictature des colonels. Citons Valéry Giscard d’Estaing : « On ne peut pas laisser Platon à la porte de l’Europe ». En 2001 le Grèce rejoint la zone euro. Cependant l’économie grecque, peu développée, n’y était pas prête. Les aides européennes au développement puis l’entrée dans la zone euro ont donné à la population un sentiment de protection (réelle) par l’Europe et d’abondance infinie, les banques et les cartes de crédit se sont multipliées : « Même dans mon village, les familles avaient plusieurs cartes bancaires, qui paraissaient sans limites ».



Pour autant les insuffisances de la Grèce se maintenaient : une rotation du pouvoir politique entre quelques grandes familles (Papandréou à gauche, Karamanlis et Mitsotakis à droite) avec beaucoup de clientélisme et de népotisme, un très gros effort consacré à la défense (il suffit de regarder une carte pour en comprendre la raison), peu de rigueur dans le calcul et la perception des impôts, un nombre de fonctionnaires tout à fait excessif (avec « une assiduité au travail ... relative »), un système de retraites généreux à l’excès, et une aversion des citoyens pour les impôts et même pour une épargne sous forme monétaire : on épargne en construisant des maisons pour ses enfants. Mme Lecointre attribue cette attitude des citoyens grecs au souvenir perpétué de l’appartenance à l’empire ottoman : l’État était alors perçu non pas comme un protecteur mais comme un prédateur, qui avant tout percevait des impôts et était à l’affût de toute richesse ponctionnable des citoyens.


Survient en 2008 ce qu’on a appelé la « crise grecque » ou « crise de l’euro à cause de la Grèce » ; le déficit public, maquillé pour permettre l’entrée dans la zone euro, est révélé à l’occasion d’un changement de gouvernement : il est en réalité de 13 % du PIB alors que la limite pour la zone euro est de 3 % ! Crise de confiance dans la signature de la Grèce, on ne consent à lui prêter qu’à des taux extravagants, plus de 20 % par an...


L’Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international (la fameuse « troïka », si honnie des citoyens grecs) acceptent de prêter à la Grèce pour éviter qu’elle soit en défaut de paiement (en mots moins policés : en faillite) et éviter aussi qu’elle doive sortir de la zone euro, voire de l’Union européenne, avec la possibilité que la crise s’étende à d’autres pays également en difficultés : Espagne, Irlande et Portugal. Ces prêts sont sous conditions de mesures d’austérité : diminution du nombre de fonctionnaires, forte diminution des retraites, progrès dans la perception de l’impôt, rigueur accrue dans les dépenses de santé. Des mesures évidemment ressenties très douloureusement par la population : voir sa pension de retraite amputée du jour au lendemain de 30 ou 40 % ne laisse personne indifférent !!


Début 2015 l’extrême gauche emporte les élections et Alexis Tsipras devient premier ministre. Va-t-il satisfaire les demandes populaires de retour à une situation sans austérité, « quoi qu’il en coûte » toutes vannes ouvertes ?


Pour Mme Lecointre, Tsipras a fait passer l’intérêt du pays avant ses propres convictions politiques, il s’est comporté en véritable homme d’État, contrairement à son célèbre ministre des Finances Yanis Varoufakis, beaucoup plus doctrinaire et rapidement écarté. Malgré les risques d’impopularité, Tsipras applique en grande partie les mesures de rétablissement des grands équilibres qui sont imposées au pays.


Les résultats sont au rendez-vous, le déficit public se réduit, le chômage recule, au prix de mesures ressenties douloureusement par la population (beaucoup de familles ont dû vendre des maisons, qui constituaient leur épargne... des touristes d’autres pays européens en ont profité pour les acheter à bon prix !). La Grèce dégage même un excédent primaire de son budget (excédent avant prise en compte des charges de remboursement de la dette).


En juillet 2019 Tsipras perd les élections législatives et c’est un gouvernement de droite qui prend les rênes de la Grèce, avec à sa tête Kyriakos Mitsotakis.


Aujourd’hui l’économie de la Grèce a été assainie (au prix de la vente d’actifs importants à des intérêts privés, comme le port du Pirée vendu à une société chinoise), tout en restant fragile et soumise aux aléas du tourisme, l’établissement d’un cadastre fiable progresse – avec à la clé la perception de taxes foncières-, et l’État grec peut à nouveau emprunter sur les marchés financiers internationaux à des taux de peu supérieurs aux taux d’emprunts allemands ou français tout en commençant à rembourser des emprunts, notamment ceux contractés auprès du FMI.


Il reste quelques situations particulières dont on a beaucoup parlé et qui sont étonnantes pour des Français : en premier les exemptions ou réductions d’impôts dont bénéficient l’Église orthodoxe grecque et les grands armateurs. Mme Lecointre, sans nier cette situation qui a d’ailleurs été un peu corrigée, souligne que l’Église orthodoxe joue en Grèce un rôle social très important et remplace en partie l’État dans ce domaine, et que les armateurs grecs sont une grosse source d’emplois et pourraient très facilement s’immatriculer dans d’autres pays plus accommodants si on les taxait trop lourdement.


Alors tout est-il pour le mieux pour la Grèce et pour les Grecs ?

Mme Lecointre a beaucoup nuancé ce point de vue, en se posant et posant deux questions fondamentales :

- la Grèce va mieux, mais en est-il de même pour les Grecs dans leur ensemble ? Pas sûr...

- au moment où le montant réel de la dette publique de la Grèce a été révélé, il s’agissait de 30 milliards d’€. Passer l’éponge sur ce montant en lui prêtant ou donnant de quoi rembourser était tout à fait à la portée de l’Union européenne et aurait évité des épisodes très douloureux pour la population grecque. Cependant les pays de l’Europe du nord, notamment l’Allemagne, très attachés au respect « vertueux » des équilibres des comptes publics, ont absolument tenu à ce que le « mauvais exemple » de la Grèce ne se propage pas à d’autres pays ; à l’époque en plus le credo des économistes était le rétablissement des équilibres budgétaires, à coups de plans d’austérité. Le résultat est que de plan d’aide par des prêts à taux élevé en plan d’aide suivant, aujourd’hui la dette publique grecque est de près de 300 milliards d’€, avec au passage beaucoup de souffrances pour la population grecque. Sera-t-elle un jour totalement remboursée ? On peut en douter. Et aujourd’hui le credo des économistes est devenu beaucoup plus souple, à la lumière des dépenses consenties pour éviter l’asphyxie des économies par l’épidémie du Covid 19. A posteriori (c’est toujours plus facile, évidemment), les décisions de l’UE et de la « troïka » ont-elles été les meilleures ? Pas si sûr...


Jean-Jacques SMEDTS

(*) Université de la culture permanente et du temps libre




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