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Lettre Europe Mai

LES ELECTIONS EUROPEENNES DE 2019




Que retenir des élections européennes à l'échelle européenne?

Il y a ce qui saute aux yeux :

– la hausse de la participation électorale (de l'ordre de 51% au lieu de 42,61%) dans presque tous les pays (sauf en Belgique, Bulgarie, Grèce, Irlande, Italie, Malte et le Portugal);

– la poussée des partis nationalistes, souverainistes et d'extrême-droite (en Italie, en Suède, en Pologne, en Allemagne, en Belgique et en France),

– la progression des Verts (en Allemagne, en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Finlande et en Irlande),

– la montée des Libéraux A.L.D.E. (notamment en Grande Bretagne, en France, au Danemark et en Tchéquie);

– le résultat contrasté de la droite conservatrice (P.P.E) : recul en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne et en France mais progression en Autriche, en Hongrie, en Suède, en Roumanie et en Grèce;

– la baisse de la gauche radicale (G.U.E) en France, en Grèce et en Allemagne ;

– la défaite des partisans de la sortie de l'UE (sauf au Royaume-Uni);

– et les résultats contrastés de la social-démocratie (hausse en Espagne, au Portugal, aux Pays-Bas, déclin en France, en Allemagne, en Italie, en Roumanie et en Grande Bretagne).

Les enjeux nationaux ont souvent occulté les enjeux européens, le vote émotionnel étant plus fort que le vote rationnel; dans certains pays, les électeurs ont "réglé leurs comptes" avec le gouvernement en place (en Grèce, en Roumanie, au Royaume-Uni et en France).

Il y a des évolutions plus souterraines: les principaux partis nationalistes (mis à part le cas particulier du Royaume-Uni) ne font plus de la sortie de l'Union européenne ou du retour à une monnaie nationale le fondement de leur programme, ce qui leur permet de se normaliser aux yeux des électeurs. Néanmoins, leur stratégie est maintenant de miner l'Union de l'intérieur. Les partis ayant le discours le plus caricatural consolident ou accroissent leur part de l'électorat (en Italie, en Hongrie, au Royaume-Uni, en Belgique).

Enfin, il y a des évolutions moins apparentes: la scission géographique des grands États :

– au Royaume-Uni: la région de Londres, l'Écosse et l'Irlande du Nord demeurent anti-Brexit,

– en Allemagne, l'Est vote AfD (extrême droite) et l'Ouest pour les écologistes

– en Belgique, la Flandre favorise l'extrême droite

– en France, la « diagonale du vide » (des Ardennes au Massif central) accorde sa confiance au Rassemblement national ;

– en Pologne, l'Est et le Sud votent PiS (ultra conservateurs), l'Ouest votant libéraux.

Cette coupure correspond souvent à une césure socio-économique: les perdants de la mondialisation votent plus facilement pour la droite radicale.

La majorité du futur parlement européen ne sera plus sur deux pieds (P.P.E. et socialistes) car ils ne totalisent plus que 325 sièges sur 751 mais sur un trépied, les Verts ou les Libéraux formant la troisième composante nécessaire pour obtenir un accord sur chaque texte.

Quant aux nationalistes (210 sièges sur 751), même s'ils arrivent à s'unir ponctuellement, leur pouvoir de nuisance devrait rester limité ; par contre, leur discours contre l'immigration fait de plus en plus d'émules parmi les partis conservateurs soucieux de répondre aux angoisses de leur base. Vous trouverez dans cette Lettre Europe la projection en sièges du futur parlement européen ainsi qu'un article précisant les étapes qui suivront les élections.

Frédéric Bourquin, président de la Maison de l'Europe de Nîmes


Fête de l’Europe à Bagnols-sur-Cèze




Pour fêter l’Europe le 9 mai, la Maison de l’Europe et le Comité des Jumelages ont proposé aux élèves de 4ème le Rallye de l’Europe qui a accueilli 3 classes dans la Salle Multiculturelle de Bagnols-sur-Cèze

Divisées en 6 groupes, les classes ont dû suivre leurs feuilles de route et passer des épreuves pour collecter toutes les pièces d’un puzzle commun.

Les épreuves ont été diverses : reconstituer la frise chronologique de la construction européenne pour rappeler les origines de la Fête de l’Europe et la déclaration de Schuman ; associer des capitales avec des pays européens ou retrouver les origines de personnages célèbres pour en découvrir plus sur l’Union européenne.

L’Europe, c’est aussi la diversité linguistique : le 9 mai, nous l’avons fêtée à travers plusieurs jeux où les élèves ont testé leur vocabulaire en langues étrangères ou encore, ont répondu à plusieurs questions « ni oui ni non » en anglais, espagnol et allemand.

Les élèves ont aussi fait des jeux de rôle où les participants désignaient des stratégies en équipe, négociaient pour échanger des ressources qu’ils possédaient et arriver à une victoire ou à un compromis équitable.

A la fin du parcours, chaque classe a reconstitué une image et visité des expositions sur l’Union européenne.

Toutes les étapes du jeu ont été animées par les volontaires européens, par les familles allemandes accueillies dans le cadre du jumelage de Bagnols-sur-Cèze avec Braunfels en Allemagne et par les bénévoles du comité de jumelages.

Nous remercions tous les participants, leurs professeurs et les co-organisateurs pour leur contribution qui a permis de passer une belle fête de l’Europe dans la joie de la découverte et l’échange culturel.


Quel mois de mai 2019 ! Du Joli mois de l’Europe aux élections européennes !




Le Joli mois de l’Europe 2019 touche à sa fin ! Dans le numéro suivant vous trouveriez un résumé plus fourni de ce mois exceptionnel aux couleurs de l’Europe. Néanmoins, quelques chiffes et points fort en avant-première de cette édition 2019 !

Pendant ce mois très particulier avec les élections européennes le 26 mai, nous avons rencontré plus de 1100 personnes à travers nos différentes activités.


Les lycéens et le grand public s’y retrouve le plus. La raison est simple : toute notre attention allait vers les primo-votants et les élections européennes : rappeler que tous les citoyens européens peuvent élire leur Parlement européen à la fin du mois, expliquer le rôle de cet Institution et montrer quelques réalisations concrètes de l’Europe dans notre quotidien. A travers des présentations, fête de l’Europe dans les lycées et CFA, et notre fête de l’Europe au SPOT le jeudi 9 mai, nous avons sensibilisé 460 lycéens. Ajoutant les étudiants, apprentis et jeunes en insertion, plus de 600 primo-votant ont été informé sur les Elections européennes. Les derniers chiffres sont encourageants et montre que tout notre engagement n’était pas en vain : Cette année 40% des jeunes entre 18 – 25 ans sont allés votés (24% en 2014) et 51% des citoyens européens ont participé aux élections (43% en 2014).

Les activités du Joli mois de l’Europe se sont déroulées dans les trois départements de notre périmètre qui sont le Gard, la Lozère et le Vaucluse. Bien que l’essentiel des activités se sont déroulées à Nîmes, nous étions également au lycée La Salle d’Avignon, au lycée agricole de Saint Chely d’Apcher, à Mende et Florac pour des soirées thématiques sur les élections européennes.

Retour sur le débat du 17 mai sur "L'Europe et l'éducation" organisé par FCPE - MEF30 - Maison de l’Europe de Nîmes




Où il apparaît clairement que les euro-constructeurs veulent construire, tandis que les eurosceptiques font la fine bouche… …et que les euro-destructeurs jouent les abonnés absents.


Échange édifiant du vendredi 17 mai à la Maison de l’Europe : 7 représentants de listes qui se disent toutes « pour l’Europe » (même si certaines ajoutent « mais pas cette Europe-là ») débattaient en public sur « l’Europe et l’éducation », un thème sur lequel ils avaient été invités à donner leur éclairage et surtout leur projet dans le cadre du Parlement européen. Notons au passage que le RN et Debout la République, également invités, soit n’ont pas répondu, soit se sont annoncés…pour faire faux bond au dernier moment.


Sans grande surprise, il n’a pas été bien difficile de distinguer entre deux types de propos (la représentante de la liste LR s'étant, elle, peu exprimée sur le thème de débat) :


- d’un côté un discours se situant vraiment dans la perspective européenne comme véritable horizon du changement et du progrès, porté notamment par LREM (liste Renaissance), PS-Place Publique (Envie d’Europe) et Europe-Écologie/les Verts, avec des ambitions, des propositions concrètes, et la reconnaissance de la valeur de l’acquis alors même (cela a été rappelé plusieurs fois) que l’éducation n’est pas, selon le terme amusant utilisé par une personne du public, une « primo-compétence » de l’Union européenne.


- de l’autre (listes PCF, Générations, LFI) beaucoup de dénonciation des mesures Blanquer, qui n’ont pourtant rien à voir avec des obligations européennes, quoi qu’en ait dit une des intervenantes (qui soutenait purement et simplement que « la loi Blanquer » -sic- était prise « en application d’une directive européenne » : on serait curieux de savoir laquelle!! Et toujours la reprise ad nauseam des mêmes incantations sur l’Europe « ultra-libérale », la dictature des banques,... assorties de quelques propositions carrément ubuesques : aligner les salaires de tous les enseignants européens sur ceux des mieux rémunérés, rendre l’alimentation scolaire gratuite pour tous les élèves, etc. Et au passage, Erasmus est salué du bout des lèvres, mais comme un programme "qui ne profite qu’aux jeunes les plus favorisés". Ce serait donc mieux sans Erasmus, peut-être ? Ce n'est certainement pas l'avis des apprentis ou élèves de lycées professionnels que la Maison de l'Europe de Nîmes envoie en stages professionnels dans d'autres pays d'Europe!


Nuançons ce bilan contrasté : l’expérience montre qu’une fois élus, même ceux qui portent une critique « de gauche » à l’Union européenne dans son état actuel se retroussent les manches et s’insèrent sans trop de mal - pour peu qu’ils se donnent réellement la peine de travailler, ce qui n’est pas le cas de tous - dans la culture du Parlement européen faite, on le sait, de patience, d’écoute et d’esprit de compromis même si les opinions peuvent aussi s’affirmer de manière tranchée en certaines circonstances.


Il n’en reste pas moins qu’il est bien douloureux de revisiter ce débat à la lumière des résultats du 26 mai, où l’on voit que se taillent la part du lion, du moins en France (ne désespérons pas des citoyens européens, ailleurs c’est souvent moins pire), ceux-là mêmes qui, au mieux n’ont rien à dire, au pire ne pensent qu’à déchirer ce qui a été patiemment tricoté depuis 60 ans.


Agenda




LES ELECTIONS EUROPEENNES, ET APRES ?




Quelles seront les prochaines étapes après le 26 mai?

1. La constitution des groupes politiques

En juillet, les groupes politiques vont se constituer : il faut au moins 25 députés provenant au minimum de 7 pays pour constituer un groupe. Ceux qui ne rejoindront pas un groupe politique ou qui ne pourront pas en constituer un siégeront comme non-inscrits.

Rappelons qu'actuellement il existe 8 groupes politiques :

– Groupe du Parti populaire européen P.P.E. (centre droit);

– Groupe de l'Alliance progressiste des Socialistes et Démocrates S. & D. (gauche);

– Groupe de l'Alliance des Démocrates et Libéraux A.L.D.E. (libéraux et centristes);

– Groupe des Verts/Alliance libre européenne (écologistes);

– Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne G.U.E./Gauche verte nordique N.G.L. (gauche radicale et écologistes radicaux);

– Groupe des Conservateurs et Réformistes européens C.R.E.(eurosceptiques);

– Groupe Europe de la Liberté et de la Démocratie directe E.L.D.(souverainistes) ;

– Groupe Europe des Nations et des Libertés (extrême droite).

Tout cela pourrait changer, notamment du côté des souverainistes et de l'extrême droite.

2. L'élection du président du Parlement européen

Jusqu'en 2014, les deux groupes parlementaires majoritaires se partageaient le mandat de 5 ans de président : 2 ans et demi pour chacun des deux groupes P.P.E et Socialistes. En 2014, cet accord a volé en éclats mais il y a tout de même eu alternance: le socialiste Martin Schulz ayant démissionné pour se consacrer à des élections en Allemagne, en 2017 le P.P.E a fait élire le conservateur italien Antonio Tajani.

3. La nomination du président de la Commission européenne

La procédure de désignation du président de la Commission est floue. Le traité de Lisbonne (2009) précise seulement que le nom proposé par les gouvernements doit « tenir compte du résultat des élections européennes ».

Cela signifie-t-il qu'il doit automatiquement s'agir du candidat proposé par le groupe parlementaire arrivé en tête ? Ce fut le cas en 2014, avec la désignation de Jean-Claude Juncker, chef de file du P.P.E, le parti de droite qui avait gagné les élections. C'est ce que réclame à nouveau le Parlement européen pour 2019.

Mais il est possible que cela se passe différemment, si les dirigeants des Etats de l’Union décident de choisir eux-mêmes leur candidat(e) : il faudrait alors trouver un candidat consensuel pour satisfaire la coalition la plus large possible de groupes politiques. De toute façon, il faudra que le président de la Commission soit investi par le Parlement européen qui gardera le dernier mot.

Six candidats (« Spitzenkandidaten » = têtes de listes choisies par les groupes), dont deux "tandems", sont en piste:

– Manfred Weber (D) pour le P.P.E. ;

– Frans Timmermans (NL) pour les Socialistes ;

– Ska Keller (D) et Bas Eickhout (NL) pour les Verts ;

– Violeta Tomič (SLO) et Nico Cué (B) pour la Gauche unitaire européenne.

4. Les gouvernements proposent les noms des Commissaires européens

Chaque État membre "a droit" à un Commissaire et propose un nom, mais ce Commissaire est nommé par l'ensemble du Conseil européen. C'est l'occasion d'un marchandage entre États car parmi les 27 Commissaires (en supposant les Britanniques partis), certains d'entre eux n'hériteront que d'un portefeuille secondaire. Les dosages seront délicats entre plusieurs paramètres :

– les représentants des pays « importants » veulent des portefeuilles importants ;

– les pays de l'Est et du Sud de l'Europe veulent être bien représentés par rapport aux pays de l'Ouest et du Nord ;

– les sensibilités politiques des Commissaires ;

– le fait que d'autres postes importants (Président du Parlement, de la B.C.E.....) seront attribués au même moment par d'autres instances ; en effet, il ne serait pas acceptable que, par exemple, les postes de Commissaire aux affaires économiques, de Président du Parlement, de Président de la B.C.E incombent aux candidats d'un même pays.

Enfin, encore faudra-t-il que les Commissaires choisis réussissent leur examen de passage au Parlement européen ! Et c'est loin d'être une simple formalité, plusieurs fois des candidats présentés ont été refusés par le Parlement européen.

5. Quel sera finalement le nombre de députés européens ?

Cela dépendra des Britanniques ! S'ils sortent de l'U.E avant le 31 octobre, le nombre de parlementaires européens tombera à 705 au lieu de 751. Dans ce cas, le nombre de députés français passerait de 74 à 79,  quelques personnalités qui figuraient dans les listes sans être élues pour le moment deviendraient alors députés européens. Rappelons que tous les sièges libérés par les Britanniques ne seront pas redistribués dans l'immédiat, une réserve étant constituée pour le cas éventuel de futurs élargissements.

6. La répartition des postes importants au sein du Parlement

Les vice-présidences (il y en 14 actuellement), les questeurs (5), les présidences de commissions parlementaires (20), les présidences de groupes politiques (8) donnent à leurs titulaires de réels pouvoirs d'influence et des moyens financiers. Il est à craindre que,  la représentation française étant éclatée entre plusieurs groupes, ce soient les 96 députés allemands concentrés dans deux groupes importants qui raflent le plus de postes.

Le nouveau Parlement européen pourra commencer ses travaux à la session du 2 au 4 juillet 2019, mais ce n'est qu'au début de l'automne 2019 que la nouvelle Commission européenne sera en place.




Sommes-nous condamnés à subir la dictature des GAFAM pour notre information ?



Peut-être pas. L’Union européenne a amené les principaux acteurs du Web à signer un « Code de pratique contre la désinformation ». La Commission a tenu à se féliciter de cette avancée par la voix de trois de ses Commissaires. Facebook, Google et Twitter ont accepté ce Code de bonne conduite, qui les engage notamment à rendre compte de leurs actions dans la perspective des élections au Parlement européen de mai 2019. Dans une déclaration commune, plusieurs membres de la Commission européenne ont salué ces efforts des trois plateformes, qui consistent par exemple à « étiqueter » les messages à caractère politique (pour que l’internaute en connaisse la provenance). De nouvelles améliorations techniques devront encore être entreprises, pour permettre aux experts extérieurs, aux vérificateurs de faits et aux chercheurs de réaliser une évaluation indépendante. La collaboration prévue par le Code de bonnes pratiques a encouragé Facebook, Google et Twitter à prendre de nouvelles mesures pour garantir l’intégrité de leurs services et pour lutter contre les robots malveillants et les faux comptes. En particulier Google renforce sa coopération avec les organisations et les réseaux de vérification des faits (fact checking). En outre, les trois plateformes ont lancé des initiatives visant à promouvoir l’éducation aux médias et à dispenser des formations aux journalistes et au personnel de campagne électorale. Le texte intégral du Code en question (en anglais seulement pour l’instant…7 mois après son adoption !) peut être trouvé ici : https://ec.europa.eu/digital-single-market/en/news/code-practice-disinformation. On trouvera aussi un avis critique sur ce texte à la page suivante : https://www.ebu.ch/fr/news/2018/10/code-of-practice-on-disinformation-fails-to-tackle-the-scourge-of-fake-news.


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