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Vignette: comment l’Europe lutte contre le blanchiment d’argent ?



Le saviez-vous ? L’Europe s’arme vraiment contre le blanchiment d’argent.


Et plus encore : il s’agit bien de lutter contre le blanchiment d’argent et le terrorisme, car les deux sont beaucoup plus liés qu’on ne le pense d’habitude. Pour la plupart d’entre nous, le blanchiment d’argent renvoie avant tout au grand banditisme et sert surtout à édifier des fortunes, certes scandaleuses, mais qui permettent à ceux qui en profitent de bénéficier d’un niveau de vie inégalé.


En fait, le blanchiment d’argent sert surtout à financer de nombreuses filières terroristes, et c’est pourquoi poursuivre et renforcer l’action pour empêcher toutes les transactions faites avec des capitaux suspects n’est pas seulement moralement souhaitable : c’est une des conditions de notre sécurité.


La Commission européenne a donc proposé en 2021 la création d’une Autorité de lutte contre le blanchiment d’argent et le terrorisme, que nous découvrirons bientôt sous son nom : l’AMLA. Hélas, c’est encore un anglicisme car nous avons décidément bien du mal à sortir de cette manie exaspérante de nommer les choses en anglais, au motif que l’anglais est un dénominateur linguistique commun pour les 27 États-membres. Et d’ailleurs, cela ne va pas s’arranger avec le prochain élargissement, si toutefois ce dernier se confirme, puisqu’il va concerner de petits pays, Macédoine du Nord ou Albanie par exemple, dont les langues ont peu de chance de connaître une grande diffusion.


Donc l’AMLA. Cette autorité va se mettre en place dès 2023 et sera effective en 2024. Notons qu’en comparaison des rythmes habituels de mise en place des décisions européennes -toujours à cause de la difficulté de mettre d’accord 27 pays et 27 gouvernements qui n’ont pas forcément la même vision des choses- on a là quelque chose de particulièrement rapide. C’est bien la preuve qu’il y a urgence, et la guerre en Ukraine a sans doute aussi joué un rôle dans cette précipitation.


Du reste, on ne part pas de rien, puisqu’il existe déjà un organisme nommé le GAFI (Groupe d’Action Financière Internationale) qui impose à l’ensemble du système bancaire international des normes de plus en plus strictes qui poursuivent exactement le même objectif : empêcher l’argent sale d’alimenter le terrorisme -et bien sûr le banditisme.


Un vœu pieux ? Sans doute mais à l’usage, on voit bien qu’il ne s’agit pas de paroles en l’air. Une preuve : ce même GAFI a suspendu la Russie, qui en était membre (car comment être absent d’un organisme aussi important) en estimant que les mesures prises par ce pays pour lutter contre le blanchiment n’étaient tout simplement pas satisfaisantes. On ne peut pas être plus clair.


Et tout permet de penser qu’en partant de cet acquis, et sans doute en l’approfondissant, l’Autorité européenne de lutte contre le blanchiment, l’AMLA donc -il va falloir s’habituer à ce sigle malsonnant- gagnera en efficacité et en légitimité.


Contrairement à une idée répandue, l’argent peut avoir une odeur.



Jean-Luc BERNET

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