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Numéro Juin 2016

Éditorial

Présidentielles autrichiennes : nous sommes soulagés ? Pas vraiment !

Au moment où ces lignes paraissent, l’actualité a fait passer au second plan un événement qui, au moins en apparence, ne nous touche pas directement. Le fait est d’ailleurs qu’à tout prendre, nous préférons que le candidat écologiste, même falot (dit-on), ait gagné l’élection, même de peu.

Certes, le drame des migrants explique pour une bonne part cette poussée de nationalisme et de repli sur soi, qui n’est pas chose nouvelle dans ce pays. Certes l’Autriche a fait montre (contrairement à l’Allemagne) d’une réticence durable à faire le nécessaire travail de mémoire après 1945; réticence qui n’a commencé à faiblir (ce n’est pas un hasard) qu’en 1995, date de l’entrée dans la Communauté européenne de l’époque. Ces deux éléments, avec d’autres, dessinent une spécificité préoccupante, mais dont les conséquences impacteront peut-être moins notre histoire européenne qu’on pourrait le craindre.

En effet, la droite ultra-conservatrice autrichienne fait fond sur les thèmes identitaires et nationalistes, mais n’a jamais tenu de discours anti-européen comparables à ceux du FN ou de UKIP. Le candidat du FPÖ n’avait de toute façon à son programme ni l’intention, ni le pouvoir d’engager son pays dans une sortie de l’UE, même pas de la zone euro. L’extrême droite autrichienne est donc bien consciente que l’intérêt économique du pays est de ne pas quitter l’UE, ce que les partisans du Brexit n’ont pas la lucidité de considérer.

Ce que nous voyons émerger, comme l’observent deux spécialistes, c’est une « mentalité » de centre-Europe qui se fait aussi sentir en République tchèque, en Slovaquie, en Pologne, et bien sûr en Hongrie : un état d’esprit qui consiste à prendre beaucoup en essayant de donner le moins possible.

Soit. Ce constat ne peut qu’encourager les fédéralistes que nous sommes à consolider et faire partager nos convictions. Si une Europe fédérale voit le jour à 6, à 8, à 10 et non à 28, ce sera toujours ça de pris. Et si l’Autriche devait –par malheur- ne pas en être, tant pis pour l’Autriche. Mais le pire n’est pas toujours le plus probable.


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