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La « vignette » du mois : L’Europe peut-elle et veut-elle aider le peuple afghan ?

Radio Système 93.7, la radio locale de Vauvert, publie chaque semaine un court message en lien avec l’actualité européenne dans « Parlons d’Europe » rubrique animée par le MEF-30. Une de ces vignettes radiophoniques, qui tiennent en partie de l’information et en partie de l’analyse, vient chaque mois enrichir la Lettre Europe.


On entend souvent ici ou là dénoncer l’égoïsme de l’Europe qui ne fait rien pour les populations en danger dans le monde, et qui ne pense qu’à se barricader pour éviter les afflux de migrants.


La question nous hante particulièrement depuis 2015. Et si la défaite de Daech a donné l’impression que les choses se tassaient, c’est évidemment loin d’être le cas.


Et voilà que la reprise de Kaboul par les sinistres talibans nous met une nouvelle fois, nous les Européens, devant un dilemme insoluble : ouvrir massivement les portes, au risque de saturer les capacités d’absorption de populations désespérées, et donc de faillir sur tous les plans, ou bien faire pression sur les pays limitrophes pour qu’ils fixent chez eux, autant que faire se peut, ces populations déracinées. Il n’y a pas de bonne solution, d’autant que lesdits pays limitrophes, outre que leurs moyens sont limités (d’où l’obligation absolue d’« acheter » leur coopération, comme cela a été fait avec la Turquie), ne sont pas non plus des modèles sur le plan des droits humains.


Au moins les pays de la coalition présente en Afghanistan depuis 2002 se sont-ils engagés à sauver ceux qui les ont aidés sur place. Y parviendront-ils ? L’avenir le dira, mais le risque n’est pas nul de voir des terroristes se glisser parmi d’authentiques hommes et femmes de progrès.


Et l’Europe dans tout ça ?


Elle pourrait y voir une occasion de concrétiser enfin son autonomie stratégique. C’est-à-dire sa capacité à apparaître sur la scène internationale comme un acteur à part entière. Mais pour cela, il faut peser : soit politiquement, soit militairement. On sait que ce n’est guère le cas aujourd’hui. Mais on peut néanmoins noter avec satisfaction que le Fonds européen de Défense, créé en 2020, va bénéficier d’un budget non négligeable : 8 milliards d’euros sur la période 2021/202730.


Pour exister sur la scène internationale, il reste néanmoins un domaine où l’Europe est sans conteste la première puissance à intervenir : c‘est celui de l’humanitaire. L’Union européenne a créé en 2001, on le sait peu, un Mécanisme européen de protection civile, pour faire face aux catastrophes, naturelles, et autres. En 2020, il a été activé plus de 100 fois pour répondre à des situations très diverses (l’explosion de Beyrouth, des inondations en Ukraine, au Niger et au Soudan, un tremblement de terre en Croatie, des cyclones tropicaux en Amérique latine et en Asie, et aussi bien entendu la pandémie).


Dans le cas de l’Afghanistan, il est prévu de quadrupler l’aide humanitaire, déjà très conséquente, que l’Europe apporte à ce pays depuis 1994. La présidente de la Commission a annoncé la somme de 200 millions qui seront versés pour la seule année 2021, non seulement aux Afghans de l’intérieur, mais aussi aux nombreux réfugiés massés aux frontières de ce malheureux pays.


Au-delà de l’aide, la grande question est évidemment de savoir comment on peut aider les Afghans sans soutenir les détestables talibans. Sans doute les ONG vont-elles, comme par le passé, servir de relais sur place, malgré les risques considérables encourus par leurs personnels et autres volontaires.


C’est là que la diplomatie doit déployer tous ses trésors, même si on peut craindre qu’elle soit assez vite démunie sans certaines démonstrations de force. L’avenir n’est pas écrit, mais dans tous les cas, il est bien sombre, au moins à court terme.


Podcast « Si on parlait d’Europe » : https://www.radiosysteme.fr/playlists



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