Un nuage brun au-dessus de l’Europe

Les dernières élections en Italie et en Suède confirment la tendance installée depuis plusieurs années en Europe. Les droite dures font une razzia dans presque tous les pays européens y compris la Suisse, sur fond de xénophobie exacerbée, et ce malgré des efforts de la Commission, du Parlement et du Conseil de l’Europe.
Il est vrai que les deux agences en charge de la lutte contre la xénophobie, le racisme et pour le droit d’asile, la F.R.A. et l’A.U.E.A. ne sont guère mises en avant par les médias, et pourtant elles font un très gros travail quasi ignoré des citoyens européens.
A Vienne, La F.R.A. ou Agence des Droits Fondamentaux qui a succédé à l’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes, a pour but d’aider les pays à mettre en place les législations relevant des décisions européennes (accords de Schengen, Dublin, La Haye, et la tentative toujours infructueuse du Pacte sur la migration et l’asile présentée en 2020 par la Commission). Ce texte est toujours bloqué par plusieurs pays européens (groupe de Višegrad) qui refusent les politiques de relocalisation des demandeurs d’asile visant une répartition équilibrée des demandeurs entre les pays européens.
Depuis le 19 janvier 2022 à La Valette (Malte), l'Agence européenne pour l'asile (A.U.E.A) contribue à améliorer le fonctionnement et la mise en œuvre du régime d'asile européen commun. Elle fournit une assistance opérationnelle et technique aux États membres dans l'évaluation des demandes de protection internationale en Europe.
A cela il faut ajouter la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (E.C.R.I.) instance de défense des droits de l’homme du Conseil de l’Europe. Composée d’experts indépendants, elle s’occupe des questions relatives au racisme, à la xénophobie, à l’antisémitisme, à l’intolérance et à la discrimination fondée sur la « race », l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la nationalité, la religion et la langue ; elle rédige des rapports et formule des recommandations à l’intention des États membres.
Malgré tous ces efforts et les besoins évidents démographiques des pays constitutifs de l’U.E., le contrôle des flux migratoires et la lutte contre l’immigration clandestine – conduits depuis 2004 par l’agence Frontex - restent prioritaires sous la pression d’une partie grandissante des opinions publiques, qui considèrent « l’autre » comme une menace pour eux. Chaque pays européen cherche désespérément à traiter, à sa manière, ces deux tensions contradictoires (besoins démographiques et immigration) quand l’U.E. les incite à harmoniser leurs politiques.
La xénophobie fait la différence entre le « Nous » national et les « Autres ». J’avais espéré que la construction européenne, par l’ouverture qu’elle entraine, permettrait de réduire cette peste. Ce n’est visiblement pas le cas. Ce qui est le plus aberrant c’est que, en général, la montée de la xénophobie touche les populations âgées, vivant là où il y a peu d’immigrés, notamment dans les pays d’Europe de l’Est, mais aussi dans les villages alsaciens ou basques.
Ma conclusion est que là où le sentiment d’appartenance ou de nationalisme est le plus fort, la xénophobie progresse plus facilement par la peur de l’étranger ! La meilleure solution reste l’éducation ouverte sur le monde, et un fédéralisme plus assumé en Europe. Y a encore du boulot !
Charles-Antoine ROUSSY
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