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Vrai ou fake ? Quatre idées reçues sur l’Europe et notre territoire

L’Occitanie est la région agricole française numéro un en superficie. Un territoire marqué par la ruralité, où l’on a parfois une vision erronée de l’Europe. Celle-ci paraît pour certains abstraite et éloignée des enjeux locaux. Cette année marquée par le 60e anniversaire de la politique agricole commune (PAC) est l’occasion de démêler le vrai du faux sur le rôle de l’Europe dans nos terres.


Idée 1 : l’Europe “ne sert à rien”


Faux : l’idée d’une Europe lointaine, abstraite et sans action concrète est courante. Philippe Félix, consultant et formateur en communication digitale, travaille depuis sa résidence dans le Piémont cévenol pour plusieurs institutions européennes. « Pour les gens du coin, l’Europe c’est un machin qui ne sert à rien. »


La réalité : l’Europe, à travers la PAC, attribue des aides financières aux agriculteurs. À noter que la France en est la premier bénéficiaire. Tous les agriculteurs qui font leur déclaration annuelle touchent des aides directes. Celles-ci sont issues exclusivement des fonds européens, et dépendent de la surface exploitée. D’autres types de subventions existent, certaines co-financées par la Région ou d’autres collectivités. C’est le cas par exemple de la Dotation Jeunes Agriculteurs (DJA), dispositif permettant d’aider les exploitants de moins de 40 ans à s’installer. Elle tourne autour de 30 000 €, dont 40% seront financées par la Région d’ici 2023, année d’entrée en vigueur de la nouvelle PAC (1).


Idée 2 : les agriculteurs qui veulent travailler en circuit court ne sont pas concernés par la PAC


Faux : la crise du Covid et la guerre en Ukraine ont mis un coup d’accélérateur sur la question de l’autosuffisance alimentaire. L’Europe a des actions plutôt en faveur des circuits courts, un “point fort de la future PAC”, selon Claire Sarda-Vergès, directrice de l’agence de développement rural Europe et territoire (Adret) des Pyrénées orientales. Dans les axes de la Commission européenne pour le Pacte vert (stratégie de l’UE destinée à réduire les émissions de gaz à effet de serre, présentée en 2019, NDLR) figurent des objectifs tels que le développement des produits locaux dans les cantines scolaires.


Source : ministère de l’Agriculture

Idée 3 : l’Europe est exportatrice


Vrai : selon Claire Sarda-Vergès, l’Europe a toujours eu vocation à exporter. Mais ce marché n’est pas forcément opposé aux circuits courts : “Tout dépend de la filière”. Christophe Placet, Chef du service Économie et Politiques publiques de la chambre régionale d’agriculture, confirme qu’il y a des produits pour lesquels le marché de l’export est indispensable. Il cite en exemple le roquefort : “Heureusement qu’il y a de l’export”, avant de renchérir : “Il y a de la place pour tout le monde.” C’est le cas surtout en Occitanie où l’offre est diversifiée, tant en circuits courts que sur le marché mondial. Par exemple, la région a une grosse production de blé dur, dont l’exportation est facilitée par un accès direct sur la Méditerranée. Côté circuits courts, dans le Gard, ce sont les produits maraichers qui constituent la majorité des ventes.


Idée 4 : l’Europe est barbante


Vrai et faux : on peut être pro-européen et admettre que l’Union européenne peut mieux faire en termes de clarté et de communication. “L’Europe est parfois vraiment barbante ”, critique Philippe Félix, qui travaille pourtant pour la Commission européenne. Il conçoit que l’Europe impose un certain nombre de contraintes aux agriculteurs. Mais elle est aussi source de nombreuses subventions. Outre les aides citées ci-dessus, la PAC soutient également plusieurs projets agricoles, tels que la conversion vers l’agriculture biologique. A noter au passage que l’Occitanie possède à elle seule un quart des exploitations bio en France. Selon plusieurs agriculteurs interrogés, la procédure pour obtenir des subventions européennes à la conversion est peu contraignante. A titre d’exemple, Florence Montferran, vigneronne à Vic-la-Gardiole, a récemment converti toutes ses parcelles en bio. Elle souligne que la procédure de demande de subventions est peu contraignante : “C’est une base commune pour travailler.”


  1. La politique agricole commune (PAC) est une politique mise en œuvre par l'Union européenne dans le but de développer et soutenir les agricultures des États membres. Elle fonctionne sur une programmation pluriannuelle. 2023 marquera l’entrée dans une nouvelle programmation, en vigueur jusqu’en 2027. Plusieurs changements sont prévus, tant dans le budget que dans les normes environnementales.

Alexandra Portlock

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