Les partis populistes en Europe
Les partis populistes méritent d'être connus par les partisans de l'Union européenne car ils en sont les principaux opposants.
L'appellation « populiste » est difficile à manier car elle est considérée comme infamante et recouvre des réalités très diverses ; nous l'utiliserons à défaut d'autre disponible. Avant toute chose: le populisme désigne un type de discours centré sur "le peuple", dont il prétend protéger les valeurs, les intérêts et l' unité, et cela souvent par opposition à une élite lointaine.
Il ne se superpose pas exactement à l'europhobie car si les populistes sont le plus souvent anti-européens, tous les europhobes ne sont pas forcément populistes.
Le populisme est le plus souvent classé à l'extrême-droite même s'il existe des partis populistes de gauche (Front de gauche, Podemos espagnol, Syriza grec...) et d'autres difficilement classables (Mouvement 5 étoiles italien)
Les causes des succès électoraux récents du populisme commencent à être bien connues.
La régression économique due à la crise de 2008 a exacerbé un sentiment de déclassement et de marginalisation d'une partie de la population par rapport aux gagnants de la mondialisation. Néanmoins, il existe un populisme des riches (Autriche, Suisse, Danemark, Norvège, Flandre, Italie du Nord....) qui refusent de partager avec les « largués ». Par ailleurs, des pays frappés durement par la crise (Espagne, Portugal, Irlande) n'ont pas vu de croissance notable des partis populistes. Il est donc difficile d'établir des liens valables partout entre situation économique et populisme.
La société a toujours été divisée entre les "stationnaires" attachés au territoire, aux traditions et les "nomades "qui se sentent plus en phase avec leurs semblables du bout du monde qu'avec leurs voisins. La réussite des partis populistes joue presque toujours sur les mêmes ressorts :
[if !supportLists]– [endif]les peurs (économique, ethnique, culturelle, identitaire, sécuritaire)
[if !supportLists]– [endif]le ressentiment contre les « élites », les médias, les « autres » ;
[if !supportLists]– [endif]la défense d'un peuple (ethnos) défini par les populistes eux-même ;
[if !supportLists]– [endif]la proposition de solutions simples et de court terme pour résoudre des problèmes complexes et de long terme;
[if !supportLists]– [endif]le repli sur un passé mythifié, la défense de valeurs religieuses et culturelles « menacées » ;
[if !supportLists]– [endif]le refus de la solidarité avec les régions pauvres, les immigrés...
[if !supportLists]– [endif]le rejet de l'Union européenne, "vecteur d'un mondialisme honni et d'une austérité imposée".
[if !supportLists]– [endif]une des caractéristiques communes est la présence à leur tête d'une personne charismatique qui est souvent le lien principal entre les différentes chapelles ; cela peut expliquer une certaine admiration pour Vladimir Poutine et Donald Trump, exemples de chefs charismatiques !
[if !supportLists]– [endif]on peut également noter la tendance à vouloir parler « vrai » (comme le peuple!), ce qui se traduit souvent par des dérapages agressifs voire racistes.
Essayons de classer les partis populistes, sachant qu'un même parti peut "pointer" dans différentes catégories :
[if !supportLists]– [endif]Les libéraux en économie : UKIP britannique, le parti du Progrès norvégien, l'U.D.C suisse, le P.V.V néerlandais, le F.P.Ö. autrichien, l'O.D.S tchèque, le SaS slovaque).
[if !supportLists]– [endif]Les étatistes : Front national, France insoumise, Fidesz hongrois.
[if !supportLists]– [endif]Les ultra-nationalistes : British national party, l'Ataka bulgare, le Parti de la Grande Roumanie, le Jobbik hongrois.
[if !supportLists]– [endif]Les islamophobes : l'AfD et le Pegida allemands, les Démocrates de Suède.
[if !supportLists]– [endif]L'hostilité à l'immigration : c'est une caractéristique de tous les partis populistes de droite.
[if !supportLists]– [endif]Les ultra-conservateurs voire réactionnaires sur le plan des mœurs : PiS polonais, LAOS grec.
[if !supportLists]– [endif]Les indépendantistes : le Vlaams Belang et le N.V.A flamands et, dans une moindre mesure maintenant, la Ligue du Nord de l'Italie.
[if !supportLists]– [endif]Les eurosceptiques et les europhobes : les partis populistes sont, à des degrés divers, tous hostiles à l'Union européenne, même dans des pays dont les perspectives d'adhésion sont très incertaines (U.D.C. Suisse, Parti du progrès norvégien). Quand à l'UKIP, le retrait du Royaume-uni de l'UE semble l'avoir privé de sa raison d'exister !
[if !supportLists]– [endif]Les néo-nazis : N.P.D allemand, Aube dorée grecque.
Ce populisme multiforme est au pouvoir ou associé au pouvoir dans plusieurs pays européens : Mouvement 5 étoiles et Ligue du Nord en Italie, Fidesz en Hongrie, PiS en Pologne.
Souvent, des alliances improbables sont conclues entre partis dit « de gouvernement » et partis extrémistes. C'est ainsi le cas du F.P.Ö. en Autriche, du N.V.A en Belgique, du parti populaire danois, de l'U.D.C en Suisse, de l'O.D.S et de l'A.N.O en Tchéquie.
Au Parlement européen, la confusion règne car chacun des grands groupes pro-européens abrite dans ses rangs des trublions pas toujours très présentables qu'ils n'osent pas expulser:
- Le groupe du Parti populaire européen (P.P.E.) de Joseph Daul accepte dans ses rangs le Fidesz de Victor Orban qui ne cesse de critiquer « Bruxelles » et l'Ö.V.P. De Sebastian Kurz, chancelier autrichien allié à l'extrême-droite (F.P.Ö.).
- Le groupe de l'Alliance des démocrates et des libéraux européens (A.L.D.E), de Guy Verhofstadt, comprend dans ses rangs Andrej Babis, premier ministre tchèque eurosceptique, président de l'ANO
- Quand aux conservateurs et réformistes européens (E.C.R.), ils abritent le PiS polonais et les Vrais Finlandais.
On se rend compte de l'hétérogénéité de la nébuleuse qualifiée de populiste qui recouvre des partis de gauche radicale, de droite, d'extrême-droite et même pour certains ouvertement néo-nazis.
En fait, l'Union européenne est la seule phobie commune à des groupes très dissemblables !
