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Nous autres Français, nous oublions parfois de regarder ailleurs…

…alors qu’il s’y passe aussi des choses passionnantes. Un exemple : à un an et quelques jours près, nous pourrions fêter les trente ans d’un évènement d’une dimension exceptionnelle, à tous les sens du terme, qu’on appelle le Baltic way, dont nous n’avons pas, à l’époque, saisi l’importance. Il n’est pas trop tard pour le faire, en attendant 2019.

De quoi s’agit-il ? Sur Google, vous pouvez faire la recherche en plusieurs langues : en estonien (Balti kett), en letton (Baltijas ceļš), en lituanien (Baltijos kelias) en russe, (Балтийский путь) et bien sûr en anglais (Baltic Way, Baltic Chain ou Chain of Freedom). Dans cinq langues, donc, mais il faut s’accrocher un peu pour trouver une fiche en français. Bon, elle existe, c’est toujours ça (https://fr.wikipedia.org/wiki/Voie_balte).

Et pourtant, quelle histoire ! Nous sommes le 23 août 1989, le mur de Berlin n’est pas encore tombé, mais en Estonie, en Lettonie et en Lituanie, les gens bougent. Ils se rassemblent, ils créent des partis, ils découvrent grâce à la glasnost gorbatchévienne le contenu des accords Molotov-Ribentropp du 23 août 1939, restés secrets jusque-là. Et surtout ils chantent : c’est pourquoi les mois qui séparent les peuples de leur indépendance enfin retrouvée (près de deux ans, quand même, entre 1989 et 1991) ont gardé l’appellation de révolution chantante. Des foules énormes, jusqu’à 1/3 de la population en Estonie, se réunissent pour chanter leur volonté de vivre enfin libres et indépendants.

Et puis arrive cette idée folle, lancée par Edgar Savisaar, un communiste estonien qui deviendra plus tard Premier Ministre de son pays, puis maire de la capitale : réunir une chaîne humaine continue sur près de 700 km (675 exactement) entre Tallinn, Riga et Vilnius. Deux millions de personnes se retrouvent pour se donner la main le 23 août 1989. Imaginons un instant ce qu’il a fallu d’audace, d’habileté, de motivation pour planifier et organiser, au nez et à la barbe du pouvoir soviétique chancelant, mais fébrile (malgré l’humanisme de Gorbatchev) une manifestation si énorme que, dit-on, on pouvait la voir depuis la Lune.

Non, là j’invente…N’empêche que les photos prises depuis les airs (il y en a très peu, d’ailleurs) sont impressionnantes. Les photos prises à terre le sont moins, mais elles montrent le plus important : la joie de tous ces gens qui pourront dire plus tard « j’y étais ! ». Deux millions de personnes, soit 1/3 de la population totale des trois pays. Pour se faire une idée

Et aussi :https://www.youtube.com/watch?v=MLGhvQ-iBUM

Et puis, il y aura encore des morts, surtout en Lituanie (14 personnes qui ont défendu la tour de la télévision de Vilius contre les OMON soviétiques qui tentaient d’en prendre le contrôle en janvier 1991). Mais au bout du compte, à la faveur de la tentative de coup d’État de l’été 91 qui aboutira au départ de Gorbatchev (pourtant sorti vainqueur de l’épreuve), à son remplacement par Eltsine et surtout à la fin de l’URSS, la volonté des trois peuples triomphera et fera d’eux d’ardents défenseurs de l’idée européenne avant d’en faire des Européens à part entière.

Bon, tout n’est pas si simple, il faudra en reparler, ce sera pour une autre fois. En attendant, soyons attentifs en 2019 au 30e anniversaire de la Voie balte, ce sera certainement un magnifique évènement.

J-Luc Bernet, de retour d’une petite visite en Lituanie, Lettonie et Estonie.

Petit complément : le hasard fait qu’Aivita Vaške, 18 ans tout juste, qui va passer avec nous l’année 2018/2019 dans le cadre de son Service Volontaire Européen (SVE), est elle-même lettone (de nationalité) vivant à proximité de Riga, mais née à Iaroslavl (en Russie) d’une mère russe et d’un père lituanien. Un concentré de la grande Europe à elle seule ! Nous lui donnerons la possibilité de se présenter plus longuement dans le prochain numéro de la Lettre Europe.

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