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Brexit: dernière ligne droite? plutôt sinueuse!!


23 juin 2016. Par referendum, les citoyens du Royaume-Uni votent à une courte majorité pour que le Royaume-Uni quitte l'Union européenne.

Royaume-"Uni"? pas si uni que ça: l'Ecosse, le Pays de Galles et l'Irlande du nord ont tous voté pour le maintien dans l'Union européenne, sans parler de Gibraltar!!

Le premier ministre, David Cameron, démissionne: il a été l'initiateur de ce vote et défendait le maintien dans l'UE. Theresa May, elle aussi personnellement favorable au maintien mais qui n'avait pas fait campagne, est désignée chef du parti conservateur et devient première ministre. Elle était jusque-là secrétaire d'Etat à l'intérieur.

29 mars 2017. Après 9 mois de tergiversations, le gouvernement de Theresa May demande officiellement l'activation de l'article 50 du Traité de l'UE, qui régit les conditions de négociation de sortie de l'UE pour un Etat membre. Cela lance les négociations entre le Royaume-Uni et l'UE, qui normalement doivent être terminées dans une période de 2 ans, pour une sortie de l'UE le 29 mars 2019.

8 juin 2017. Pensant asseoir sa majorité et moins dépendre des partisans d'une sortie brutale de l'UE, Theresa May provoque des élections législatives anticipées... dont elle sort affaiblie! Elle ne doit sa majorité qu'à une alliance avec un petit groupe de députés unionistes d'Irlande du nord, farouches défenseurs d'une Irlande du nord partie intégrante du Royaume-Uni, sans rien qui puisse la différencier du reste du Royaume-Uni.

Le Parlement exige - et obtient - de voter sur l'accord de sortie qui sera négocié avec l'UE.

13 novembre 2018. Theresa May et l'UE signent un accord de sortie, après de longues discussions sur la question d'une frontière douanière entre le Royaume-Uni et l'UE , que longtemps l'UE a proposé de mettre en mer d'Irlande (entre l'île d'Irlande et l'ensemble Angleterre - Ecosse - Pays de Galles), pour éviter la réapparition d'une frontière physique et de contrôles des véhicules entre la République d'Irlande et l'Irlande du nord: d'une part les économies de ces deux territoires sont aujourd'hui très imbriquées, d'autre part il faut éviter tout ce qui pourrait réactiver une guerre civile en Irlande du nord. Finalement l'accord contourne cette question en prévoyant que le Royaume-Uni reste provisoirement dans le Marché unique... jusqu'à un accord définitif sur ce point.

Janvier 2019. Le vote sur l'accord de sortie qui était prévu en décembre est reporté au 15 janvier, Theresa May sentant qu'elle ne trouverait pas de majorité en décembre.

Las, le 15 janvier l'accord est rejeté par deux tiers des députés! Dans le propre parti conservateur de Theresa May, 118 députés sur 314 ont voté contre. En outre peu avant ce vote les députés ont adopté un amendement obligeant la première ministre, en cas de vote négatif, à présenter un "plan B" (projet de rechange) dans les 3 jours suivant le vote! Un camouflet suivi d'une claque... Theresa May ne démissionne pas et reste à la barre d'un navire qui ressemble de plus en plus à un bateau ivre. Il faut d'ailleurs saluer son courage.

L'Union européenne, de son côté, se dit fermée à toute modification de l'accord de sortie signé après 17 mois de négociations difficiles.

Evidemment Theresa May n'a pas de plan B tout prêt et ne peut que s'engager auprès des députés britanniques à retourner auprès de l'Union européenne pour essayer d'obtenir quelques modifications de l'accord de sortie... pendant ce temps-là le chronomètre tourne et le 29 mars se rapproche.

Et maintenant?

C'est l'impasse apparente, avec la perspective d'une sortie sans accord, dont personne ne veut (tout le monde y perdrait beaucoup) mais dont tout le monde dit s'y préparer activement "au cas où".

Alors, se donner encore un peu plus de temps pour trouver une issue? Un report de la date du 29 mars n'est pas impossible à condition que le Royaume-Uni le demande et que les 27 autres Etats de l'UE donnent leur accord à l'unanimité.

Mais il y a une limite: entre le 23 et le 26 mai (tous les Etats ne votent pas le dimanche) les citoyens de l'UE élisent les députés européens. Il est évidemment prévu que le Royaume-Uni ne prenne pas part au vote et les 73 sièges laissés vides par le départ prévu des députés britanniques ont été en partie annulés au moins provisoirement (le nombre total des députés européens sera réduit de 751 à 705) et en partie redistribués à d'autres Etats membres dont la population le justifie (pour la France le nombre passe ainsi de 74 à 79).

Juridiquement, si le Royaume-Uni n'avait pas quitté l'UE plusieurs semaines avant les élections européennes (le dépôt des candidatures est prévu en France du 23 avril au 3 mai), il faudrait qu'il vote et élise des députés européens... sur siège éjectable à court terme! Une situation ubuesque inenvisageable...

Alors?

Organiser un nouveau referendum? Pour le moment Theresa May rejette cette idée et on peut la comprendre: pourquoi pas ensuite un 3ème ou un 4ème, au gré des variations de l'opinion?

Renégocier certains points de l'accord de sortie, sous la pression du temps? Par exemple un accord a minima, du type "union douanière"? Tout ce qu'on peut dire: c'est la partie qui aura le plus envie d'aboutir qui fera la première des propositions!

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