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« Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine » ou comment décoder le traité d'Aix la Chape

Tout d'abord un peu d'histoire ! Le 22 janvier 1963, le général de Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer signaient à l'Elysée un traité franco-allemand. Il s'agissait de donner un aspect concret à la réconciliation franco-allemande, lancée par Robert Schuman en 1950 avec son fameux discours proposant la mise en commun de la production de charbon et d'acier entre la France et l'Allemagne et approfondie par les entretiens entre De Gaulle et Adenauer en 1958, 1960 et 1962.

Le général de Gaulle, déçu de l'accueil très mitigé réservé à son plan Fouché d'union des 6 Etats de la C.E.E, cherchait à éloigner l'Allemagne de son protecteur américain. Ce traité bilatéral prévoyait une coopération poussée dans les domaines économique, politique et ce qui était nouveau, culturel (l'accent était mis sur l'apprentissage des deux langues), universitaire (la recherche d'une équivalence des diplômes) ainsi que les échanges de jeunes (création de l'Office franco-allemand de la jeunesse OFAJ).

De Gaulle avait été très déçu par le préambule très « atlantiste » ajouté au traité par le Bundestag, et qui rappelait l'importance de l'alliance germano-américaine.

Ce traité a été révisé en 1988 par Mitterrand et le chancelier Kohl avec la création d'une brigade franco-allemande qui devait être l'embryon d'une future armée européenne.

Le traité d'Aix la Chapelle, signé le 22 janvier 2019 à Aix la Chapelle entre Emmanuel Macron et la chancelière Angela Merkel est dans le droit fil du traité de l'Elysée. Il prévoit

  • L'approfondissement de la coopération en matière européenne (chapitre 1);

  • Une coopération en matière de défense, de sécurité et de politique étrangère (chapitre 2) avec institution d'un conseil franco-allemand de défense;

  • Une assistance mutuelle en cas d'agression (article 4), ce qui existe déjà dans le cadre de l'OTAN et de l'Union européenne ;

  • Une entraide dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité (article 6) ;

  • l'établissement d'un partenariat avec l'Afrique (article 7);

  • Des échanges de personnel diplomatique avec une concertation préalable entre les deux Etats avant des prises de positions à l'ONU et le soutien de la France à la candidature de l'Allemagne pour un siège permanent au Conseil de sécurité (article 8) ;

  • La poursuite de la coopération culturelle (article 9), avec l'encouragement à l'apprentissage des deux langues (article 10) et la coopération universitaire (article 11).

  • L'approfondissement de la coopération transfrontalière existant déjà entre les régions des deux côtés du Rhin (chapitre 4) avec le soutien au bilinguisme (ce qui existe déjà en partie en Alsace, en Lorraine, en Bade-Wurtemberg et en Sarre).

  • Une collaboration dans les domaines du développement durable, du climat, de l'environnement et des affaires économiques (chapitre 5) ;

  • L'organisation de réunions régulières entre ministres et experts des deux pays (chapitre 6).

Si vous souhaitez lire le texte, pas très long (28 articles répartis en 7 chapitres), voici le lien : www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/01/08/signature-nouveau-traite-franco-allemand-aix-la-chapelle

Certains milieux complotistes n'ont pas craint de faire circuler des infox[1] : nous aurions "vendu aux Allemands l'Alsace, la Lorraine et notre siège permanent au Conseil de sécurité", l'apprentissage de l'allemand deviendrait obligatoire.... Ce qui est triste, c'est de voir ces infox véhiculées par des responsables politiques qui prétendent accéder aux plus hautes fonctions en France ! La corde de l'antigermanisme n'est pas encore usée pour certains...

[1]Infox, contraction de info + intox, est l'équivalent français officiel de l'anglais fake news. Penons la bonne habitude l'utiliser!

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