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La Roumanie, un pays qui tient ses promesses… malgré un contexte difficile !


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Fidèles à leur tradition, la Maison de l’Europe de Nîmes et le Mouvement européen du Gard accueillaient dans leurs locaux, vendredi 21 juin, une représentante du pays dont la présidence semestrielle européenne arrive à son terme : en l’occurrence Mme Lelia Constantinescu, conseillère spéciale aux affaires européennes auprès de l’ambassadeur de Roumanie, qui venait présenter le bilan de l’action de son pays dans cette fonction.

Mme Constantinescu

Dire que le contexte était difficile est une litote : un Parlement dont le mandat s’achevait fin avril, des élections à mener à bien (même si cette tâche incombe davantage au Parlement lui-même), un Brexit qui n’en finit pas de se reporter, et dans le même temps un climat international marqué toujours davantage par les foucades trumpo-poutiniennes. Pourtant, le Gouvernement roumain s’est bien acquitté de sa mission, avec 90 dossiers législatifs finalisés, alors même que cette présidence était une première expérience pour son pays.

Mme Constantinescu s’est attachée à présenter des résultats d’une grande importance concrète pour les citoyens européens. Ainsi, la présidence a accordé beaucoup d’attention à un sujet de forte actualité : la lutte contre les fausses informations, les « infox ». Sous la Présidence roumaine, le Conseil Affaires générales a adopté des conclusions pour assurer des élections européennes libres et correctes, sur la base du Plan d’Action commun de la Commission et de la Haute Représentante de décembre dernier. Les autorités de Bruxelles ont mis sur pied un système d'alerte rapide, visé dans le plan d'action, qui facilitera le partage d'informations pertinentes entre les États membres.

Sur un autre plan, le Conseil a retenu sous le nom de « Invest EU » la création d’un système « chapeau » qui coiffe 14 programmes de financement existants, afin de simplifier et de dynamiser l’action européenne sur le plan économique en stimulant l’investissement : on est là de plain-pied dans le prolongement du plan Juncker, dont nous avons déjà parlé dans nos réunions publiques, et dont l’effet commence à se faire réellement sentir, comme le montrent les statistiques (notamment celles du chômage dans l’ensemble des pays membres de l’EU).

C’est aussi sous présidence roumaine que le principe d’une Autorité européenne du Travail, qui sera basée à Bratislava, a été acté : cette nouvelle agence sera chargée, avec de réels moyens juridiques et techniques, de veiller à l’application des règles protectrices pour les travailleurs détachés, et pour les salariés en général, et de faciliter la coordination entre les administrations de contrôle. Une telle coordination existe déjà : on le sait peu, mais 9 États-membres ont décidé en 2017 d’harmoniser les pratiques de leurs corps d’inspecteurs du travail ou équivalents. Les choses avancent, on ne le dit pas assez.

Enfin, on ne s’étonnera pas, compte tenu de la géographie, que la Roumanie ait eu à cœur de faire avancer l’agenda de l’Union européenne sur la politique d’élargissement vers les Balkans Occidentaux. Cette priorité était déjà portée par la présidence précédente : M. Linhart, ambassadeur de l’Autriche, avait d’ailleurs amplement abordé ce sujet le 28 février. L’Accord de Prespa, conclu entre la partie grecque et la Macédoine, qui acte le changement du nom de la future « Macédoine du Nord », est un message très positif envoyé dans la région. La présidence roumaine a obtenu un engagement ambitieux sur l’ouverture prochaine de négociations en vue de l’adhésion future de la Macédoine (du Nord, donc) et de l’Albanie.

Comme on pouvait s’y attendre, ce dernier point n’a pas manqué de susciter quelques interrogations, tant il est vrai que le seul mot d’« élargissement » est presque automatiquement générateur d’inquiétudes. Inquiétudes auxquelles la seule réponse sensée consiste à rappeler : d’abord que ces adhésions sont nécessairement très lointaines (échéance, 10 à 15 ans, pas moins) ; ensuite qu’une adhésion s’accompagne obligatoirement de la « digestion » par le nouvel adhérent de tout l’acquis communautaire ; enfin et surtout, et Mme Constantinescu a insisté sur ce point, comme M. Linhart avant elle, qu’il en va de l’équilibre géostratégique sur l’ensemble de notre continent, lequel nécessite d’engager de manière irréversible ces pays dans le projet européen.

À défaut de cet « arrimage » européen, ces pays pourraient bien constituer des proies pour d’autres acteurs de la scène internationale qui sont, comme on dit, « en embuscade » (pensons à la Russie, à la Turquie voire à la Chine). En diplomate avisée, Mme Cosntantinescu ne s’est pas risquée dans ces analyses, mais elles sautent aux yeux de tout observateur un tant soit peu attentif des relations entre États, en Europe et alentour.

Tout ceci nous concerne donc au plus haut point, et Mme Constantinescu a eu le grand mérite de nous faire toucher du doigt tant des réalisations très concrètes qu’une vision à long terme dont il serait irresponsable de faire l’économie.

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