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Brexit : on y est, "the end", quelques conséquences immédiates


Le 28 janvier.

Il est maintenant quasi-certain que le Royaume-Uni quittera l'Union européenne à la fin de la journée du 31 janvier 2020. Et pourtant plus personne n'en parle ou presque, tant cela semble maintenant acquis.

"Nous l'avons fait". C'est par un sobre discours que Boris Johnson (dont vous avez évidemment reconnu la tête blonde sur la photo...) a salué la décision du Parlement britannique: mercredi 22 janvier, la Chambre des communes se prononçait positivement en dernière lecture sur le texte nécessaire à la réalisation du Brexit. Une large approbation parlementaire sans drame,qui contraste avec trois ans de débats passionnés sur le sujet.

La porte-parole du Parti travailliste sur le Brexit, Thangam Debbonaire, a déploré "un jour très triste". Face à elle, le Premier ministre a préféré souligner que cette décision mettait fin à "la rancœur et la division" des années passées et annoncer "un avenir radieux et enthousiasmant, de meilleurs hôpitaux et de meilleures écoles, des rues plus sûres et des opportunités à chaque coin du pays". Le croit-il sincèrement??

En revanche, l’Assemblée autonome d’Irlande du Nord, l’Assemblée du pays de Galles et le Parlement écossais ont tous trois rejeté la loi sur le Brexit. Si ces décisions n'ont aucun impact sur l'adoption définitive du texte, elles montrent que le Brexit porte encore des ferments de division.

A la chambre haute du Parlement britannique, la proposition de loi a aussi rencontré quelque résistance chez les Lords,.en majorité "remainers", qui ont tenté en vain d'amender le texte, afin notamment que "les enfants réfugiés non accompagnés en Europe puissent continuer à rejoindre les membres de leur famille au Royaume-Uni après le Brexit" et que "les travailleurs européens résidant légalement au Royaume-Uni reçoivent une attestation formelle de leur droit à rester".

Dès le 23 janvier le texte sur le Brexit a été promulgué par la reine Elisabeth II.

Il reste quelques formalités à boucler d'ici le 31 janvier. Le Parlement européen doit ratifier l'accord de retrait avec Londres le 29 janvier: échaudés par trois ans d'atermoiement. Les députés européens attendaient la décision finale de Londres .Ce sera ensuite au Premier ministre britannique et aux présidents du Conseil européen et de la Commission européenne de signer le texte. Enfin, une fois ce processus légal terminé, le ministre des Affaires étrangères britannique Dominic Raab signera un instrument de ratification qui sera déposé à Bruxelles.

Un quotidien inchangé au Royaume-Uni

Pour autant, le quotidien des Britanniques et des 3,2 millions d’Européens vivant au Royaume-Uni demeurera largement inchangé le 1er février. Le texte de loi prévoit notamment que ces expatriés puissent continuer à jouir de tous leurs droits dans leur pays d’accueil, à commencer par leur droit de séjour. Un statut spécial entrera également en vigueur en Irlande du Nord, "destiné à éviter le retour d’une frontière dure sur l’île d’Irlande".

Sur le plan politique, le pays restera encore sujet aux règles de l'UE pendant une période de transition jusqu'à fin 2020, tandis que des négociations auront lieu sur la future relation, dans des domaines comme le commerce ou la sécurité. En revanche, le pays perdra brutalement tous ses relais de pouvoir à Bruxelles, et devra payer environ 30 milliards de livres à l'UE (presque 36 milliards d'€) pour solder ses dettes, garantir le droit des Européens vivant au Royaume-Uni, et créer une barrière douanière en mer d'Irlande.

De façon immédiate et concrète, dès le 1er février, les sujets de Sa très gracieuse Majesté inscrits en tant que citoyens européens sur les listes électorales françaises seront radiés de ces listes et ne pourront donc pas voter aux élections municipales de mars 2020. Ceux qui sont actuellement dans des conseils municipaux de communes françaises termineront leur mandat et ne pourront pas se représenter.

Des conséquences indirectes... en Allemagne et en Pologne !

Dans un avenir proche un certain nombre de travailleurs d'autres pays européens quitteront le Royaume-Uni, où il y a en particulier près d'un million de travailleurs polonais, souvent de bon niveau de qualification.

L'Allemagne manque de main-d'oeuvre et "lorgne" sur ces travailleurs qui ont déjà montré leur capacité de travailler hors de leur pays. Des régions d'Allemagne proches de la Pologne, comme la Saxe, sont particulièrement concernées, d'autant plus que (malheureusement) les immigrés non européens y suscitent des manifestations hostiles.

C'est ainsi que la ville de Görlitz, à la frontière avec la Pologne, a lancé dès fin novembre 2019 une campagne en direction des Polonais installés au Royaume-Uni, sur le thème "Bienvenue à la maison": des documents sur Internet et les réseaux sociaux en trois langues, allemand-anglais-polonais, avec des réponses aux questions que peuvent se poser les personnes intéressées. La population de Görlitz, 56 000 habitants, comprend déjà 4 000 Polonais. La ville polonaise voisine de Zgorzelec, de l'autre côté de la rivière Neisse, est associée à cette campagne, les deux villes collaborent étroitement depuis plus de 20 ans.

Görlitz a lancé ouvertement cette campagne, mais il est très probable que d'autres, plus discrètement, y pensent aussi. C'est probablement le cas de Frankfurt-an-der-Oder, jumelée à Nîmes et très liée à sa voisine polonaise Slubice.

Des conséquences immédiates au Parlement européen

Dès le 1er février les 73 députés britanniques ne siégeront plus au Parlement européen.

Les élections européennes de mai 2019 en avaient tenu compte et les 73 sièges devaient être répartis comme suit après le Brexit:

  • 46 étaient mis en réserve pour faire face à d’éventuels élargissements tout en restant à l’intérieur du plafond de 751 eurodéputés.

  • 27 étaient répartis entre États membres de l’U.E. pour tenir compte des évolutions démographiques :

  • 5 sièges supplémentaires pour la France et l’Espagne ;

  • 3 sièges pour l’Italie et les Pays-Bas ;

  • 2 sièges pour l’Irlande ;

  • 1 siège pour l’Autriche, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la Suède.

Le nombre total des députés européens sera donc réduit pour plusieurs années de 751 à 705.

Les eurodéputés français (surnommés députés « Picard » car leurs sièges sont gelés en attendant le Brexit !) qui entreront au Parlement européen le 1er février sont :

  • Llana Cicurel et Sandro Gozi pour La République en marche (L.R.E.M.), participant au groupe parlementaire de la Renaissance Europe (R.E.).

  • Jean-Lin Lacapelle pour le Rassemblement national (R.N.), inclus dans le groupe Identité et démocratie (I.D.).

  • Claude Gruffat pour Europe Ecologie les Verts (E.E.L.V.), membre du groupe des Verts/ALE.

  • Nora Mebarek pour le Parti socialiste (P.S.), groupe Socialistes & Démocrates (S&D).

La nouvelle répartition entre les différents groupes parlementaires se présentera comme suit :

  • Parti populaire européen (P.P.E.), centre droit : 187 sièges au lieu de 182 ;

  • Socialistes et démocrates (S & D), gauche : 148 sièges contre 154 ;

  • Renaissance Europe (R.E.) libéraux : 97 sièges contre 108 ;

  • Verts/A.L.E. : 67 contre 74 ;

  • Identité et démocratie (I.D), extrême droite: 76 contre 73 ;

  • Conservateurs et réformistes européens (C.R.E.), eurosceptiques de droite : 59 contre 62 ;

  • Gauche unitaire européenne/Gauche nordique (G.U.E./G.N.E.), extrême gauche : 40 contre 41 ;

  • Non-inscrits : 30 contre 56.

Le P.P.E. est le principal bénéficiaire (+5) de cette recomposition, suivi par l’extrême droite I.D. (+3). Les principaux perdants, si l’on met à part les non-inscrits (-26) sont Renaissance Europe (-11), les Verts (-7), S & D (-6), les eurosceptiques C.R.E. (-3) et GUE/GNE (-1).

Rien ne changera pour les vice-présidences ni pour les commissions car les jeux sont déjà faits depuis la mise en place du Parlement européen.

En résumé, nous aurons le 1er février un Parlement européen un peu plus à droite.

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