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Le rebondissement


Dans la précédente Tribune, nous vous avions laissé espérer un rebondissement dans le dernier acte de notre pièce de théâtre européenne. Nos attentes sont comblées !

Dans un premier temps, l'Allemagne, si longtemps frileuse sur le sujet des transferts financiers, et la France annoncent le 18 mai un projet d'aide à la relance économique qui consisterait à permettre à l'Union européenne d'emprunter sur les marchés 500 milliards d'euros. Cet argent transiterait par le budget de l'U.E et serait remboursé par les Etats bénéficiaires par le même canal. Comment peut-on expliquer ce revirement de l'Allemagne ? Certes elle assurera la présidence tournante de l'U.E à partir du 1er juillet mais, surtout, elle ne peut pas laisser s'effondrer ses débouchés commerciaux !

Dans un deuxième temps, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, désinhibée par l'annonce franco-allemande, présente le 27mai un plan de 750 milliards empruntés sur les marchés financiers. Sur ce total, 250 milliards seraient reprêtés, 433 milliards donnés en subventions aux États membres et enfin 67 milliards seraient apportés en garantie à la Banque européenne d'investissement (B.E.I.). Comment serait remboursée cette manne ? Par le budget de l'Union entre 2028 et 2058 ! Comme le budget européen (environ 157 milliards par an) n'a pas l'ampleur nécessaire pour supporter une telle charge, trois solutions seraient proposées : soit l'augmentation des contributions des États membres, soit la réduction des dépenses du budget européen, soit la création d'un impôt européen. Bien sûr, la partie prêtée aux États membres serait remboursée par ceux-ci.

Attention ! Il ne faut pas ajouter les milliards du plan franco-allemand à ceux du plan de la Commission : ce sera l'un ou l'autre !

Mais la pièce n'est pas terminée ; il restera à convaincre les « frugaux » (Autriche, Danemark, Pays-Bas, Suède) qui sont horrifiés devant ces centaines de milliards à distribuer à des pays dont certains sont considérés comme des cigales. Pour les rassurer, la Commission a prévu d'exiger des Etats bénéficiaires un plan d'investissements et de réformes qu'elle devra approuver préalablement.

Rappelons que les États-Unis sont devenus une fédération quand Alexander Hamilton a obtenu du Congrès en 1790 la création d'une dette fédérale. Même si l'histoire ne se répète jamais, elle bégaie parfois !

Frédéric Bourquin, président de la Maison de l'Europe de Nîmes

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