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L’Agence spatiale européenne (ESA) suspend sa coopération avec la Russie

Le 17 mars, en réponse à la guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine, l’ESA (European Space Agency) * a mis fin à sa coopération avec l’agence spatiale russe Roscosmos.

Cela contraint l’ESA à trouver d’autres solutions notamment pour les prochaines missions du programme ExoMars d’exploration de la planète rouge et de son atmosphère.



Initialement ce programme était prévu en coopération avec la NASA américaine, mais il y a 10 ans des difficultés financières ont conduit cette dernière à annuler sa participation. L’ESA s’est alors tournée vers l’agence spatiale russe, chargée de fournir deux lanceurs et divers équipements.

En 2016 ont été lancés, depuis Kourou en Guyane, un orbiteur tournant autour de Mars pour ausculter sa surface et son atmosphère (en particulier des traces de méthane : origine biologique ??) et un « atterrisseur » (si on peut parler d’atterrisseur sur un corps autre que la Terre…).

Le lancement d’une « astromobile » pouvant explorer directement la surface de Mars et prélever et analyser des échantillons était prévu pour septembre cette année. Cette phase est évidemment au mieux retardée, d’autant plus que le lancement était prévu depuis Baïkonour au Kazakhstan et que l’atterrisseur qui devait poser l’astromobile sur Mars était fourni par Roscosmos. En outre, il n’y a une « fenêtre de tir » favorable vers Mars que tous les deux ans. L’ESA ne prévoit donc pas cette mission avant 2026.


L'agence russe Roscosmos avait pris les devants de la rupture dès le 26 février : en riposte aux sanctions européennes annoncées contre la Russie, elle avait suspendu les activités de son lanceur Soyouz sur la base européenne de Kourou. Une petite centaine de ses ingénieurs et techniciens installés à Kourou avaient alors regagné la Russie.

Toutes les missions de l'ESA reposant sur l'utilisation du lanceur Soyouz sont donc elles aussi suspendues.

L’agence européenne envisage bien sûr d’avoir recours au futur lanceur lourd européen Ariane 6, successeur d’Ariane 5. Le premier vol d’Ariane 6 est prévu cette année, ce sera un vol d’essai sans charge commerciale. Arianespace a évidemment d’autres lancements avec Ariane 6 à son agenda, d’autant plus qu’elle vient de signer un contrat de 18 lancements sur 3 ans avec Amazon, qui veut constituer une constellation de petits satellites pour les transmissions de données à très haut débit. Il faudra donc trouver une place dans le calendrier des lancements d’Ariane 6, et la cadence de fabrication et de mise sur le pas de tir des fusées n’est pas celle des fabricants de voitures !!

Point positif, pour le moment les conséquences de la guerre en Ukraine n’ont pas atteint la Station spatiale internationale (ISS) : la NASA indique que les États-Unis et la Russie travaillent toujours ensemble "pacifiquement" dans l'ISS où les "équipes se parlent toujours"… mais elle précise travailler sur des solutions pour maintenir la Station en orbite sans avoir recours à la Russie.

* L’ESA rassemble 22 États européens : les 27 États membres de l’UE sauf 7 d’entre eux (Bulgarie - Chypre - Lettonie - Lituanie - Malte - Slovaquie - Slovénie) plus la Norvège et le Royaume-Uni. Elle couvre l’ensemble du domaine spatial civil. Son siège est à Paris et elle a des établissements aux Pays-Bas et en Allemagne. Les travaux de recherche et le développement des engins spatiaux sont confiés sur appels d'offres aux universités, instituts et industriels des pays membres.

Jean-Jacques SMEDTS



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